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Syncrétisme et Foi Baha'ie

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Syncrétisme et Foi Baha'ie Empty Syncrétisme et Foi Baha'ie

Message  indian Ven 25 Mai - 17:27

http://www.bahai-biblio.org/centre-doc/ouvrage/foi-qq-mots.htm#60

SYNCRETISME

"combinaison peu cohérente ; mélange de doctrines, de systèmes." (le ROBERT.)

La foi baha'ie est-elle un syncrétisme ? L'affirmation est si souvent avancée qu'elle passe pour incontestable. On la rencontre dans tous les dictionnaires. C'est le reproche que lui font, presque toujours, les théologiens et les journalistes catholiques.

On doit probablement trouver l'origine de cette affirmation dans la position baha'ie vis-à-vis des autres religions. Le concept de Révélation progressive fait dire aux baha'is qu'ils croient à l'unité fondamentale des religions. Mais Baha'u'llah ne demande pas la création d'un syncrétisme simplificateur qui aurait pour base le plus petit commun dénominateur de toutes les révélations précédentes. Ses idées-forces sont :

1/ La religion doit unir et non diviser. A toute religion qui provoque conflits et luttes, il faut préférer l'absence de religion.

2/ Les diverses Révélations sont comme les chapitres d'un livre, la Religion divine. Dans un roman, les chapitres ne se ressemblent pas, on n'y lit pas la même chose et il serait stupide de les mélanger en un embrouillamini illisible : le livre n'existerait plus. En revanche, les chapitres sont tous Ecrits avec des lettres, des phrases, des paragraphes par le même auteur et ils parlent du même sujet : celui du livre. De même, les religions parlent toutes de Dieu et de ses volontés : prières, jeûnes, lois, prophéties.

3/ Baha'u'llah se présente comme accomplissant les prophéties des révélations passées." C'est là l'immuable foi de Dieu, éternelle dans le passé, éternelle dans l'avenir". Plus question alors de mélanger ces religions : pas de " vin nouveau dans de vieilles outres ", mais vérité qui, s'étant manifestée avant et ailleurs, sous d'autres formes et en d'autres mots, se manifeste aujourd'hui dans les Ecrits révélés par Baha'u'llah. Il n'appelle pas à faire une soupe, bouillie affadie de toutes les théories religieuses existantes. Il affirme plutôt que dans toutes les révélations on trouve des raisons de croire à la sienne. Où est le syncrétisme là-dedans ? A l'origine de cette accusation ne pourrait-on pas trouver cette affirmation de Baha'u'llah : ce qui sépare les religions n'est pas le message fondateur, mais bien les constructions successives rajoutées au cours de l'histoire par des théologiens, honnêtes et sincères pour la plupart, mais souvent imbus de leurs connaissances et n'hésitant pas, à se déchirer entre eux pour des concepts qu'on ne trouve souvent même pas sous forme de traces dans les textes fondateurs.

indian

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Message  indian Ven 25 Mai - 17:29

wiki
Un syncrétisme est un mélange d'influences. Le terme de syncrétisme vient du mot grec ancien : συγκρητισμός (sunkrētismós) signifiant « union des Crétois ». Initialement appliqué à une coalition guerrière, il s'est étendu à toutes formes de rassemblement de doctrines disparates, et est surtout utilisé à propos de religion.

Religion

Syncrétisme religieux en Crète romaine : Pluton et Perséphone, dieux du monde des morts accompagnés de Cerbère, sont porteurs des attributs des dieux égyptiens Serapis et Isis. Musée archéologique d'Héraklion, Crète.
Le terme s'utilise surtout en histoire des religions, pour qualifier des confessions à part entière, mais dont plusieurs composants d'origine sont encore reconnaissables. C'est une religion dont la doctrine ou les pratiques sont un mélange d'éléments pris dans différentes croyances.

Histoire

On retrouve cette pratique très tôt dans l'antiquité. La Bible fait mention du syncrétisme religieux du peuple d'Israël à l'époque du Roi de Juda, Hoshéa (2 Rois 17). Le verset 33 donne un exemple frappant de ce mélange religieux entre la Loi Mosaïque que Yahvé donna à Israël et « la religion des nations d'où on les avait emmenés en exil »1,2[réf. insuffisante].

Les Romains avaient pour politique d'incorporer les dieux locaux des pays qu'ils conquéraient au panthéon romain. Ce choix leur évitait ainsi au moins toute opposition d'ordre religieux dans les pays polythéistes.

Une situation semblable s’est développée, mais involontairement, lorsque des missionnaires ont introduit la religion catholique en Amérique du Sud. Ils ont converti la majeure partie de la population, mais, à l’image des Samaritains de l’Antiquité, la population n'a pas oublié pour autant ses anciens rites. Ainsi, au Brésil, des chrétiens pratiquent toujours les rites vaudou et célèbrent des fêtes en l’honneur d’anciennes divinités, telle la déesse Iemanjá. On observe le même phénomène dans d’autres pays d’Amérique du Sud.

Ernest Renan considère la croyance éventuelle à une vie post-mortem comme un effet de la captivité des Hébreux en Égypte. Celle-ci possédait ce concept dont la religion juive était seule, selon lui, à faire l'économie à l'époque[réf. nécessaire].

À l'époque moderne, la rencontre d'Assise de 1986 fut taxée de syncrétisme par quelques cardinaux du Vatican, bien que cela ne fût pas l'intention des organisateurs.

Dans le monde

Le concept de syncrétisme est suffisamment abstrait pour être appliqué à de nombreuses traditions. Le sikhisme est composé d'un mélange de l'hindouisme et de l'islam. L'approche syncrétique permet d'analyser les influences qui constituent une religion, elle doit s'arrêter avant de perdre ce qui en fait l'identité. Les religions de l'Antiquité étaient très caractérisées par le syncrétisme, qu'il soit d'assimilation ou d'association, rendant les influences entre religions très complexes. Le culte de Mithra associé à Apollon dans le panthéon romain en est un exemple.

La cohabitation du bouddhisme et du shintoïsme au Japon depuis le VIIIe siècle est un excellent exemple de syncrétisme, toujours observable aujourd'hui, et appelé shinbutsu shūgō. Ainsi en 2005, selon les chiffres officiels on comptabilisait 107 millions de shintoïstes (84 % de la population) et 91 millions de bouddhistes (71 % de la population)3. Dans les faits, la plupart des Japonais fêtent les mariages et les naissances suivant les rites shintoïstes et les funérailles suivant les rites bouddhistes. De plus, on peut trouver dans la plupart des temples bouddhistes japonais un petit sanctuaire shinto et un petit autel bouddhiste dans de nombreux sanctuaires shinto.

Un autre exemple de syncrétisme est la situation indonésienne, dans laquelle les gens, tout en se déclarant adeptes des « grandes » religions (bouddhisme, christianisme, hindouisme, islam), continuent d'adhérer à des croyances et à observer des rituels relevant des religions traditionnelles.

Le caodaïsme vietnamien constitue aussi un exemple typique de syncrétisme, de même que la coexistence du vaudou et du christianisme dans certains pays africains ou en Haïti. Le culte antoiniste propose aussi une forme de syncrétisme religieux selon le sociologue Régis Dericquebourg4, tandis que la jurisprudence belge l'a défini comme un « mouvement syncrétiste, qui admet en son sein toutes les religions »5.

Linguistique

En linguistique, le terme signifie la fusion en un seul élément de plusieurs traits grammaticaux.

On distingue parfois syncrétisme d'éclectisme, car des éléments fusionnés ne sont pas triés, ainsi que d'une synthèse, car les éléments mélangés sont encore distinguables.

Culturellement

On parle de syncrétisme culturel lorsqu'un système religieux (comme dit précédemment) ou philosophique tend à faire fusionner plusieurs doctrines différentes.

Lors d'une coexistence culturelle au niveau global, le syncrétisme est un métissage culturel, c’est-à-dire, une véritable création de nouveaux ensembles culturels qui trouvent une nouvelle cohérence à partir de plusieurs cultures différentes.

indian

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Message  indian Ven 25 Mai - 17:30

https://www.universalis.fr/encyclopedie/syncretisme/

Dans la terminologie habituelle de l'histoire des religions, le syncrétisme désigne la fusion de deux ou de plusieurs religions, de deux ou de plusieurs cultes en une seule formation religieuse ou cultuelle.

Mais ce terme est inapte à définir un phénomène religieux du point de vue de la véritable recherche historique. Il est surtout réservé à présent à la polémique théologique entretenue par ceux qui opposent un christianisme authentique et originel à un christianisme « syncrétiste » qui se serait constitué sous l'influence d'apports païens et qui, comme tel, se serait transmis jusqu'à l'époque présente.

Il s'agit là de la version moderne de l'ancienne polémique contre le « pagano-papisme », c'est-à-dire contre l'Église romaine en tant qu'on peut l'accuser d'être née sous l'influence du paganisme et sur des fondements païens ; cette polémique est aujourd'hui reprise et animée non seulement par les théologiens protestants mais aussi par les catholiques non conformistes.

Un tel débat repose sur la croyance en une vérité méta-historique du christianisme, vérité qui aurait été contaminée par ses réalisations historiques ; c'est précisément l'image hypothétique d'une telle contamination qu'on regarde comme étant le syncrétisme, lequel prendrait ainsi une forme objective pour la phénoménologie des religions. Mais, pour la science qu'est l'histoire des religions, la notion de l'objectivité d'un prétendu phénomène syncrétiste est parfaitement dépassée.

Elle a eu son heure au temps où l'on cherchait, surtout à l'aide de modèles évolutionnistes, à expliquer chaque religion par une ou d'autres religions l'ayant précédée. La reconnaissance du processus syncrétiste dans une formation religieuse n'est plus tenue actuellement pour un moyen d'expliquer cette dernière, mais n'a qu'une valeur descriptive, c'est-à-dire non scientifique.

Dès lors, quand on parle de religions ou de cultes syncrétistes, on fait allusion, par simple convention, à ceux qui sont apparus dans des aires non o [...]

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Message  indian Ven 25 Mai - 17:33

https://www.monde-diplomatique.fr/1999/07/HATCHER/3125

Prônant justice sociale, tolérance et égalité

La foi baha’ie, un humanisme contre les fanatismes

Ni secte ni syncrétisme, le baha’isme est une religion indépendante, au même titre que l’islam, le christianisme et les autres grandes religions. Née en Perse il y a cent cinquante-six ans, prônant depuis toujours la justice sociale, la tolérance et l’égalité des droits entre hommes et femmes, la foi baha’ie s’étend lentement mais sûrement sur tous les continents, en dépit des persécutions dont elle est l’objet - en particulier dans nombre de pays musulmans. Ils n’étaient que quatre cent mille adeptes au début des années 60 et sont à présent presque six millions. Et tout indique que leur croissance va s’accélérer, tant le message baha’i est d’actualité.
n ne peut comprendre ce que représente la « communauté mondiale baha’ie » qu’en se penchant sur le contexte de sa naissance, au milieu du siècle dernier. Car il s’agit d’un véritable phénomène, à la fois paradoxal et mystérieux : comment, en effet, d’un milieu islamique, chiite et intégriste, un mouvement progressiste, libéral et universel a-t-il pu surgir, puis s’étendre partout à travers le monde avec une telle rapidité ?

Dès ses débuts, la foi baha’ie professe des enseignements révolutionnaires pour l’époque : elle appelle à l’égalité des sexes, à la compatibilité de la science et de la religion, à la relativité de la vérité (y compris de la vérité religieuse) et à l’unicité absolue du genre humain. Si ces principes constituaient un défi, y compris pour le libéralisme européen du XIXe siècle, que dire du choc ressenti par le monde islamique, alors replié sur son absolutisme.

Trois personnalités ont mené cette révolution issue de l’islam. La première s’appelait ’Ali-Muhammad Shirazi (1819-1850), surnommé « le Bab » (la Porte - sous entendu : la porte ouverte sur une nouvelle ère). Il y eut ensuite Mirza Husayn-’Ali (1817-1892), qui allait prendre le titre de « Baha’u’llah » (la Gloire de Dieu), relayé par son fils aîné, ’Abdu’l-Baha (le Serviteur de Dieu, 1844-1921).Tout commence en 1844, dans la ville perse de Shiraz. Le Bab déclare être le Mihdi (Celui qui est guidé par Dieu), l’incarnation des attentes eschatologiques des musulmans chiites. Son enseignement se limite, dans un premier temps, à un cercle de dix-huit disciples. Mais, grâce à la diffusion de ses écrits, il touche un nombre de plus en grand de personnes, de toutes les couches sociales, et finit par atteindre le grand public. Le procès grotesque qui lui sera fait à Tabriz, en 1848, pour « déviance religieuse » - et à l’issue duquel il sera sévèrement bastonné -, ne fera qu’augmenter sa notoriété.

A l’origine, le babisme est perçu, par ses propres adeptes, comme une simple réforme - bien qu’audacieuse - de l’islam. Il faudra attendre 1848 pour (...)



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Message  Incognito Ven 25 Mai - 20:54

Tu sais, il y a des jours ou je t'aime plus que d'autres, David. Et aujourd'hui c'en est un. Probablement parce que la tristesse m'envahit. Ce texte est un donc un baume, une brise rafraîchissante en mon esprit qui apporte, en ce moment même, un sens à mes abnégations. En voici la suite.

...Il faudra attendre 1848 pour qu'apparaisse clairement la véritable nature des intentions du Bab. Cette année-là, les adeptes du chef religieux se réunissent dans le village de Badasht. Le Bab, emprisonné alors dans le nord du pays, ne peut participer à la rencontre, mais il envoie des messages à ses disciples. Une femme, membre du cercle des dix-huit adeptes, va créer le scandale. Il s'agit de la poétesse Tahirih, de Qazvin, dont on dit qu'elle a refusé d'épouser le chah. Elle enseigne déjà la foi babie, outrepassant ainsi les limites imposées aux musulmanes. Mais à Badasht, avec l'appui du Bab lui-même, Tahirih va aller encore plus loin : elle ôte solennellement son voile en public, affirme qu'elle ne le portera plus jamais, et proclame, à la fois, le principe de l'égalité des sexes et l'aube d'un jour nouveau pour l'humanité tout entière.

Massacres et persécutions

Ce geste spectaculaire marque un tournant dans l'histoire du mouvement. Les adeptes du Bab se divisent. Certains le lâchent, effrayés par tant d'audace. D'autres choisissent de rester à ses côtés. Ceux-là sont résolus et inébranlables dans leur nouvelle foi. En faisant du statut de la femme un des axes principaux de sa religion, le Bab a signalé sans ambiguïté sa volonté de briser à tout jamais le cadre traditionnel de l'intégrisme islamique.
Les représailles ne vont pas tarder. Dans les quatre années qui suivent la rencontre de Badasht, le Bab ainsi que les plus fidèles de ses adeptes sont massacrés, de façon atroce, par les autorités religieuses et politiques du pays. Le dignitaire religieux est fusillé. Tahirih est étranglée. Mais elle ne faiblit pas au moment de mourir et affirme que sa mort, loin de mettre un terme à la libération des femmes à travers le monde, en sera le coup d'envoi. Tout cela se passe, rappelons-le, en 1852, en Perse, c'est-à- dire quelque cinquante ans avant la nomination, en France, de Marie Curie comme première femme professeur à la Sorbonne.

Ces événements dramatiques retentissent jusqu'en Europe et attirent l'attention, notamment, du chargé d'affaires à la légation française de Téhéran, le comte Joseph-Arthur de Gobineau. Celui-ci fait du babisme un des sujets principaux de son livre Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale  (2). Et c'est après avoir lu ce livre que l'orientaliste anglais Edward Granville Browne décide de consacrer sa carrière à l'étude du babisme. Dans l'un de ses ouvrages, rédigé en 1891, il écrira ainsi à propos de Tahirih, surnommée « Qurratu'l-'Ayn » (une consolation pour les yeux) : « L'apparition d'une femme telle que Qurratu'l-'Ayn est, dans quelque pays et à quelque époque que ce soit, un phénomène rare, mais dans un pays comme la Perse, elle constitue un prodige, que dis- je ?, presque un miracle. (...) Si la religion babie ne revendiquait, pour appuyer sa grandeur, que le fait d'avoir produit une héroïne comme Qurratu'l-'Ayn, cela suffirait  (3). »

Alors que le mouvement semble menacer de s'éteindre, tant les persécutions ont été vives, Baha'u'llah prend la relève. Né en 1817 dans une famille noble de Téhéran, il a refusé de suivre la carrière politique à laquelle son père le destinait. Adepte du babisme, Baha'u'llah a été l'un des principaux acteurs de la fameuse rencontre de Badasht. Toute sa vie est parsemée d'embûches. En 1853, il est exilé à Bagdad où il reste dix ans avant d'être à nouveau banni vers Constantinople, puis, en 1868, vers la ville-prison de Saint-Jean-d'Acre, en Palestine  (4).

C'est en 1863, à la veille de son départ forcé de Bagdad pour Constantinople, que Baha'u'llah déclare être « Celui par qui Dieu se manifestera », cette figure prophétique dont le Bab disait préparer la venue et qui aurait pour tâche de compléter sa mission. La grande majorité des babis finissent par accepter la revendication de Baha'u'llah, et le mouvement devient « la foi de Baha'u'llah », donc la foi « baha'ie »

A Bagdad, Baha'u'llah commence la rédaction de nombreux textes qui vont constituer l'essentiel de la révélation baha'ie. Un de ses premiers ouvrages, Le Livre de la certitude (1853)  (5), présente explicitement la conception baha'ie de la relativité et de la progressivité du phénomène religieux à travers l'histoire. S'appuyant sur des faits historiques et les écrits sacrés des religions juive, chrétienne et musulmane, Baha'u'llah offre une nouvelle interprétation du vécu collectif de l'humanité. Une interprétation qui s'oppose à tout absolutisme et à tout intégrisme religieux, quelle qu'en soit la forme. Alors que le Bab semblait viser uniquement l'intégrisme islamique, Baha'u'llah vise clairement toutes les religions établies. La foi baha'ie est ainsi vécue comme un défi non plus seulement par les fondamentalistes musulmans, mais par tous les intégristes.

Dans d'autres écrits, Baha'u'llah va encore plus loin dans ses analyses. Pour lui, le fanatisme et l'intégrisme religieux constituent les maux les plus terribles dont souffre l'humanité. La logique du chef religieux est imparable : le plus vil des voleurs est à la recherche de son intérêt personnel et il s'arrête quand il a obtenu satisfaction. En revanche, rien n'arrête le croyant fanatique, persuadé d'agir avec la bénédiction divine. Selon Baha'u'llah, la religion vise un but pragmatique : tisser les liens d'une véritable fraternité entre tous les êtres humains. De la même façon qu'on est en droit de juger une théorie scientifique d'après ses résultats quantifiables, on a le droit, voire l'obligation, dit-il, de juger une religion en fonction de sa capacité à promouvoir l'amour et l'unité entre les hommes. La religion n'est pas une fin en soi, mais un moyen, et elle a des comptes à rendre dans son interférence avec le vécu.

Toujours d'après Baha'u'llah, la religion ne doit être comprise ni comme une croyance ni comme une idéologie, mais comme une relation authentique entre Dieu et l'homme, d'une part, entre tous les êtres humains, d'autre part. Toute idéologie, qu'elle ait ou non une base religieuse, est une forme d'idolâtrie, dangereuse parce qu'elle finit tôt ou tard par accorder aux idées une plus grande importance qu'elle n'en accorde à l'homme.

Des années plus tard, en 1931, Shoghi Effendi, l'arrière-petit-fils de Baha'u'llah et l'interprète désigné de la foi  (6), fait une présentation lucide de cette conception non idéologique de la religion : « L'appel de Baha'u'llah est, en premier lieu, dirigé contre toute forme d'esprit de clocher, d'étroitesse d'esprit et de préjugés. Si des idéaux longtemps chéris, si des institutions vénérées, si certains postulats sociaux et certaines formules religieuses ont cessé de promouvoir le bien-être de la grande majorité des hommes, s'ils ne contribuent plus aux besoins d'une humanité en développement continuel, alors, qu'ils soient balayés et relégués aux oubliettes des doctrines abandonnées et dépassées. (...) L'humanité n'a pas à être crucifiée pour préserver l'intégrité d'une loi ou d'une doctrine particulière. »

La foi baha'ie oppose donc un humanisme à toute forme d'idéologie. Pour elle, tuer, c'est tuer, que ce soit au nom de Dieu, au nom du prolétariat ou au nom de l'humanitaire. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Baha'u'llah a interdit le prosélytisme ainsi que tout recours à la force pour imposer la doctrine baha'ie. Pour lui, ce sont, précisément, les crimes commis au nom d'un idéal suprême qui constituent la contradiction interne fondamentale de l'histoire de l'humanité.

Entre 1844, année de la déclaration du Bab, et la fin du XIXe siècle, la religion baha'ie ne fera pratiquement pas d'adeptes en Occident. Il faudra attendre les voyages et les conférences d'Abdu'l-Baha, la troisième figure principale de la foi, pour que cela change. Le 11 août 1911,'Abdu'l-Baha quitte l'Egypte pour Marseille, commençant ainsi un périple de vingt-huit mois à travers l'Europe et les Etats-Unis, avec des étapes, notamment, à Londres, Paris et Stuttgart. Partout, il expose les principes de la foi de son père. Ne serait-ce qu'à Paris, il participe à plus de cinquante et une conférences et discussions, pour souligner l'universalisme et l'humanisme de la religion baha'ie et faire la preuve de son caractère non sectaire et non idéologique.

Plusieurs petites communautés de baha'is commencent alors à émerger ici et là en Occident  (7). Cependant, malgré le libéralisme ambiant en Europe, les idéologies qui dominent le siècle rejettent la foi baha'ie et l'attaquent. Elle se voit proscrite en Allemagne nazie. Les baha'is qui se risquent à afficher ouvertement leur religion sont traités de la même façon que les autres ennemis du national-socialisme.

En Russie, la grande communauté baha'ie d'Ashkabad ainsi que les importantes communautés de Moscou, Saint-Pétersbourg et d'ailleurs sont combattues par les bolcheviques après 1917. Ces derniers finissent par interdire la religion baha'ie sous prétexte qu'elle est un mouvement antirévolutionnaire  (8). Il faut dire que, si cette foi partage certains des idéaux humanistes du marxisme, son fondement spirituel et religieux la situe à l'opposé de la thèse matérialiste des bolcheviques.

Malgré tous ces obstacles, la religion baha'ie a progressé rapidement au cours de ces cinquante dernières années, et ses textes ont été traduits, au moins en partie, dans plus de huit cents langues. Solidement établie dans plus de deux cent trente-cinq pays ou régions à travers le monde, elle compte à présent presque six millions d'adeptes. Depuis 1948, la communauté internationale baha'ie est accréditée à l'ONU en tant qu'organisation non gouvernementale et elle collabore activement avec d'autres mouvements dont les idéaux rejoignent les siens. Les dernières statistiques  (9) révèlent que cette religion est, après le christianisme, la plus répandue géographiquement dans le monde.

Son extension depuis la seconde guerre mondiale est passée par plusieurs étapes, chacune assez imprévisible. La première grande percée a eu lieu en Inde dans les années 1955-1965. Aujourd'hui, on y recense plus de deux millions d'adeptes. Des avancées semblables ont eu lieu dans certaines régions d'Afrique, d'Amérique latine et d'Océanie (le roi actuel des îles Samoa occidentales est baha'i). Si, dans certains pays, notamment au Brésil, le gouvernement se félicite officiellement de l'apport de la communauté baha'ie à la société, dans la plupart des pays musulmans, elle continue d'être l'objet d'une persécution tenace et de mesures de harcèlement diverses. C'est ainsi que, à l'automne 1998, le gouvernement iranien a fermé l'université libre que les baha'is de ce pays avaient établie, après qu'ils eurent été interdits dans les autres universités du pays.

Maintenant que les grandes idéologies du XXe siècle semblent en voie d'épuisement et que l'intégrisme religieux se révèle être une impasse, peut-on espérer que le XXIe siècle sera celui d'un véritable humanisme non idéologique et non matérialiste ? Si oui, il ne fait pas de doute que la communauté baha'ie aura un rôle à jouer.

WILLIAM S. HATCHER.

(1) L'eschatologie traite de la finalité de l'homme et du monde.

(2) Joseph-Arthur de Gobineau, Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale, Didier, Paris, 1865 ; 3e édition, Ernest Le Roux, Paris, 1900.

(3) Edward G. Browne, A Traveller's Narrative of the Bab, Amsterdam, Philo Press, 1975 (réédition de la version originale de Cambridge, 1891). Traduction française tirée de Nabil-I-Azam, La Chronique de Nabil, Maison d'éditions baha'ies, Bruxelles, 1986.

(4) En raison de cet ultime bannissement de Baha'u'llah, le Centre spirituel et administratif de la foi baha'ie a été établi sur le mont Carmel, à Haïfa, près de Saint- Jean-d'Acre, en Israël. Il y est toujours installé aujourd'hui.

(5) Baha'u'llah, Le Livre de la certitude, traduction française d'Hippolyte Dreyfus, Presses universitaires de France, Paris, 1987.

(6) A sa mort (1892), Baha'u'llah a désigné pour successeur légitime son fils aîné, 'Abdu'l-Baha, comme le « Centre » de son « alliance » avec ses adeptes, titre qui conférait à 'Abdu'l-Baha toute autorité spirituelle et administrative. A son tour, 'Abdu'l-Baha devait désigner pour successeur son petit-fils Shoghi Effendi. Ce dernier a dirigé la communauté baha'ie de 1921 jusqu'à sa mort, en 1957. La communauté mondiale baha'ie est actuellement administrée par la Maison universelle de justice, un conseil de neuf personnes élu tous les cinq ans. Pour plus de détails, lire William Hatcher et Douglas Martin, La Foi baha'ie, l'émergence d'une religion mondiale, Maison d'éditions baha'ies, Bruxelles, 1998. Et l' Encyclopédie philosophique universelle, vol. III, Presses Universitaires de France, Paris, 1992.

(7) Paris a été le creuset du message baha'i en Europe. C'est là, en effet, qu'en 1890 une jeune Américaine résidant en France, May Bolles, fonda la première communauté baha'ie sur le Vieux Continent.

(8) La communauté baha'ie franchit très tôt la frontière irano- russe pour s'établir dans la ville d'Ashkabad (capitale du Turkménistan), où le premier temple baha'i fut construit en 1902. Le premier acte officiel de persécution de la foi baha'ie en Russie remonte à 1928, quand ce temple fut confisqué par les autorités soviétiques. Au cours des dix années suivantes, on assista à un démantèlement progressif et complet de toutes les communautés baha'ies en Union soviétique. Pour plus de précisions, voir Graham Hassall, « Notes on the Babi and Baha'i Religions in Russia and its Territories », La Revue des études baha'ies, vol. 5, no 3, 1993.

(9) Encyclopaedia Britannica, 1998 Book of the Year, Chicago, 1998.

LE MONDE DIPLOMATIQUE | JUILLET 1999 | Page 25
http://www.monde-diplomatique.fr/1999/07/HATCHER/12219.html

Merci de ta constance, t'es un vrai 'tit pionnier frérot. :pok:


Dernière édition par Incognito le Ven 25 Mai - 21:08, édité 1 fois
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Message  indian Ven 25 Mai - 21:05

Incognito a écrit:Tu sais, il y a des jours ou je t'aime plus que d'autres, David.

Et aujourd'hui c'en est un. Probablement parce que la tristesse m'envahit.
...
Merci de ta constance, t'es un vrai 'tit pionnier frérot. :pok:


Tu sais ÔSS :)
Y'a des jours où j'aimerais pourvoir faire cette danse tant promie.
Et aujourd'hui, encore, et encore... quand j'y repense, ca me rend heureux. 8D

Merci d'être une amie.
(non pas virtuelle, mais tellement bien connectée)

David :t:

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Message  Incognito Ven 25 Mai - 21:18

:ball: 8D  10/4 mon grand.  8D :ball:

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Message  -Ren- Sam 26 Mai - 8:42

indian a écrit:La foi baha'ie est-elle un syncrétisme ?
Fondamentalement, toute religion est un syncrétisme...

indian a écrit:L'affirmation est si souvent avancée qu'elle passe pour incontestable. On la rencontre dans tous les dictionnaires. C'est le reproche que lui font, presque toujours, les théologiens et les journalistes catholiques.
Faudra m'expliquer ce que vient faire le mot "catholique" dans ce texte... :/
...L'Eglise a un discours officiel sur bien des opinions, mais pas spécialement sur le bahaisme (mais on pourra en reparler dans une autre rubrique)

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Message  indian Sam 26 Mai - 11:30

-Ren- a écrit:
Fondamentalement, toute religion est un syncrétisme...

Faudra m'expliquer ce que vient faire le mot "catholique" dans ce texte... :/
...L'Eglise a un discours officiel sur bien des opinions, mais pas spécialement sur le bahaisme (mais on pourra en reparler dans une autre rubrique)

primo je sius en accord avec votre propos sur le syncrétisme, dans une certaines mesure.

secondo, je ne saurais dire, n'étant pas l'auteur du texte. mais si je me fies aux interventions de Marhmonie, c'est à propos.

indian

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