Décès de Rav Ovadya Yossef
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Décès de Rav Ovadya Yossef
http://www.fait-religieux.com/ovadia-yossef-le-plus-influent-rabbin-d-israel-est-mortConsidéré comme le rabbin le plus influent d'Israël, Ovadia Yossef, 93 ans, chef spirituel du parti ultraorthodoxe sépharade Shass, est mort lundi 7 octobre (...) Son décès a provoqué une onde de choc en Israël. Tous les médias ont interrompu leurs programmes pour relater l'événement. L'enterrement doit avoir lieu en fin de journée à Jérusalem. Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a publié un communiqué diffusé par la radio militaire et dans lequel il exprime sa «tristesse» pour la disparition de ce «géant de la Torah». Le président Shimon Peres s'est rendu à l'hôpital à son chevet après avoir interrompu une rencontre avec le président tchèque Milos Zeman (...)
L'ancien grand rabbin d'Israël d'origine irakienne, reconnaissable à sa toge noire brodée d'or et ses lunettes fumées s'est d'abord imposé comme l'une des principales autorités dans le domaine de la Halakha (loi juive) et des études talmudiques. Né à Bagdad en 1920, celui qui immigre avec sa famille en Palestine sous mandat britannique à l'âge de quatre ans, gravit tous les échelons de la carrière rabbinique. A 20 ans, il est envoyé en 1947 au Caire où il va diriger le tribunal rabbinique jusqu'en 1950, deux ans après la création d'Israël. Nommé grand rabbin de Tel-Aviv en 1968, il se consacre aussi à l'écriture d'ouvrages de jurisprudence religieuse, devenant l'une des plus importantes autorités contemporaines, respecté par l'ensemble des communautés juives dans le monde. Auteur prolifique de 39 livres, il reçoit en 1970 le Prix d'Israël pour l'ensemble de son œuvre. Il occupe le poste de juge d'un tribunal religieux de Jérusalem, avant d'être élu Grand rabbin sépharade d'Israël en 1973.
Sur le plan religieux, le rabbin Ovadia Yossef a redonné un sentiment de fierté aux sépharades, les juifs orientaux qui représentent environ la moitié de la population. Ces derniers ont longtemps été en butte aux discriminations de la part de l'establishment ashkénaze, originaire d'Europe de l'Est, y compris dans le monde ultra-orthodoxe. Depuis trois décennies, Ovadia Yossef sert surtout de leader spirituel au parti ultrareligieux séfarade Shaas (créé en 1984), associé à la plupart des coalitions au pouvoir à l'exception notable de l'actuelle configuration politique sortis des urnes en janvier dernier (...)
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Re: Décès de Rav Ovadya Yossef
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/10/07/ovadia-yossef-le-plus-influent-rabbin-d-israel-est-mort_3491284_3218.htmlIl est difficile, à l'extérieur d'Israël et du monde juif, de mesurer l'influence dont jouissait Ovadia Yossef (...)
A la suite de la guerre du Kippour, en 1973, il prononcera un jugement permettant aux épouses des soldats tués pendant le conflit de se remarier après plusieurs années de veuvage. En 1990, alors que le gouvernement de coalition mêlant le parti travailliste et le Likoud (droite) était divisé sur la question du retrait des territoires palestiniens, le "Rav" estimera que, dans le judaïsme, la protection de la vie humaine est primordiale, ce qui était une manière de se prononcer en faveur d'un accord de paix avec les Palestiniens. Il confirmera cette position en 1993 en demandant aux députés Shas à la Knesset (Parlement israélien) de ne pas voter contre les accords d'Oslo.
Cette ligne politique s'est cependant nettement inversée au cours des dix dernières années, Shass s'ancrant à droite et devenant un des hérauts du camp nationaliste. Quant à son chef spirituel, il a plus d'une fois fait naître la polémique par ses jugements provocateurs, foncièrement conservateurs et misogynes. Son affirmation selon laquelle les six millions de juifs disparus au cours de la Shoah sont morts parce qu'ils avaient des âmes de pécheurs avait fait scandale, de même que ses propos sur les "Arabes qui pullulent dans la Vieille ville de Jérusalem comme des fourmis" ou son jugement selon lequel "une femme sans fils ne vaut rien"
En août 2012, Ovadia Yossef, dont les sermons hebdomadaires dans une synagogue de Jérusalem étaient retransmis dans nombre de communautés juives à travers le monde, avait assuré que les juifs devaient prier pour l'anéantissement de l'Iran (...)
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Re: Décès de Rav Ovadya Yossef
http://www.terredisrael.com/infos/rabbin-obadya-yossef-fin-dun-mythe/Hervé-Elie Bokobza a écrit:Le Rabbin Obadya Yossef (1920-2013), qui vient de disparaître, était véritablement une encyclopédie vivante. Certainement l’un des rabbins qui a le plus produit dans le judaïsme. Il était alors encore un jeune homme lorsqu’il publia ses premiers ouvrages, et il a continué à produire jusque ses derniers jours. Il serait trop long de détailler l’ampleur de son savoir. Quelles que soient les critiques qu’on peut avoir sur le personnage, aussi véhémentes soient-elles, il est clair qu’il était un monument de la connaissance juive et qu’à ce stade il mérite toute notre attention.
Après avoir côtoyé plus d’une vingtaine d’années le monde de la Torah, années durant lesquelles j’ai eu la chance de rencontrer des maîtres, qui comptent parmi les plus grands de notre époque – la plupart ne sont plus de ce monde –, je peux affirmer sans aucune exagération que sous un certain aspect aucun d’entre eux n’a pu susciter autant l’admiration. Rav Obadya Yossef était ce qu’on peut appeler un vrai panier plein de livres, au sens le plus abouti. Plus de cinquante pour cent des œuvres qu’il mentionne dans ses ouvrages sont quasiment inconnus même des plus grands érudits.
Je me souviens lorsque j’étudiais à la yéchiva j’entretenais une étude régulière sur ses livres, j’avais alors un cahier dans lequel je notais mes vives interrogations sur ses écrits. J’ai très vite compris l’absurdité de ma démarche. Non que j’aie pu trouver des réponses à mes questions, j’ai simplement vite réalisé que la Torah ne saurait servir d’instrument juste dans le but de détruire les arguments de l’autre et à plus forte raison lorsqu’on a affaire à un monument halakhique tel que lui. Certes aucun auteur n’est infaillible ; «si un élève n’est pas d’accord avec son maître, disent les sages, il lui est interdit de se taire», mais on ne peut systématiser une démarche qui aurait pour objet de chercher la faille chez l’autre en le croyant incapable de justifier son propos sans tenir compte de son immense érudition.
Aussi on ne peut réduire le personnage uniquement au champ politique et occulter le bien qu’il a pu aussi apporter au peuple juif, principalement en matière de législation rabbinique (...) Il savait apporter des permissions entièrement fondées sur la halakha jusque dans les situations les plus complexes.
Pour le Talmud, en effet, il y a un plus grand mérite à permettre qu’à interdire. Car, nous dit Rachi, lorsqu’un sage interdit il n’a pas besoin de justifier son propos autant que lorsqu’il permet. Dans ce dernier cas il lui faudra alors démontrer son argumentation sur des bases solides. Et c’est surtout ici qu’excellait l’auteur du Yabia Omer (...)
Le Talmud cherche à savoir ce qui est le plus important (...) Sa conclusion est que même s’il est nécessaire de maîtriser en profondeur les sujets, ce qui permet d’éviter les contresens, rien ne vaut l’étendue du savoir : car «on a tous besoin de celui qui détient la farine». Le Rav Obadya Yossef n’était certes pas en reste pour ce qui est de l’approfondissement des textes, mais c’est bien davantage en matière d’érudition pure qu’il s’est démarqué de ses contemporains (...)
Les sages disent : que «si les anciens sont des fils d’anges, nous sommes des fils d’hommes. S’ils sont des fils d’hommes, c’est que nous ne sommes que des ânes». Le Rav Simha Elberg (1911-1996) disait que si la providence a permis que se chevauchent les générations entre elles c’est afin de nous montrer par l’exemple de nos anciens une idée de ce qu’étaient les maîtres des siècles passés. Même si ça peut paraître étonnant il suffit d’un œil avisé pour se rendre compte d’à quel point cette assertion est juste. Il est en effet impossible de comparer les sages des quelques générations précédentes à ceux de notre époque. Il est clair par exemple, à moins d’un miracle, le peuple juif ne produira plus un Maïmonide, un gaon de Vilna, un Baal Hatanya, un Rav Haïm de Brisk etc…, il ne s’agit pas de dénigrer les contemporains mais de bien comprendre que si la connaissance va au fur et à mesure des années en s’augmentant c’est justement parce que l’accès au savoir est facilité, mais pas qu’on a gagné en subtilité intellectuelle, bien au contraire. C’est pour cette raison que, paradoxalement, il devient de plus en plus difficile de tirer son épingle du jeu sur le terrain des connaissances. Ceci est d’autant plus vrai à l’aune d’internet où les sources sont devenues accessibles y compris aux non initiés, et ce, pas toujours pour la meilleure des causes.
C’est pourquoi de nos jours la qualité d’un érudit ne s’exprime pas tant dans le fait d’être un panier plein de livres, comme c’était le cas avant, mais dans le fait de bien saisir le sens des sujets étudiés, et d’être capable d’innover à savoir de produire du hidoush dans l’enseignement de la Torah. Ainsi il faut admettre que sur le terrain de la profondeur il y eut dans les dernières décennies des érudits capables d’apporter un éclairage réellement nouveau dans l’enseignement rabbinique, avec une subtilité intellectuelle hors du commun. On peut citer sur ce registre la subtilité intellectuelle d’un Ravde Brisk, ou plus récemment du Rav Moshé Feinstein, ou du Rabbi de Loubavitch,la liste n’est pas exhaustive. Aussi même si nous l’avons dit le Rav Obadya Yossef n’était pas démunis d’une certaine profondeur, c’est surtout sur l’étendue de l’érudition qu’il s’est particulièrement fait remarquer. À l’instar de ce que nous dit le Talmud : «Un disciple des sages c’est celui qui est capable de répondre à une question posée sur n’importe quel sujet, y compris sur le traité talmudique de la fiancée», traité que personne n’a l’habitude d’étudier.
Et même si on a émis des réserves sur le personnage notamment depuis sa contribution dans la politique israélienne et surtout dans certaines de ses dérives verbales qui ont défrayé la chronique, il n’est ni le lieu ni l’heure de nous attarder sur ce point, il n’en demeure pas moins que cet homme était certainement la dernière image qui restait au peuple juif des grands d’Israël. Une époque qui avec lui, signe sa fin, comme si nous devions tourner la page d’un univers définitivement révolu (...)
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