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Jésus et les esséniens

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Message  Invité Ven 3 Nov - 7:07

Jésus et les esséniens


Par Jean-Pierre Sara

JESUS ET LES ESSENIENS

De tout temps la vie inconnue de Jésus-Christ a intrigué aussi bien les chercheurs que le peuple des croyants. Déjà sa brève apparition "connue" sur la terre –naissance, prédication (moins de trois ans) et mort– soulève un nombre considérable d’interrogations, parce que les seules sources disposnibles sont d’origine chrétienne.

Il est vrai que Tacite, Pline le Jeune et Flavius Josèphe écrivirent quelques lignes sur un dénommé "Chrestos", mais certes sans commune mesure avec la place qu’il a occupée dans l’Histoire. Ces très courts passages sont soit négatifs [Tacite], soit interrogatifs [Pline le Jeune] ou alors incertains [Flavius Josèphe - on a de fortes raisons de douter de l’authenticité de ses phrases élogieuses sur Jésus, car elles seraient dues à un copiste chrétien zélé]. Tout ce que nous savons du Jésus historique vient donc, essentiellement, des quatre Evangiles et de versets épars dans les Epîtres, les Actes des Apôtres et dans quelques textes non canoniques.

Que dire alors des périodes inconnues de sa vie ? Sur celles-ci, nous sommes encore plus démunis car nous ne possédons que des données générales sur le milieu juif de l’époque, notamment essénien, et sur la géographie de la région. Nous nous trouvons donc réduits à utiliser, à solliciter plutôt, les vagues indications que l’on peut glaner çà et là. Pour y voir plus clair, il faudrait considérer cet aspect inconnu de la vie de Jésus sur deux périodes :

Spoiler:

I. LE MANUSCRIT HIMIS

Un voyageur russe du nom de Nicolas Notovitch raconte, en préface de son livre « La Vie Inconnue de Jésus-Christ »  : Depuis la guerre de Turquie (1877 - 1878), j’ai entrepris une série de voyages en Orient. Après avoir visité toutes les localités tant soit peu remarquables de la péninsule des Balkans, je me rendis à travers le Caucase dans l’Asie Centrale et en Perse, et enfin, en 1887, je partis pour l’Inde, pays admirable qui m’attirait depuis mon enfance. Ce que Notovitch écrit, son style, sa relation des événements, ont une saveur particulière.

Sans vouloir en tirer argument pour authentifier sa version des "années perdues" de Jésus, disons que –très remarquée dès sa parution– cette version fut à l’origine d’un certain nombre d’hypothèses sur la période en question (l’adolescence et la jeunesse de Jésus), et qu’une quantité de livres ont été écrits, dans la foulée, sur les "Lost Years of Jesus".

Nous reproduisons ci-après des extraits du manuscrit que Notovitch dit avoir trouvé, au cours de ce fameux voyage de 1887 en Inde, dans le monastère Himis. Lequel est situé non loin de Leh, chef-lieu de la province du Ladakh, dans le Cachemire septentrional. Le manuscrit retrace, en langue Pali, la vie d’un certain Saint Issa, qui ne serait autre que Jésus-Christ :

Spoiler:

Voilà donc l’essentiel du manuscrit Himis. Nous en avons évacué toute violence de quelque nature qu’elle soit, toute particularité ethnique, toute parole inutile ou contradiction interne, et tout discours incompatible avec la personnalité de Jésus, telle qu’on se la représente. Ceci, bien sûr, en admettant pour les besoins de la cause, c’est-à-dire pour donner toutes ses chances à cette version "Himis", que Jésus est effectivement le Saint Issa dont nous venons de parcourir la vie et d’entendre la prédication.

Nous allons maintenant tenter d’évaluer l’authenticité du manuscrit, ou plutôt son apport éventuel à notre étude.
Spoiler:
Tout cela laisse le lecteur perplexe. On aurait bien voulu accepter sans réserve les passages rapportés plus haut et résoudre ainsi l’énigme de la vie cachée de Jésus. Mais les graves lacunes du manuscrit Himis nous obligent à rester sur notre faim. Il va donc falloir se tourner vers l’autre hypothèse retenue dans cette étude, celle de la Filière Essénienne. Nous y passerons en revue les idées émises autour de Qumran, de ses hommes, de leur mode de vie, et de leur relation avec Jésus, espérant trouver là une explication plus plausible de ses années perdues.


II. LA FILIERE ESSENIENNE

Pour entrer dans l’esprit de cette hypothèse essénienne, il nous faut d’emblée admettre deux choses :

Spoiler:

Ces prémisses étant posées, il y a lieu d’aller plus avant dans la connaissance du milieu essénien pour voir quelles furent ses affinités avec la personnalité de Jésus-Christ ou, plus précisément, pour déterminer dans quelle mesure l’homme Jésus a été marqué par l’influence essénienne.

Le compendium qui va suivre a été élaboré à partir de passages consacrés aux Esséniens par Philon d’Alexandrie (c.13 av.J.-C. - c.50) dans son « Apologie des Juifs » et « Tout Homme Vertueux est Libre », par Pline l’Ancien (23 - 79) dans son « Histoire Naturelle », par Flavius Josèphe (c.37 - c.100) dans « La Guerre des Juifs » et « Antiquités Judaïques », et par les écrivains chrétiens, Eusèbe de Césarée, prélat grec et historien de l’Eglise primitive (c.265 - c.340) et Saint Epiphane (c.315 - 403), citant ou commentant les écrits des précédents :

Spoiler:

Ces deux dernières citations montrent à quel point les Chrétiens des premiers siècles tenaient en haute estime les Esséniens. D’ailleurs, une partie des écrits de Philon les concernant nous a été préservée par Eusèbe lui-même.

Voyons maintenant comment s’est formé l’enseignement des Esséniens, indépendamment de ce qui a été rapporté à leur sujet :

Le Roi Ashoka (c.269 - 232 av. J.-C.), l’un des souverains les plus prestigieux de l’Inde, après avoir conquis tout le nord de cet immense pays jusqu’à l’Afghanistan et porté l’Empire Maurya à son apogée, se convertit brusquement et sincèrement au Bouddhisme. Il renonça à la violence et envoya dans toutes les directions des missionaires pacifiques –moines bouddhistes– répandre l’enseignement de Gautama Çakyamuni (le Bouddha). Ceux qui atteignirent le Proche-Orient y laissèrent une marque indélébile. En effet, deux notions jusqu’alors totalement inconnues dans cette région, le célibat monastique et le respect de la vie animale, trouvèrent un écho dans le coeur de certains Juifs.

Sans vouloir porter un jugement de valeur, on peut dire que ceux parmi les Juifs qui furent séduits par cet enseignement –au point de le répercuter plus tard dans le leur– se sentirent différents de ceux qui appliquaient la loi mosaïque d’une manière traditionnelle. Plusieurs noms ont été donnés à ces "Juifs différents" : les Purs, les Justes, les Elus, les Pieux, les Baptistes, les Saints, les Frères, les Guérisseurs, les Forts, etc. Quoique l’origine du mot "Esséniens" soit incertaine, c’est dans ce dernier nom, les Forts ou "Ossene", d’après Epiphane, qu’il faut trouver l’étymologie de l’appellation qui nous est restée, et sous laquelle nous connaissons cette secte du Judaïsme.

En récusant les sacrifices d’animaux et en acceptant l’idée du célibat, les Esséniens se distinguaient radicalement des Sadducéens et des Pharisiens, car ils transgressaient deux tabous primordiaux : les rites sacrificiels si ancrés dans le Judaïsme de l’époque et la fameuse injonction de la Genèse : "Croissez et multipliez-vous", fondement de l’obligation faite à tout bon Juif de se marier. En ce faisant, ils furent bannis du Temple ou ils s’en bannirent eux-mêmes, on ne sait pas. Car ce sang versé et ces chairs brulées, ainsi que la corruption de la classe sacerdotale, leur répugnaient énormément.

S’exilant dans le désert, les Esséniens formèrent donc la "Communauté de Qumran" décrite par les contemporains et les Pères de l’Eglise du IIIème siècle. Elle est aujourd’hui connue et confirmée comme telle par la découverte des "Manuscrits de la mer Morte" en 1947, et par les fouilles qui se sont poursuivies jusqu’en 1958. Des exégètes modernes vont même jusqu’à affirmer, à la lumière de ce qui précède (et d’autres documents apocryphes ou gnostiques), que cette communauté de Qumran, la secte baptiste des "Nazôréens", la secte des "Ebionites", végétariens et adeptes de la pauvreté volontaire, les "Judéo-Chrétiens" d’avant la Diaspora, ne sont en fait qu’un seul et même "peuple", tant est grande la ressemblance entre leurs croyances, leurs pratiques religieuses, leur ascèse et leur mode de vie communautaire. Et ce, durant toute la période qui va du IIème siècle avant au Ier siècle après Jésus-Christ.

Nous n’entrerons pas dans ce débat, dont l’enjeu est de suggérer que Jésus aurait eu un lien avec le "Maître de Justice" des Livres esséniens, et serait donc le Prophète annoncé par leurs Ecritures ou les Ecritures, avec tout ce que cela nécessiterait comme réexamen de certaines "hérésies" côté chrétien et, côté juif, de leur "canon" biblique (le « Livre d’Hénoch » et le « Testament des Douze Patriarches » pour ne citer que ceux-là). Qu’il nous suffise ici de montrer la continuité, qui existe dans plusieurs domaines, entre l’enseignement essénien tel qu’il nous est parvenu et celui de Jésus tel qu’il est contenu dans le Nouveau Testament. Nous pourrons ainsi, loin de toute polémique, considérer attentivement l’hypothèse de la filière essénienne. A cet effet, la petite –et très abrégée– synopse qui suit, allant du baptême de Jésus jusqu’à sa mort, va nous permettre de comparer les écrits esséniens et néo-testamentaires :

Spoiler:

Ces similitudes scripturaires, les vertus du détachement des biens de ce monde et de soumission à la volonté divine, prônées tant par Jésus que par les Esséniens, et surtout un certain climat de simplicité de vie et de proximité de Dieu, regardé comme un Père aimant, sont des facteurs déterminants dans l’hypothèse selon laquelle Jésus aurait passé ses vingt années perdues auprès des communautés esséniennes, et principalement au monastère de Qumran.

Son célibat monastique, en rupture complète de ban avec les moeurs de l’époque, et sans doute initié à Qumran, ne l’a d’ailleurs pas empêché d’être un "Rabbi" écouté et admiré par les scribes, les Pharisiens et les docteurs de la loi.

Chemin faisant, cette hypothèse nous fait mieux comprendre le cas de Jean-Baptiste :
Spoiler:

La relation entre Jean-Baptiste et Jésus est assez éloquente pour se passer de nouveaux commentaires. Disons simplement que cette appartenance du premier aux Gens de Qumran renforce beaucoup l’hypothèse de la filière essénienne du second.

Un dernier point en faveur de cette hypothèse : c’est l’extraordinaire pouvoir de guérisseur de Jésus. Or non seulement, nous l’avons vu plus haut, "Les "Guérisseurs" était l’un des noms qu’on donnait aux Esséniens –c’est-à-dire qu’on les créditait d’un pouvoir de guérir, que certains d’entre eux développaient magistralement tout au long d’une vie de prière et d’abstinence– mais encore la secte des "Thérapeutes" d’Alexandrie était-elle en communication constante, voire en symbiose, avec celle des Esséniens. Il n’est donc pas improbable que Jésus ait pris le bateau de Joppé [l’actuelle Jaffa] vers Alexandrie, ce qui était alors très naturel et très fréquent ; ou, à tout le moins, qu’il ait profité des échanges réguliers entre les deux communautés sur le plan médical pour parfaire ses propres connaissances dans ce domaine.

Un séjour supposé de Jésus à Alexandrie, outre qu’il jetterait quelque éclairage sur une partie de son "emploi du temps" durant la vingtaine d’années en question, apporterait surtout un début d’explication sur le rôle phare qu’a joué l’école d’Alexandrie dans le développement du Christianisme primitif.

III. UN ESSAI DE SYNTHESE

En l’an 533, sous le pontificat du Pape Jean II Mercure, le moine Denysius Exiguus fut chargé de retracer la date exacte de la naissance de Jésus-Christ et, à partir de celle-ci, procéder à la datation générale de l’Histoire. Evénement capital qui a unifié le destin des hommes car, qu’on le veuille ou non, les autres calendriers n’ont plus à ce jour qu’un usage limité, pendant que celui de "Denys-le-Petit", divisant l’Histoire en avant et après Jésus-Christ, devenait universel.

Spoiler:

Il ne faut donc négliger aucun détail qui permettrait d’approfondir notre connaissance de cet être d’exception. Et comme cette étude traite de l’homme Jésus, on pourrait se hasarder à esquisser un portrait qui tienne compte de ce que l’on sait sur lui.

Spoiler:

Ecce Homo. Voici l’Homme : grand, robuste, séduisant, exerçant un magnétisme certain sur les foules par sa voix et son regard ; et surtout par la force de sa parole Jamais homme n’a parlé comme cet homme ! [Jn 0746] disent les gardes envoyés par le Sanhédrin pour l’arrêter, et rentrés bredouilles. Sur ses disciples, son ascendant a été tel, que ces gens d’origine modeste se sont transformés, après qu’il les eut quittés, en prosélytes irrésistibles de son message ; et, pour la plupart d’entre eux, au prix de leur vie. Si l’on ajoute à ce charisme hors du commun les dons de guérisseur qu’on lui connaît, il devient légitime de penser que l’homme Jésus a reçu une formation, doublée d’une initiation, en tout point remarquables. Il est difficile d’imaginer qu’une telle personnalité –encore une fois sur le plan purement humain– se soit forgée sur l’établi d’un charpentier. Durant la vingtaine d’années que constitue la période de sa "vie inconnue", il a dû s’imbiber d’un solide enseignement, à la fois théorique et pratique.

Selon toute vraisemblance, cet enseignement lui a été dispensé par les Esséniens. De préférence à Qumran, où ils avaient leur établissement principal ; mais éventuellement, aussi, auprès de leurs communautés d’Egypte et de Syrie. De ce pays, rien ne l’aurait empêché de prendre le chemin des caravanes assurant le contact et le négoce avec l’Asie, et donc de séjourner quelque temps en Inde. Ce qui expliquerait l’aspect gnostique, voire védantique, de son enseignement ; comme cela expliquerait certaines affinités avec le Bouddhisme. Toutefois, confondre Jésus avec le Saint Issa du manuscrit Himis nous paraît infondé pour les raisons exposées plus haut.

En résumé, nous pouvons dire que le profil de Jésus durant ces années décisives de sa vie, ainsi que l’environnement socio-culturel dans lequel il a baigné, nous semblent désormais plus accessibles. En tout cas, moins mystérieux que ne l’implique le silence des évangiles.

Auteur de "Jésus avant l’Eglise", l’Harmattan, nov. 1999


Dernière édition par -Ren- le Ven 3 Nov - 8:24, édité 2 fois (Raison : ajout des spoilers)

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