Gamâl al-Banna
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Gamâl al-Banna
Le grand-oncle de T.Ramadan est mort il y a peu...
http://www.lescahiersdelislam.fr/Mort-du-theologien-Gamal-al-Banna-rappel-de-sa-position-sur-le-rapport-raison-Revelation_a210.htmlGamâl al-Banna (جمال البنا), théologien égyptien, né le 15 décembre 1920 et mort le 30 janvier 2013. Certes beaucoup annoncent sa mort en rappelant qu’il était le «frère de Hassan al-Banna», mais, il faut rappeler, Gamâl ne cessait d’insister sur son propre cheminement, sa propre voie/voix (...) Lui qui disait, pour justifier sa promotion d’une «théologie de liberté» : “En islam, l’homme compte plus que le texte sacré” (...) Il rejoignait M. Iqbal (m.1905) pour qui la «liberté est mouvement» perpétuel vers le Créateur Suprême, La Destination ultime de toute chose. Pour Gamâl al-Banna, la pensée islamique avait finie par trahir cette vision libératrice, qui se trouve au cœur même du message coranique (...)
Le discours de Gamâl al-Banna, pas seulement sur la question de la liberté mais aussi sur celle du rapport entre « raison et Révélation », sur le patrimoine intellectuel et spirituel de l’islam, sur…etc., est resté un discours minoritaire et isolé en Égypte mais aussi dans le reste du monde islamique (...) Sur, par exemple, la question du rapport entre « raison et Révélation », Gamâl al-Banna n’y va pas par quatre chemins, pour lui le dernier mot revient toujours à la raison. Le Texte ne s’impose pas à la raison, au contraire, la Révélation a besoin de l’intelligence des hommes pour être incarnée dans la vie réelle (...)
on peut lire ses mots de Gamâl al-Banna sur les ambitions d’une nouvelle jurisprudence qui «viserait non seulement à réhabiliter la raison mais aussi à lui ménager un statut égal à celui du texte révélé “ parce que la raison est également un don de Dieu, une forme de révélation ” et qu'à ce titre, il serait absurde de supposer qu'elle puisse entrer en contradiction avec la parole divine» et Mouna A. Akouri, spécialiste de la pensée de Gamâl al-Banna, ajoutait : «Le fiqh nouveau viserait donc à libérer l'esprit de l'hégémonie du “ texte ” saisi dans son sens étroit de moule imposé au vivant, et à lui faire prendre conscience de son autonomie et du capital dont il dispose pour poser les bases de la connaissance. Le texte devient alors fonctionnel dans une démarche cognitive à laquelle participe pleinement la raison» (...)
http://oumma.com/15649/mort-de-gamal-al-banna(...) Gamal Al-Banna était un auteur prolifique, partisan d'un profond renouveau de l'islam. Ses prises de positions étaient cependant loin de faire l'unanimité auprès notamment de certains Oulamas de l'université al-Azhar. Il estimait notamment que le Coran ne recommande pas le port du voile, mais insiste plutôt sur la décence (la femme devant seulement "cacher sa poitrine"). Il était par ailleurs très critique sur la Sunna (...), affirmant qu'une grande majorité des hadiths a été attribuée à tort au prophète Mohammed (...)
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Re: Gamâl al-Banna
Un article sur Rue89 il y a 6 ans :
http://www.rue89.com/2007/11/22/a-87-ans-gamal-al-banna-veut-toujours-reformer-lislam(...) Lorsqu’il apprend la mort son frère, en 1949, Gamal est en prison, arrêté à la suite d’une vague de répression dans les rangs des Frères musulmans. «Je n’ai jamais fait partie de cette organisation, mais comme j’avais fondé un petit groupe d’action politique, ils en ont profité pour me mettre à l’écart»
Aujourd’hui, il dit entretenir avec lui un rapport «dialectique» et regrette : «S’il avait vécu plus longtemps, la Confrérie ne serait pas ce qu’elle est. Il était épris de justice, elle est avide de pouvoir. Le pouvoir corrompt les idéologies»
Les audaces d’Al-Banna à l’encontre de l’establishment musulman lui valent aussi les foudres répétées d’Al Azhar. En 2000, au nom de «la préservation de la tradition», la plus haute autorité de l’islam sunnite censure son ouvrage «La Responsabilité de l’échec des états islamiques». Il y est question de l’intégration des musulmans dans les sociétés occidentales. «Si une musulmane ressent une gêne dans un pays étranger, mais souhaite se couvrir, elle peut utiliser un chapeau», écrit alors Al-Banna. C’est un tollé. Il répond à ses détracteurs : «Pourquoi les cheikhs d’Al Azhar accepteraient-ils de changer ? Ils jouissent d’une telle considération dans le monde arabe ! Mais ils ont oublié l’esprit de tolérance et de progrès qui a fondé l’islam. Ce genre d’attitude est à l’origine de la mauvaise image dont souffre notre religion en Occident» (...)
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Re: Gamâl al-Banna
Un excellent article publié en 2007 sur très bon blog de M Louzi: "Ecrire sans censures !"
http://mlouizi.unblog.fr/2007/03/28/le-hidjab-nest-pas-obligatoire-en-islam/comment-page-3/
Gamal Al-Bana, Le trouble-culte.
http://mlouizi.unblog.fr/2007/03/28/le-hidjab-nest-pas-obligatoire-en-islam/comment-page-3/
Gamal Al-Bana, Le trouble-culte.
Idriss- Messages : 7081
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Re: Gamâl al-Banna
Un entretien datant de 2005 :
http://www.lescahiersdelislam.fr/Gamal-al-Banna-1920-2013-La-crise-reside-dans-l-immobilisme-de-la-pensee-islamique_a211.htmlAl-Ahram Hebdo : La nécessité de moderniser ou de changer le discours religieux fait la une à l’heure actuelle. Comment l’expliquez-vous ?
Gamal Al-Banna : Cette demande de changement est tout à fait raisonnable. A mon avis, le discours religieux actuel n’est pas seulement stérile, mais aussi mauvais. Il a besoin d’être renouvelé, d’urgence. Il déforme l’islam en se basant dans son interprétation sur la dualité effroi et tentation : la peur de l’enfer pour les désobéissants et la grâce du paradis pour les pratiquants. Ceci néglige les revendications de l’époque et s’éloigne du but principal de l’islam, à savoir l’être humain. En fait, la demande du changement ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte au siècle précédent, quand des novateurs comme Al-Afghani et Mohamad Abdou ont invité à introduire des méthodes rationnelles en matière de jurisprudence musulmane (...)
Comment envisagez-vous ce renouvellement du discours religieux ?
Ce renouvellement doit se baser essentiellement sur le retour à l’esprit de l’islam. On doit le rechercher directement dans le Coran sans être influencé par les interprétations précédentes, y compris la toute dernière, celle de Saïd Qotb , le maître à penser des Frères musulmans. Toutes ces interprétations ont déformé le Coran en lui imposant la culture de l’exégète. Or, celui-ci a toujours subi l’influence de son époque (...) A mon avis, la véritable réforme commence par le fait de se libérer de ces doctrines anciennes qui dominent la pensée islamique et celle de tous les prédicateurs et les institutions islamiques.
Que pensez-vous de ces nouveaux prédicateurs, notamment Amr Khaled, et la méthode par laquelle ils présentent le discours religieux ?
Tous ces nouveaux prédicateurs n’ont pas réussi jusqu’à présent à réaliser le renouvellement religieux souhaité. Ceux-ci reçoivent seulement l’étiquette de prêcheurs modernes. Quant au contenu de leur prêche, il est toujours traditionnel. Ils sont aussi influencés dans leur discours par les interprétations des Anciens. La nouveauté qu’ils présentent réside seulement dans la méthode embellie et très modernisée avec laquelle ils abordent leur prédication (...)
Qui peut présenter ce nouveau discours religieux ?
Le malheur réside ici en ce que l’élite intellectuelle, la première supposée à opérer cette modernisation, est très éloignée du champ de l’islam. Sa culture est souvent occidentale. Elle peut avoir aussi des orientations communistes et gauchistes totalement éloignées de toutes les religions. D’ailleurs, l’Etat l’instrumentalise puisque c’est lui qui contrôle les médias. Quant aux institutions religieuses, représentées essentiellement par l’Université d’Al-Azhar, elles refusent totalement l’idée du changement. Mais pourquoi se renouveler, puisqu’elle jouit d’une telle considération au sein du monde arabe et islamique ? La culture de tous les professeurs d’Al-Azhar est ancestrale. Il existe, il est vrai, un petit nombre de penseurs islamiques qui ont de bonnes idées concernant le changement du discours religieux, malheureusement leurs activités ne sont pas toujours vues d’un bon œil par le gouvernement ni par les institutions religieuses (...)
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Re: Gamâl al-Banna
http://www.saphirnews.com/Tariq-Ramadan-Gamal-Al-Banna-un-penseur-a-contresens-des-Freres-musulmans_a16375.htmlSaphirnews : On connaît très peu Gamal Al-Banna. Pouvez-nous dire déjà qui était-il ?
Tariq Ramadan : Il est le plus jeune des frères Al-Banna. Ce qui est tout à fait particulier chez lui, c’est qu’il s'est très tôt distingué dans la famille par un formidable engagement intellectuel et une originalité car il ne suivait pas les traces, en terme d’engagement religieux, de son père qui était un imam et un savant. Il s'est distingué assez tôt par un engagement à gauche, au côté des travailleurs, sur le terrain syndical. Il était plutôt intéressé par la pensée communiste et la lutte politique à l'époque, tout en ayant un respect extrêmement profond de la tradition musulmane et de son grand frère, dont il ne partageait pas ses idées mais pour lequel il avait travaillé (...)
Gamal Al-Banna n’a donc jamais fait partie de la confrérie à un moment donné de sa vie ?
Tariq Ramadan : Il n'a jamais été membre des Frères musulmans.
Dans quel courant de pensée s'inscrivait-il alors ?
Tariq Ramadan : C'était un penseur très à gauche, défenseur de la lutte ouvrière. D’une gauche influencée par les idées marxistes et les idées de résistance qui était très répandue dans les années 1940 et 1950 (...)
Etait-il le seul dans la famille à avoir emprunté cette voie ?
Tariq Ramadan : Il s'est clairement distingué de ce point de vue. Dans la famille, il y a eu des personnes qui avaient un engagement religieux plus ou moins important, alors que Gamal Al-Banna n'en avait pas à proprement parler. Ce fut d’abord un penseur politique qui partageait avec son frère l’idée qu’il fallait libérer l’Egypte et les pays du Sud de l’emprise coloniale (...) Il n’était pas opposé à la référence musulmane, au contraire, mais il était essentiellement préoccupé par les plus marginalisés et par les prolétaires. Au fil des années qu'il a réconcilié cet engagement avec la référence musulmane. Il est devenu un penseur de l’intérieur de la référence islamique durant le dernier tiers de sa vie essentiellement.
Vous diriez qu’auparavant il mettait une distance claire entre son engagement politique et la religion ?
Tariq Ramadan : Son engagement politique n’avait pas d’abord de résonance musulmane : il ne voyait pas de contradiction mais ce n'était pas une priorité pour lui.
Quels rapports entretenaient-ils avec la confrérie et dans quelle mesure ces rapports ont influé sur ses relations avec son frère, le fondateur, et sa famille ?
Tariq Ramadan : Ses relations avec son frère étaient très respectueuses. Gamal Al-Banna est bien plus jeune que son frère aîné puisque il avaient 14 ans de différence. Lorsque Hassan Al-Banna est assassiné, il va garder très précieusement les correspondances de son frère avec son père (...) Il a toujours exprimé un très profond respect de l'homme, de son projet, de sa vision, de son ouverture, même s’il ne partageait pas son application concrète sur le terrain avec la confrérie. Plus tard, il va se distancer beaucoup plus clairement des Frères, en particulier avec la prééminence qu’aura dans les années 1960 la pensée de Saïd Qutb. Il était plus proche de ceux qui suivaient la tradition des Al-Banna dans l'éducation des masses. Dans les années 1980, Gamal Al-Banna écrira un livre qui va tendre les rapports, et qui resteront tendues jusqu'à la fin : Madha ba’da al-Ikhwan ? (littéralement «Quoi donc après les Frères musulmans ?») (...) Il estimait que les Frères devaient être dépassés, et au fond disparaître pour ne pas avoir su évoluer. Un avis qui va refroidir jusqu'à la fin les relations avec la confrérie (...)
Qu’est-ce que Gamal Al-Banna critiquait au sein de la confrérie ?
Tariq Ramadan : D'un point de vue interne, sa structure et sa hiérarchie. Ensuite, selon lui, ils n'allaient pas suffisamment loin dans la réforme de la pensée (...) La première vague des Frères musulmans était plutôt proche de la théologie de la libération, ce qui était, d'une certaine façon, proche de sa pensée puisque la théologie de la libération est une référence religieuse lue à travers le prisme du marxisme privilégiant l’angle des pauvres et des exploités. Hassan Al-Banna s'en rapprochait par sa proximité du peuple et sa lecture des textes appelant à la résistance multidimensionnelle dès les années 1930 et 1940, sans aucune référence marxiste néanmoins. Selon lui, le mouvement a trahi cet héritage et s’est embourgeoisé. Enfin, sa critique de leur acceptation de l'ordre capitaliste, qui n’existait point initialement, sera extrêmement ferme. Il n'a jamais cessé d'être critique de l'organisation mais cela s’est renforcé dès les années 1980. En fait, plus il s’engageait avec une parole musulmane, plus il marquait sa différence avec les Frères.
On le présente justement comme un réformiste mais en Occident, on réduit souvent sa pensée à des avis, des « fatwas », sur le voile qu’il ne voit pas comme une obligation, sur la femme qui peut se marier avec des non musulmans… Pouvez-vous approfondir sa pensée ?
Tariq Ramadan : Evidemment, il est devenu populaire en Occident à partir du moment où il a donné ces avis, qui n'étaient pas des fatwas en l’occurrence. Il n'a jamais exprimé, il le disait lui-même, que ses opinions. Il pensa les termes et les modalités d’un « fiqh nouveau », il a écrit Nahwa fiqhin jadid : Vers un nouveau droit et jurisprudence, mais il ne se considérait pas comme un faqih, un spécialiste du droit et de la jurisprudence. Il avait quelques opinions juridiques très controversées et certaines étaient très bien accueillies en Occident (...) Ce sont pourtant des épiphénomènes, si je puis dire : nous pouvons ne pas être d'accord avec certaines opinions mais la pensée de l'homme était autrement plus profonde et complexe. C’était un penseur du changement social qui insistait énormément sur la mobilisation pour les plus pauvres et les plus marginalisés, l'éducation, l’accès au travail… C'est un homme qui n’a été reconnu que ces 20 dernières années mais qui, pendant près de 60 ans, vivait dans une bibliothèque pleine d’archives incroyables. C’était une personne qui écrivait énormément, une véritable horloge avec une force de travail absolument phénoménale, très discipliné avec lui-même. Il était extrêmement brillant et ouvert intellectuellement : j’ai passé des heures avec lui à discuter, j’étais jeune, il m’enseigna les clivages politiques, les priorités de l’engagement social et politique. Il me conseilla des lectures et m’a soutenu jusqu’au bout avec ses derniers conseils. Il ne s’est jamais compromis politiquement comme certains de ces penseurs musulmans dits « progressistes », qui ont été « progressistes » à la mesure de leur besoin de reconnaissance intellectuelle, académique, politique ou idéologique. Il est resté cohérent et sans compromis et ses opinions religieuses étaient le produit d’une pensée sincère et non de calculs politiques. Il avait des avis qui pouvaient être discutés, et discutables…il en discutait. Mais ce qui est le plus important chez Gamal Al-Banna, c’est sa profonde honnêteté intellectuelle et sa capacité à poser les bonnes questions sur la tradition musulmane, sur le fiqh. Dans le débat, ses réponses controversées ont occulté l'importance de ses questions critiques et si bienvenues. La profondeur des questions qu'il posait sur nos lectures des textes, la société contemporaine, la corruption, les pauvres, le racisme, le statut des femmes… sont des questions fondamentales et qui doivent être entendues (...) C’était un homme qu’on ne pouvait qu’aimer, une intelligence de cœur et d’esprit. Un homme courageux, simple, accessible. J’ai beaucoup appris de sa rigueur intellectuelle et de sa générosité. Il répétait souvent que ce qui est sacré, pour nous (musulmans), est le Coran, que la tradition du Prophète Muhammad est seconde et que les opinions des savants dans l'Histoire ne sont pas sacrées : ce sont des opinions parmi d'autres qu'il faut étudier et critiquer, évaluer et contester si besoin est (...)
Que retiendrez-vous de lui ?
Tariq Ramadan : Sa formidable générosité, sa discipline personnelle, sa capacité intellectuelle. Sa capacité de travail phénoménale. Il était toujours à l'écoute, il avait très bon cœur et une grande ouverture d'esprit. Je relève sa volonté de renouveler le droit et la jurisprudence et le principe me paraît indiscutable : ses opinions lui appartiennent, elles ne feront sans doute pas date, mais sa volonté de renouveler la pensée islamique est primordiale. Il mérite d'être lu. Quand il sera davantage lu et mieux compris, on relèvera enfin la pertinence de ses questions. Je prépare d’ailleurs un texte en sa mémoire : un penseur libre qui n’a jamais trahi sa pensée, ses principes et son engagement (...)
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