Pratiques religieuse et monde du travail

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"Pratiques islamiques et monde du travail. Regards de musulmans en région liégeoise" est le titre d'un mémoire de fin d'études publié en 2010 par Stéphane Jonlet, sociologue qui a travaillé en région liégeoise. L'étude complète ici : http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/epl-corta/documents/Pratiques_islamiques_monde_travail.pdf

Présentation :

(...) Stéphane Jonlet aborde les pratiques islamiques de manière exhaustive : sont examinées la prière quotidienne et les lieux de ces prières, l’assistance à la prière du vendredi, la pratique du jeûne de Ramadan et la participation aux fêtes principales ainsi que la question lancinante du voile. La question des contacts entre les hommes et les femmes est aussi abordée.

Son matériau de départ est le produit d’un travail d’enquête auprès d’un groupe diversifié (par le genre, l’origine ethnique et le secteur d’activité) de 28 personnes de religion musulmane de la région liégeoise. La variété de ces profils et des situations envisagées se retrouvera également dans la grande diversité des positions occupées par la religion dans la vie quotidienne des personnes interrogées.

Diversité aussi des processus de mise en œuvre de ces pratiques : celles-ci ne sont pas uniquement des «réponses apportées par les responsables du personnel aux demandes d’aménagement qui émanent des employés», car ces pratiques, là où elles sont instituées, peuvent être le résultat d’autres processus.

Après avoir dessiné «un panorama le plus complet possible des lieux d’intersection entre pratiques musulmanes et sphère professionnelle», l’étude propose –et c’est là son originalité majeure– une «typologie de cinq postures idéal-typiques» épousées par les travailleurs musulmans pour «expliquer la place de leurs pratiques religieuses au sein de leur milieu professionnel». Ces postures sont résumées d’un mot :

1. séparation («Le travail est à part, la religion est à part. On ne mélange pas»),
   
2. impensable («Prier sur le lieu de travail, je n’y pense même pas»),
   
3. négociation («Pourquoi ne pas demander ? Si je me tais, le “non”, je l’ai déjà»),
   
4. évidence («C’est pas du tout inconcevable. C’est la chose, pour moi, la plus normale»),
   
5. obligation («Un emploi, c’est passager. Quand tu as une religion, c’est pour toute ta vie. […] Selon moi, c’est le plus important»)

Ensuite, «les données empiriques recueillies seront mobilisées pour porter un regard critique sur le vocabulaire des “accommodements raisonnables”» tels qu’il est parfois mécaniquement importé d’outre-Atlantique. Enfin, dans la dernière partie, l’auteur se risque à intervenir dans deux débats majeurs de la philosophie politique contemporaine : celui qui tourne autour du thème de la reconnaissance, où il se fait l’écho d’une célèbre controverse entre Axel Honneth et Nancy Fraser, et celui qui concerne «la particularité du statut accordé aux convictions religieuses, sur base d’une clé de lecture du débat entre libéraux et communautariens» (...)

http://www.tayush.com/apps/blog/pratiques-islamiques-et-monde-du-travail-regards
Et vous, comment gérez-vous votre pratique religieuse et votre propre travail ?

[Tov]

En tant que commercial il m'a toujours été assez facile de concilier travail et religion. L'important est que ses convictions, croyances ne nuisent pas au bon fonctionnement de l'entreprise. Je n'emploiera pas le terme de négociation mais plutôt d’adaptation et de bon sens. En début de chaque exercice je déposais mes congés et je m'arrangeais pour que mes rendez-vous n’empiètent sur aucun jour de fête ou chômé. Par ailleurs, les employeurs étaient plutôt satisfaits que je ne dépose pas mes congés en même temps que les autres salariés. j'assumais bien souvent une présence indispensable lors des ponts ou lors des périodes ou la majorité des salariés sont en vacances. Maintenant c'est encore plus simple car je suis mon propre employeur.

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En ce qui me concerne, j'ai évidemment des facilités en tant que catholique, puisque de nombreux jours de congés en France sont liés à ma religion. Là où ça coince un peu, c'est la Semaine Sainte, et en particulier le Vendredi Saint - c'est souvent une semaine où j'ai des réunions le soir, qu'il s'agisse de conseils de classe ou de réunions parents-professeurs.

Pratiquant épisodiquement la Liturgie des Heures, je trouve parfois un "trou" dans ma journée de travail pour utiliser mon "Prière du Temps Présent"

Par contre, je suis extrêmement discret sur mon appartenance religieuse, car ma neutralité est un atout face à mes élèves, avident de me "ranger dans une petite case" (pour ne plus m'écouter réellement )

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Une proposition de loi UMP sur la laïcité dans les entreprises et les associations est présentée jeudi 6 juin à l'Assemblée nationale (...) Une enquête menée entre septembre 2012 et mars 2013 révèle que si 28 % des cadres en ressources humaines ont été confrontés à ces questions, seuls 6 % des cas sont conflictuels (...)

Joffrey, 33 ans, Nantes, gestionnaire de stock.
"Musulman, j'accomplis l'une de mes cinq prières au travail depuis près de six ans. J'avais expliqué ce besoin à mon employeur qui, après discussion, m'avait donné son accord. Tout se passait très bien jusqu'à ce que j'apprenne que ma situation avait été évoquée lors de différentes réunions (CHSCT, ressources humaines, syndicats, etc.). Certains collègues n'appréciaient pas que je puisse faire ma prière sur mon temps de travail ou bien que je retire mes chaussures de sécurité dans un lieu où elles sont obligatoires. Le directeur m'a convoqué et m'a expliqué leurs "plaintes". Il ne m'a rien reproché et ne m'a pas non plus demandé d'arrêter. Il a proposé deux solutions : que je "pointe" en allant faire ma prière afin qu'elle ne soit pas comptabilisée dans mon temps de travail. Et que je change d'endroit pour prier (je l'effectuais dans un entrepôt) afin de le faire dans un bureau où le port de chaussures de sécurité n'est pas indispensable" (...)

Françoise, fonctionnaire.
"Mon expérience de fonctionnaire catholique restera marquée par le jour où on m'a demandé de ne plus porter de croix ni de médaille religieuse. Je me suis exécutée, ou ai porté une chaîne longue et fine sous un pull, avec une croix au bout, invisible, mais bien présente pour moi, notamment lorsque je priais beaucoup pendant mes journées de travail. J'ai vu des collègues convoquées pour des pendentifs à peu près cruciformes, qu'elles avaient choisis par coquetterie et non par conviction. Résultat : elles avaient très envie de les conserver... Par esprit de rébellion ! La plus belle joie de mon départ à la retraite a été de pouvoir choisir le matin en m'habillant le pendentif le plus ouvertement catholique sans me préoccuper du règlement !" (...)

Zakaria 29 ans, contrôleur financier, Paris.
"Je n'ai jamais eu une discussion franche avec mon employeur au sujet de la pratique de ma religion pendant les horaires de travail. Je fais mon maximum pour passer inaperçu et ne pas sembler fatigué ou différent pendant la période du Ramadan qui reste la plus difficile à gérer. Je me suis posé la question de la prière au début de mon contrat. J'hésitais à en parler avec mon supérieur pour lui demander l'autorisation de m'isoler car je trouvais que c'était un peu déplacé. Je me suis résolu à réserver une salle de réunion (fermée et cloisonnée) cinq minutes chaque jour et à y faire les deux prières du midi et de l'après-midi. J'effectue celles du coucher du soleil et du soir chez moi" (...)

Alix, 25 ans, Paris, assistante responsable ressources humaines.
"J'assume ma foi, j'assume ma pratique religieuse. Je n'en parle pas beaucoup, sauf quand des questions me sont posées. Si on me demande ce que j'ai fait ce samedi, et que j'ai eu un baptême, je ne mens pas, et je le dis. Mais je n'irai pas plus loin, sauf questions éventuelles de mes collègues. Et je n'alimenterai pas la conversation trop en ce sens. Pour ce qui est de la prière au travail, je le fais dans ma tête, et n'ai pas besoin de le dire aux autres, ou de me mettre dans une pièce ou posture particulière. En ce qui concerne le port de signe distinctif : je ne quitte pas mon pendentif qui mesure un centimètre de diamètre, mais il est caché par un second, plus grand. Il ne doit en rien interpeller mes collègues, ni les déranger, donc il est caché. Ces lignes de conduite personnelles n'ont rien à voir avec la laïcité, mais le respect de la liberté de conscience des collègues"

Aya, 30 ans, Paris, directrice de mission dans un cabinet de conseil en management.
"Je travaille pour le bureau parisien d'un cabinet américain. Je porte un voile et mon employeur est très tolérant vis-à-vis de cela : mes compétences et mon expérience sont les seules choses qui priment. Mes liens avec mon entreprise se sont renforcés grâce à cette démonstration de respect, de tolérance et de confiance. Cela me donne envie de me dépasser chaque jour davantage. Seuls certains de mes clients français (à l'étranger en revanche, aucun problème...) sont parfois circonspects lorsqu'ils me voient pour la première fois. Leurs doutes mais surtout leurs préjugés sont très vite dissipés dès qu'ils constatent la qualité de mon travail. Je deviens à leurs yeux "une femme comme une autre", et c'est exactement ce que je souhaite qu'ils voient" (...)

Etienne, 27 ans, ingénieur sécurité.
"Je travaille dans un entreprise industrielle qui pratique les 5 x 8 (travail 24 h sur 24, 7 j sur 7) où je suis confronté chaque année au jeûne de certains salariés en lien avec leur pratique religieuse. Lorsque les opérateurs commencent un poste de nuit et qu'ils n'ont ni mangé ni bu de la journée, se pose la question de leur aptitude physique au poste. A fortiori quand ce mois de jeûne se situe dans les mois chauds de l'année. Suite à un accident de travail, nous réalisons une analyse détaillée de l'accident avec la victime, le service médical et le CHSCT. Nous cherchons toutes les causes - matérielles, organisationnelles, humaines, qui ont conduit à cet accident. Le paramètre du jeûne, qui est pourtant potentiellement facteur de risque, n'est jamais abordé car trop polémique. L'employeur ayant une obligation de résultat en matière de sécurité, comment assurer la sécurité des salariés ainsi que celles de leurs collègues sans s'ingérer dans la sphère privée que sont les pratiques religieuses. De façon plus générale, dans une société civile qui accepte de moins en moins la prise de risque, le jeûne n'est-t-il pas un comportement à risque ? La pratique du jeûne sur une période prolongée n'engendre-t-elle pas des situations à risque dans la vie professionnelle ?" (...)

Charles, 42 ans, Paris, haut fonctionnaire.
"Catholique pratiquant, je ne rencontre aucune difficulté pour vivre ma foi catholique dans mon entreprise. Au bureau, mes prières se font au gré des évènements : avant une réunion pour demander au Christ de m'aider à bien écouter et comprendre mes interlocuteurs, de temps en temps quand je peux me libérer à la pause méridienne pour assister à une messe ou en fin de journée. La pratique de ma foi catholique n'empiète jamais sur mon travail et mon employeur ignore mes convictions religieuses : je ne lui demande pas de repas spécifique ni de pause pour mes prières, je ne porte aucun signe ostensible. En revanche, je ne cache pas mes convictions religieuses à mes collègues de travail et amis. Nos discussions sont d'autant plus intéressantes qu'elles sont sincères, variées et respectueuses de nos convictions religieuses" (...)

Yasmine 27 ans, Paris, analyste financier.
"Pendant le Ramadan j'essaie de partir "à l'heure" c'est-à-dire vers 18 h au lieu de 19 h ou 20 h habituellement. Ça ne pose aucun problème à mon employeur. Certes, un aménagement des horaires serait idéal mais on ne peut pas tout avoir. Mon chef m'a tout de même offert deux jours de congés supplémentaires pour pouvoir rentrer dans mon pays chez mes parents pour fêter l'Aïd. Pour ce qui des menus, nous avons une cantine au travail et il y en a toujours pour tous les goûts (légumes, poissons, viande). La prière ? Je fais les cinq en rentrant le soir à la maison, il ne m'est jamais venu à l'esprit de la faire ailleurs que chez moi" (...)

François.
"En tant que chrétien, j'apprécie que mon boss évite de planifier des réunions le Vendredi Saint. De même, je souhaite pouvoir respecter le mercredi des Cendres. D'une manière générale, les demandes de plus en plus fréquentes de travail le dimanche sont une forme d'atteinte à la pratique religieuse. Personnellement, je n'ai jamais eu de problème pour concilier ma pratique religieuse et mon travail bien qu'il m'ait parfois imposé de ne pas assister à une messe dominicale ou à une grande fête religieuse"

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/06/06/je-reserve-une-salle-de-reunion-pour-prier-au-bureau_3423942_3224.html

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Pour les managers de PME, afficher des signes religieux visibles ou parler ouvertement de sa religion peuvent constituer de véritables obstacles à une intégration et une progression au sein d'une entreprise. C'est en tout cas ce que révèle une étude réalisée par l'institut LH2 (...)

Pour la plupart des managers interrogés dans le cadre de cette enquête, les actions visant à favoriser l'égalité des chances en entreprise seraient globalement efficaces, mais trois profils leur semblent éprouver de réelles difficultés en milieu professionnel. En tête de ces trois profils, les personnes affichant leur appartenance religieuse devancent largement celles qui n'ont pas ou peu de diplômes et celles qui souffrent d’un handicap ou d'une santé fragile. De même, les discriminations à l'égard de croyants affichés seraient, toujours selon la perception des managers interrogés, plus fortes que celles visant le sexe, la couleur de peau ou l'orientation sexuelle (...)

L'enquête montre aussi une vraie différence de traitement selon la taille de l'entreprise (...)

On peut noter par ailleurs que la question religieuse semble moins discriminante dans le secteur du commerce, là où elle l'est davantage dans l'industrie et (surtout) dans les emplois de service

http://www.lavie.fr/actualite/societe/la-religion-principal-handicap-pour-faire-carriere-27-10-2013-45822_7.php

[rosarum]

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"Je travaille pour le bureau parisien d'un cabinet américain. Je porte un voile et mon employeur est très tolérant vis-à-vis de cela : mes compétences et mon expérience sont les seules choses qui priment. Mes liens avec mon entreprise se sont renforcés grâce à cette démonstration de respect, de tolérance et de confiance. Cela me donne envie de me dépasser chaque jour davantage. Seuls certains de mes clients français (à l'étranger en revanche, aucun problème...) sont parfois circonspects lorsqu'ils me voient pour la première fois. Leurs doutes mais surtout leurs préjugés sont très vite dissipés dès qu'ils constatent la qualité de mon travail. Je deviens à leurs yeux "une femme comme une autre", et c'est exactement ce que je souhaite qu'ils voient" (...)

curieuse incohérence de cette femme qui affiche ostensiblement sa différence sur sa tête et voudrait en même temps être considérée comme "une femme comme une autre"

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curieuse incohérence de cette femme qui affiche ostensiblement sa différence sur sa tête et voudrait en même temps être considérée comme "une femme comme une autre"

Il n'y a pas d'incohérence si le sens de son voile n'est pas "tourné vers les autres" mais "tourné vers Dieu" (resterait à savoir si le sens qu'elle met dans ce voile est "le bon" mais ce n'est pas l'objet de ce fil)

[rosarum]

curieuse incohérence de cette femme qui affiche ostensiblement sa différence sur sa tête et voudrait en même temps être considérée comme "une femme comme une autre"

Il n'y a pas d'incohérence si le sens de son voile n'est pas "tourné vers les autres" mais "tourné vers Dieu" (resterait à savoir si le sens qu'elle met dans ce voile est "le bon" mais ce n'est pas l'objet de ce fil)

oui et pour revenir au sujet, je pense qu'il faut laisser le maximum de liberté aux employeurs pour réglementer la pratique religieuse dans leur établissement sans se retrouver en position d'accusé (cf crèche babyloup)

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je pense qu'il faut laisser le maximum de liberté aux employeurs pour réglementer la pratique religieuse dans leur établissement sans se retrouver en position d'accusé (cf crèche babyloup)

Désolé, mais quand je lis des expressions comme "le maximum de liberté aux employeurs", mon sang se glace.
Depuis quand "les employeurs" sont détenteurs de "la vérité" ?

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