Tout comprendre sur la Toussaint en six points
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Tout comprendre sur la Toussaint en six points
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Par Loïc Druenne - publié le 30/10/2017
Fête de tous les saints, des morts ou des vivants, la charnière entre les mois d'octobre et de novembre fait l'objet d'explications qui peuvent parfois sembler contradictoires. Que fête-t-on exactement, à quel moment et pourquoi ? Explications.
« La Toussaint honore [...] tous les saints connus et inconnus, tous les hommes qui ont été admis dans la béatitude divine », peut-on lire dans Théo, l'encyclopédie catholique pour tous (éditions Mame). Les chrétiens ont toujours prié pour leurs morts. Saint Augustin reçut ainsi de sa mère mourante la mission de prier pour elle en tous temps – c'était au IVe siècle. En se souvenant des morts, les chrétiens commémorent leurs prédécesseurs. Les saints sont honorés dans leur relativité : ce sont des humains, et non des dieux. Tous les êtres humains étant appelés à devenir saints, la Toussaint célèbre donc, par extension, l'ensemble de ceux qui recherchent sincèrement Dieu – chrétiens ou non. Le jour de la Toussaint, il ne s'agit pas seulement de fêter les saints qui ne sont pas célébrés un jour particulier de l'année, mais l'ensemble de tous les saints, connus ou non.
« Par cette fête, l'Église propose à ses membres d'honorer la foule innombrable de ceux qui, ayant achevé leur parcours terrestre, partagent désormais la vie, le bonheur, la sainteté de Dieu. Ils sont infiniment plus nombreux que ceux que l'Église, après avoir béatifiés ou canonisés, honore nommément comme des témoins exemplaires de la foi », précise Théo.
La Toussaint, à l'inverse de Noël, Pâques ou l'Ascension, n'a pas de fondement biblique. Elle est issue de la tradition chrétienne, elle-même influencée par plusieurs autres coutumes et fait appel à une dimension quasi-universelle des sociétés : celle du souvenir des défunts. À ce sujet, le Concile Vatican II (1962-1965) a précisé : « La foi […] nous offre la possibilité d'une communion dans le Christ avec nos frères bien-aimés qui sont déjà morts, en nous donnant l'espérance qu'ils ont trouvé près de Dieu la véritable vie » .
La Toussaint est une fête chrétienne, à la fois orthodoxe et catholique. Les protestants, qui ne vouent aucun culte aux saints, ne la célèbrent pas. Dans le monde orthodoxe, la Toussaint est fêtée le premier dimanche après la Pentecôte, soit à une date variable. Ce choix est symbolique : pour atteindre la sainteté, il faut d'abord recevoir le Saint-Esprit. Chez les catholiques, cependant, la Toussaint n'est plus célébrée à cette date depuis le VIIe siècle. À cette époque, alors que les invasions barbares ravagent l'Europe, le pape Boniface IV prend l'initiative de rassembler dans le Panthéon de Rome les restes des martyrs enterrés aux environs. Le 13 mai 609, le Panthéon est consacré, devenant l'église Sainte-Marie-aux-Martyrs, et la commémoration de l'événement devient alors pendant plusieurs dizaines d'années la date usuelle de commémoration des martyrs – et, par extension, des saints. Cependant, un peu plus d'un siècle plus tard, le pape Grégoire III déplace à son tour la fête de la Toussaint au 1er novembre, en commémoration de la consécration, dans la basilique Saint-Pierre de Rome, d'une chapelle dédiée à tous les saints.
Depuis lors, la date n'a plus changé. La commémoration se répand peu à peu : Louis le Pieux, fils de Charlemagne, l'impose à son empire en 833, et la fête de la Toussaint devient officielle à Rome au Xe siècle.
Une autre raison est parfois évoquée pour justifier le choix de cette date. Selon l'historien Philippe Walter, le début de notre mois de novembre correspond au moment où les Celtes fêtaient le début de leur nouvelle année, lors d'une fête du nom de Samhain. À cette occasion, les Gaulois organisaient de grandes fêtes, au cours desquelles il était commun de penser que les ancêtres festoyaient et dansaient avec eux. En plaçant la Toussaint à ce moment, l'Empire carolingien, puis l'Église, s'approprièrent progressivement le sens et les festivités de cet événement païen.
Les trois fêtes, consécutives, sont porteuses de sens distincts mais liés. Halloween serait l'héritage de la fête celtique de Samhain, importée en Amérique par des Irlandais. Cette fête avait lieu la veille ( eve, even) de la Toussaint (tous les saints, all hallows ), d’où son nom d'Halloween : all-hallows-even. L'hypothèse est cependant de plus en plus controversée, certains mouvements nationalistes irlandais se l'étant probablement appropriée comme une « gloire nationale ». Le côté laïque et voué à l’épouvante de la célébration s’est développé au fil des années, au point que dans certaines régions du monde, cette fête a tendance à éclipser la Toussaint.
Le jour des morts, quant à lui, a des origines plus diverses. Il fut officialisé au XIe siècle après la décision d’Odilon, abbé de Cluny, en 998, de commémorer les défunts tout en gardant la Toussaint comme fête des saints et non des morts. Cluny étant à cette époque à la tête de plus de 1000 monastères à travers l'Europe, l'usage s'en répandit rapidement. Le choix du 2 novembre ne tient pas du hasard : pour l'Église catholique, il s'agit, le lendemain de la célébration de tous les saints, de rendre hommage aux morts qui ne sont « pas encore » saints. Les deux fêtes ont cependant tendance à se confondre dans la conception populaire, de sorte que les deux jours voient une affluence exceptionnelle dans les cimetières. Selon le moine Christian de Chergé, cette confusion n'est cependant pas une mauvaise chose et correspondrait même à «l'instinct de la foi», les morts étant, eux aussi, appelés à devenir saints. Les orthodoxes ne célèbrent pas le jour des morts.
Le jour de la Toussaint, précédé depuis 1480 par une octave (une série de huit jours de préparation à la fête), ainsi que le jour suivant, la plupart des croyants se rendent au cimetière, sur les tombes de leurs proches. Les sépultures sont nettoyées, entretenues et décorées de fleurs. Cependant, depuis quelques dizaines d'années, la dispersion des familles et la diminution de la pratique religieuse font drastiquement diminuer cette habitude. Certaines personnes perpétuent néanmoins la tradition au nom d'un respect pour la famille et de la dignité humaine.
Au XVe siècle, des dominicains de Valence, en Espagne, ont pris l'habitude de célébrer trois messes le jour de la Toussaint, afin d'approfondir la prière. Cette pratique facultative s'est peu à peu répandue avant d'être officiellement rendue possible (mais toujours pas obligatoire) par le pape Benoît XV en 1915. De nos jours, l’usage est presque abandonné. De même, la célébration de messes pour les défunts en échange d'une contribution financière des familles a été fortement critiquée par Martin Luther à la naissance de la Réforme protestante en 1517, puis partiellement réglementée par le Concile de Trente (1545-1563). Les pratiques relatives à la prière pour les défunts ont évolué sans jamais disparaître.
Au Mexique, les deux premiers jours de novembre sont los díos de los muertos, les jours des morts. Loin d'être une célébration triste et morne, c’est l'occasion de se retrouver avec joie, vivants et morts, et de se moquer de la mort elle-même. Les familles se réunissent dans les cimetières, sur les tombes de leurs proches disparus, et y dégustent un repas festif à la lumière des bougies. Selon la tradition, les prêtres ne peuvent participer aux célébrations. Ces rituels trouvent leurs origines à la fois dans les traditions aztèques et chez les premiers colons espagnols. Les Aztèques ayant l'habitude de fêter les défunts enfants et adultes à environ vingt jours d'intervalle, les Espagnols ont préféré déplacer ces deux dates au 1er et 2 novembre plutôt que d'éradiquer les traditions préexistantes.
Fête de tous les saints, des morts ou des vivants, la charnière entre les mois d'octobre et de novembre fait l'objet d'explications qui peuvent parfois sembler contradictoires. Que fête-t-on exactement, à quel moment et pourquoi ? Explications.
Quelle est la symbolique de la Toussaint ?
« La Toussaint honore [...] tous les saints connus et inconnus, tous les hommes qui ont été admis dans la béatitude divine », peut-on lire dans Théo, l'encyclopédie catholique pour tous (éditions Mame). Les chrétiens ont toujours prié pour leurs morts. Saint Augustin reçut ainsi de sa mère mourante la mission de prier pour elle en tous temps – c'était au IVe siècle. En se souvenant des morts, les chrétiens commémorent leurs prédécesseurs. Les saints sont honorés dans leur relativité : ce sont des humains, et non des dieux. Tous les êtres humains étant appelés à devenir saints, la Toussaint célèbre donc, par extension, l'ensemble de ceux qui recherchent sincèrement Dieu – chrétiens ou non. Le jour de la Toussaint, il ne s'agit pas seulement de fêter les saints qui ne sont pas célébrés un jour particulier de l'année, mais l'ensemble de tous les saints, connus ou non.
« Par cette fête, l'Église propose à ses membres d'honorer la foule innombrable de ceux qui, ayant achevé leur parcours terrestre, partagent désormais la vie, le bonheur, la sainteté de Dieu. Ils sont infiniment plus nombreux que ceux que l'Église, après avoir béatifiés ou canonisés, honore nommément comme des témoins exemplaires de la foi », précise Théo.
La Toussaint dans les textes
La Toussaint, à l'inverse de Noël, Pâques ou l'Ascension, n'a pas de fondement biblique. Elle est issue de la tradition chrétienne, elle-même influencée par plusieurs autres coutumes et fait appel à une dimension quasi-universelle des sociétés : celle du souvenir des défunts. À ce sujet, le Concile Vatican II (1962-1965) a précisé : « La foi […] nous offre la possibilité d'une communion dans le Christ avec nos frères bien-aimés qui sont déjà morts, en nous donnant l'espérance qu'ils ont trouvé près de Dieu la véritable vie » .
Quand et par qui la Toussaint est-elle fêtée ?
La Toussaint est une fête chrétienne, à la fois orthodoxe et catholique. Les protestants, qui ne vouent aucun culte aux saints, ne la célèbrent pas. Dans le monde orthodoxe, la Toussaint est fêtée le premier dimanche après la Pentecôte, soit à une date variable. Ce choix est symbolique : pour atteindre la sainteté, il faut d'abord recevoir le Saint-Esprit. Chez les catholiques, cependant, la Toussaint n'est plus célébrée à cette date depuis le VIIe siècle. À cette époque, alors que les invasions barbares ravagent l'Europe, le pape Boniface IV prend l'initiative de rassembler dans le Panthéon de Rome les restes des martyrs enterrés aux environs. Le 13 mai 609, le Panthéon est consacré, devenant l'église Sainte-Marie-aux-Martyrs, et la commémoration de l'événement devient alors pendant plusieurs dizaines d'années la date usuelle de commémoration des martyrs – et, par extension, des saints. Cependant, un peu plus d'un siècle plus tard, le pape Grégoire III déplace à son tour la fête de la Toussaint au 1er novembre, en commémoration de la consécration, dans la basilique Saint-Pierre de Rome, d'une chapelle dédiée à tous les saints.
Depuis lors, la date n'a plus changé. La commémoration se répand peu à peu : Louis le Pieux, fils de Charlemagne, l'impose à son empire en 833, et la fête de la Toussaint devient officielle à Rome au Xe siècle.
Une autre raison est parfois évoquée pour justifier le choix de cette date. Selon l'historien Philippe Walter, le début de notre mois de novembre correspond au moment où les Celtes fêtaient le début de leur nouvelle année, lors d'une fête du nom de Samhain. À cette occasion, les Gaulois organisaient de grandes fêtes, au cours desquelles il était commun de penser que les ancêtres festoyaient et dansaient avec eux. En plaçant la Toussaint à ce moment, l'Empire carolingien, puis l'Église, s'approprièrent progressivement le sens et les festivités de cet événement païen.
Y a-t-il un lien entre Halloween, la Toussaint et le jour des morts ?
Les trois fêtes, consécutives, sont porteuses de sens distincts mais liés. Halloween serait l'héritage de la fête celtique de Samhain, importée en Amérique par des Irlandais. Cette fête avait lieu la veille ( eve, even) de la Toussaint (tous les saints, all hallows ), d’où son nom d'Halloween : all-hallows-even. L'hypothèse est cependant de plus en plus controversée, certains mouvements nationalistes irlandais se l'étant probablement appropriée comme une « gloire nationale ». Le côté laïque et voué à l’épouvante de la célébration s’est développé au fil des années, au point que dans certaines régions du monde, cette fête a tendance à éclipser la Toussaint.
Le jour des morts, quant à lui, a des origines plus diverses. Il fut officialisé au XIe siècle après la décision d’Odilon, abbé de Cluny, en 998, de commémorer les défunts tout en gardant la Toussaint comme fête des saints et non des morts. Cluny étant à cette époque à la tête de plus de 1000 monastères à travers l'Europe, l'usage s'en répandit rapidement. Le choix du 2 novembre ne tient pas du hasard : pour l'Église catholique, il s'agit, le lendemain de la célébration de tous les saints, de rendre hommage aux morts qui ne sont « pas encore » saints. Les deux fêtes ont cependant tendance à se confondre dans la conception populaire, de sorte que les deux jours voient une affluence exceptionnelle dans les cimetières. Selon le moine Christian de Chergé, cette confusion n'est cependant pas une mauvaise chose et correspondrait même à «l'instinct de la foi», les morts étant, eux aussi, appelés à devenir saints. Les orthodoxes ne célèbrent pas le jour des morts.
Que fait-on à l'occasion de la Toussaint ?
Le jour de la Toussaint, précédé depuis 1480 par une octave (une série de huit jours de préparation à la fête), ainsi que le jour suivant, la plupart des croyants se rendent au cimetière, sur les tombes de leurs proches. Les sépultures sont nettoyées, entretenues et décorées de fleurs. Cependant, depuis quelques dizaines d'années, la dispersion des familles et la diminution de la pratique religieuse font drastiquement diminuer cette habitude. Certaines personnes perpétuent néanmoins la tradition au nom d'un respect pour la famille et de la dignité humaine.
Au XVe siècle, des dominicains de Valence, en Espagne, ont pris l'habitude de célébrer trois messes le jour de la Toussaint, afin d'approfondir la prière. Cette pratique facultative s'est peu à peu répandue avant d'être officiellement rendue possible (mais toujours pas obligatoire) par le pape Benoît XV en 1915. De nos jours, l’usage est presque abandonné. De même, la célébration de messes pour les défunts en échange d'une contribution financière des familles a été fortement critiquée par Martin Luther à la naissance de la Réforme protestante en 1517, puis partiellement réglementée par le Concile de Trente (1545-1563). Les pratiques relatives à la prière pour les défunts ont évolué sans jamais disparaître.
La Toussaint et la fête des morts au Mexique
Au Mexique, les deux premiers jours de novembre sont los díos de los muertos, les jours des morts. Loin d'être une célébration triste et morne, c’est l'occasion de se retrouver avec joie, vivants et morts, et de se moquer de la mort elle-même. Les familles se réunissent dans les cimetières, sur les tombes de leurs proches disparus, et y dégustent un repas festif à la lumière des bougies. Selon la tradition, les prêtres ne peuvent participer aux célébrations. Ces rituels trouvent leurs origines à la fois dans les traditions aztèques et chez les premiers colons espagnols. Les Aztèques ayant l'habitude de fêter les défunts enfants et adultes à environ vingt jours d'intervalle, les Espagnols ont préféré déplacer ces deux dates au 1er et 2 novembre plutôt que d'éradiquer les traditions préexistantes.
Invité- Invité
Re: Tout comprendre sur la Toussaint en six points
On se rappellera que les défunts ont laissé ici-bas leur enveloppe charnelle, mais vivent dans la sphère spirituelle ; les saints sont proclamés tels après avoir opéré deux miracles après leur mort : l'Eglise catholique leur reconnaît donc le pouvoir d'agir dès leur passage, pour les autres c'est moins clair. Il y a, à bien y regarder, une solidarité entre les "morts" et les vivants, chacun pouvant intercéder pour l'autre, car le Visible et l'Invisible s'interpénètrent, c'est le mystère de la communion entres tous les êtres de Dieu. Ce que l'on exprime parfois à l'Eglise catholique en chantant l'émouvante litanie des saints.
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