Manuscrit retrouvé sur St François
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Manuscrit retrouvé sur St François
http://www.archivesfranciscaines.fr/index.php/actualites/item/2015-01-nouveau-manuscrit-decouvert-de-celano-vie-de-saint-francoisC’est un recueil à peine plus grand qu’un paquet de cigarettes, mal ficelé, dépenaillé, sans couverture. Cent vingt-deux feuillets d’un mauvais parchemin, couverts de caractères latins minuscules et partiellement effacés.
Autant dire un ouvrage à la limite du déchiffrable. Vendredi 16 janvier, à la séance hebdomadaire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, sa présentation a pourtant suscité l’enthousiasme de l’aréopage d’historiens réunis pour l’occasion (...)
C’est qu’on ne retrouve pas tous les jours une Vie inédite de François d’Assise ! Encore moins rédigée par son premier biographe, Thomas de Celano, dans l’Italie du début du XIIIe siècle (...)
La «question franciscaine »? Voilà qui ne dira pas grand-chose au néophyte. Pour les experts, il s’agit d’une affaire cruciale. L’enjeu ? Ni plus ni moins que de déterminer sur quelles bases fiables écrire la vie de ce fils de marchand italien, né en 1181 à Assise, mort en 1226, fondateur de l’ordre des Frères mineurs (ou ordre franciscain), chantre de la fraternité universelle et de l’absolue pauvreté.
Car les écrits de Bonaventure, nommé ministre général des franciscains en 1257 et chargé quelques années plus tard de rédiger une biographie du saint patron des animaux, sont à la vie de François ce que les Evangiles sont à la vie de Jésus : une version officielle enrichie de merveilleux, rédigée sur la base de légendes se recopiant les unes les autres. Le tout dans un but précis : conceptualiser le franciscanisme tout en s’efforçant de maintenir la cohésion au sein de la communauté, rongée par des dissensions entre défenseurs de la pureté des origines et partisans d’une vision plus conventuelle et cléricale.
Pour cerner la vraie vie de François d’Assise, pour approcher au plus près le sens de son action et de son expérience, il faut se tourner vers son premier biographe : Thomas de Celano, qui le connut personnellement. En 1228, année de la canonisation de François, ce religieux franciscain au remarquable talent de conteur est chargé par le pape Grégoire IX de réaliser sa biographie : c’est la Vita prima. A la demande du chapitre général, il rédige vers 1246-1247 une nouvelle vie de saint François : la Vita secunda, plus décousue que la première, bien qu’intégrant des détails et des faits nouveaux.
Des écrits d’une valeur historique considérable, mais dont seules quelques dizaines d’exemplaires nous sont parvenus. En 1266, trois ans après que Bonaventure eut présenté sa propre biographie, le chapitre général de Paris ordonne en effet la destruction de toutes les Vie de François d’Assise à l’exception de cette dernière, déclarée la seule authentique et digne de foi.
UneVita prima en 1228, unesecunda près de vingt ans plus tard… Entre les deux, rien. Ou un maillon manquant ? Ce texte qu’on ne connaîtrait pas encore, qui pourrait résoudre une partie des questions laissées en suspens sur la vie du Poverello, Jacques Dalarun a l’intime conviction de son existence depuis 2007. Cette année-là, il est en effet parvenu à déchiffrer et à reconstituer, à l’aide de manuscrits épars, une légende de saint François contant les deux dernières années de sa vie : un texte qu’il nommeLégende ombrienne, qu’il attribue à Thomas de Celano, et dont la rédaction se situe entre 1237 et 1239.
Intrigué par le fait qu’il commence à la stigmatisation de François sur l’Alverne (1224) et non à sa naissance, le médiéviste soupçonne que ce récit est le fragment d’un texte plus important. Voire – sait-on jamais ? – d’une nouvelleVie du bienheureux François… Celle-là même qui est au cœur du précieux manuscrit dont la BNF est désormais détentrice (...)
Tous attendent désormais les résultats du petit groupe de travail que la BNF et l’IRHT ont décidé de monter, pour tirer tout le miel possible de ce trésor sorti de l’oubli.
Car ce petit volume ne contient pas qu’une nouvelle Vie de Thomas de Celano, d’ores et déjà déchiffrée et traduite par Jacques Dalarun. Loin de là! La légende n’occupe qu’un huitième du recueil. Le reste, non encore étudié, comprend – entre autres – divers florilèges, des collections de sermons, les Admonitions de François d’Assise et un commentaire du Pater noster.
L’ensemble, dont l’origine italienne«ne fait paléographiquement aucun doute»,a été produit par une équipe de scribes œuvrant dans la décennie 1230. « Tout indique donc que ce manuscrit, sorte de petite bibliothèque portative, provient d’un couvent franciscain d’Italie centrale proche d’Assise. Qui était le Frère mineur qui avait ce codex dans la poche de sa tunique ? A quoi servait-il ? A la prédication ? A recueillir la mémoire de Frère François ? »,s’interroge Jacques Dalarun. Le groupe de travail qu’il a constitué se donne deux ans, « avec cinq ou six très bons spécialistes des différents types de littérature présents dans le manuscrit,pour le laisser accoucher de sa vérité »
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Re: Manuscrit retrouvé sur St François
http://www.freres-capucins.fr/Entretien-avec-Jacques-Dalarun-Le-1036.html(...) Un livre qui est passé inobservé pendant très longtemps et qui est resté intact jusqu’à nous, peut-être précisément en raison de sa pauvreté : il s’agit d’un petit codex « franciscain au sens littéral, humble et pauvre, sans décoration ou enluminures » nous explique de Paris l’auteur de la découverte, le médiéviste Jacques Dalarun, à qui nous avons demandé de nous raconter les détails d’une recherche passionnante et pleine de surprises comme un roman policier paléographique. « C’est un résumé, écrit sur une période de temps qui va de 1232 à 1239, de la première version de la Légende, considérée trop longue par ses contemporains, mais pas seulement : de nouveaux éléments sont ajoutés et, en lisant avec attention, il apparaît de manière évidente que la réflexion de l’auteur également s’est considérablement approfondie dans le temps, en particulier sur les thèmes de la pauvreté et de l’amour pour les créatures. Tommaso de Celano était un homme très profond et il n’a jamais cessé de réfléchir sur l’enseignement de François. Dans un certain sens, on pourrait dire que le biographe, au fil des années, comprend... qu’il n’a pas véritablement compris le message de François. De l’avoir raconté mais pas réellement compris. Et il s’agit d’un ample texte : l’édition latine est composée d’environ soixante feuillets. De nombreux commentaires contenus dans la première version ont été éliminés, et l’on trouve certains nouveaux points. L’on souligne beaucoup plus l’aspect concret de l’expérience de la pauvreté, de l’experiri paupertatem non pas dans le sens symbolique, allégorique ou seulement spirituel, mais réel : cela signifie revêtir les mêmes vêtements et manger la même nourriture que les pauvres. Et l’on approfondit le thème de la fraternité avec toute la création » (...)
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Re: Manuscrit retrouvé sur St François
Oui, Ren, j'avais vu cela aussi. Je n'avais pas réagi, mais c'est très intéressant bien entendu !
Roque- Messages : 5064
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