Autrui est un objet

[gad]

La preuve que l'autre est un objet pour l'un, je la vois lorsque l'un caresse ou prend la dépouille d'un être aimé dans ses bras.

[Invité]

Bonjour Gad,

La preuve que l'autre est un objet pour l'un, je la vois lorsque l'un caresse ou prend la dépouille d'un être aimé dans ses bras.

J'ignore si c'est une preuve…
Tout dépend de notre rapport aux objets… certains objets sont grands, profonds, riches, émouvants, ils peuvent nous parler à leur façon… alors combien plus la dépouille de l'être aimé.

J'espère surtout que vous ne témoignez pas d'un drame personnel encore trop brûlant.

Je vous embrasse

votre sœur
pauline

[indian]

La preuve que l'autre est un objet pour l'un, je la vois lorsque l'un caresse ou prend la dépouille d'un être aimé dans ses bras.

je dirais plutôt une chose ou un être... ou une ''patente'' qui existe.
mais les mots sujet ou objet peuvent être adéquats aussi

[Nicolas]

je la vois lorsque l'un caresse ou prend la dépouille d'un être aimé dans ses bras.

Ca vous arrive souvent de caresser et prendre dans vos bras un ordi ou une télé qui vient de rendre l'âme ?

Et quand certains ont ce genre de comportement avec des objets (une robe, ou que sais-je) c'est que l'objet en question est en rapport avec une ou des personnes, donc des esprits. La réalité est donc juste l'inverse de ce que vous dites, on prend Pas dans ces bras une personne comme si c'était un objet, mais on peut le faire avec un objet car il rappel la personne, on ne fait jamais ça POUR un objet.
(bon le "jamais" est surement exagéré, mais les déviances en sen fiche un peu)

[gad]

Tout dépend de notre rapport aux objets… certains objets sont grands, profonds, riches, émouvants, ils peuvent nous parler à leur façon… alors combien plus la dépouille de l'être aimé.

Qu'éprouvez-vous lorsque vous caressez ou embrassez un être vivant?

Et quand certains ont ce genre de comportement avec des objets (une robe, ou que sais-je) c'est que l'objet en question est en rapport avec une ou des personnes, donc des esprits. La réalité est donc juste l'inverse de ce que vous dites, on ne prend pas dans ces bras une personne comme si c'était un objet, mais on peut le faire avec un objet car il rappel la personne, on ne fait jamais ça POUR un objet.

 Qu'est-ce que tu éprouves en caressant ou embrassant un vivant?

[indian]

 Qu'est-ce que tu éprouves en caressant ou embrassant un vivant?

un lien affectif

[gad]

 Qu'est-ce que tu éprouves en caressant ou embrassant un vivant?

un lien affectif

Voilà, alors n'est-il pas absurde d'éprouver un lien affectif pour une dépouille mortelle?

[Invité]

Bonjour Gad,

Qu'éprouvez-vous lorsque vous caressez ou embrassez un être vivant ?

Cela dépend des relations avec cet être vivant.
D'autant que lorsque l'on embrasse ou caresse et que c'est agréable il est compliqué de savoir si on veut se donner un plaisir immédiat ou en donner à l'autre ou mille autres intentions qui mélangent notre passé, notre présent, notre vision de l'avenir, notre libido...

Quand on embrasse ou caresse un défunt, il est difficile de prétendre que c'est par recherche d'une agréable sensation, autre chose se passe.
Quelle intention se cache derrière un geste que l'on ne fait pas très souvent vis à vis d'un caillou ou d'une lessiveuse mais que l'on peut faire avec une photo ou un objet-souvenir...
Dès lors on peut penser que le corps du défunt ou sa photo ou  un objet-souvenir est une icône qui rend présent ce qu'elle représente et qui réactualise les sentiments que l'on éprouvait de son vivant et qui aiguise les sentiments qu'il suscite encore.

Très cordialement
votre sœur
pauline

[indian]

Voilà, alors n'est-il pas absurde d'éprouver un lien affectif pour une dépouille mortelle?

je ne vois pas l'absurdité.
bien au contraire, j'ai toujours trouvé cette expérience enrichissante au plan affectif.

[gad]

Bonjour Gad,

Qu'éprouvez-vous lorsque vous caressez ou embrassez un être vivant ?

Cela dépend des relations avec cet être vivant.
D'autant que lorsque l'on embrasse ou caresse et que c'est agréable il est compliqué de savoir si on veut se donner un plaisir immédiat

 Tout à fait!  

ou en donner à l'autre ou mille autres intentions qui mélangent notre passé, notre présent, notre vision de l'avenir, notre libido...

 En effet, si je fais de l'introspection en ce qui concerne mon désir d'embrasser, j'y vois d'abord et surtout le désir de me fondre à l'autre, désir qui traduit la recherche d'unité du vivant, le désir de retourner à l'unicité de l'Être, j'y vois aussi un désir de possession, retenir l'autre dans ses bras, c'est une façon de se tenir chaud, et c'est aussi l'illusion de ne plus être seul.  C'est aussi une façon de dire à l'autre qu'on l'aime, c'est-à-dire qu'on aime sa présence, son contact, sa voix, son odeur. Maintenant, il peut aussi arriver qu'on caresse l'autre pour lui donner du plaisir.  Comme le monde est bien fait on peut aussi y prendre du plaisir au toucher ou à ses courbes , et éprouver la jouissance du pouvoir quand l'autre manifeste son plaisir.

Quand on embrasse ou caresse un défunt, il est difficile de prétendre que c'est par recherche d'une agréable sensation, autre chose se passe.

 J'y vois aussi la dernière manifestation de ce que j'ai souligné ci-dessus, vaine manifestation puisque l'autre est mort.

Quelle intention se cache derrière un geste que l'on ne fait pas très souvent vis à vis d'un caillou ou d'une lessiveuse mais que l'on peut faire avec une photo ou un objet-souvenir...

 Le désir de fusion et le désir de possession dont je parle ci-dessus.

Dès lors on peut penser que le corps du défunt ou sa photo ou  un objet-souvenir est une icône qui rend présent ce qu'elle représente et qui réactualise les sentiments que l'on éprouvait de son vivant et qui aiguise les sentiments qu'il suscite encore.

 Tout à fait, mais c'est oublier qu'on n'a plus à faire  à un vivant, ce qui m'amène à formuler l'idée que même de son vivant, on le traitait comme un objet.
Pensez-y Pauline, qu'est l'autre pour vous?  Une image 3D, parfois tactile, odorante ou sonore.  C'est par la raison ou par l'empathie qu'on pense que c'est un sujet, un lieu de sensations, émotions et éventuellement pensées.

[Invité]

Bonjour Gad,

Quand on embrasse ou caresse un défunt, il est difficile de prétendre que c'est par recherche d'une agréable sensation, autre chose se passe.

J'y vois aussi la dernière manifestation de ce que j'ai souligné ci-dessus, vaine manifestation puisque l'autre est mort.

Aah ?
Est-ce grave ? Docteur.

Quelle intention se cache derrière un geste que l'on ne fait pas très souvent vis à vis d'un caillou ou d'une lessiveuse mais que l'on peut faire avec une photo ou un objet-souvenir...

Le désir de fusion et le désir de possession dont je parle ci-dessus.

Cela me paraît très restrictif surtout quand on n’attend rien de ce que l’on embrasse. Il peut y avoir une nostalgie ou encore l’espoir qu’on envoie un message et qu’il sera reçu.
Ou tout simplement, l'idée que le temps n'est qu'une illusion, hier est toujours présent.

Dès lors on peut penser que le corps du défunt ou sa photo ou  un objet-souvenir est une icône qui rend présent ce qu'elle représente et qui réactualise les sentiments que l'on éprouvait de son vivant et qui aiguise les sentiments qu'il suscite encore.

Tout à fait, mais c'est oublier qu'on n'a plus à faire  à un vivant

Oublier ? non, pourquoi ?
Quand on embrasse un mort on sait que l’on embrasse un cadavre mais des tas de réalités qui lui sont liées sont encore vivantes en nous et peut-être autre part.

ce qui m'amène à formuler l'idée que même de son vivant, on le traitait comme un objet.

Il y a des objets que l’on traite comme s’ils avaient une âme ou comme s’ils établissaient un lien avec une âme.

Vous avez envisagé l’oubli qu’il s’agit d’un mort, mais si on n’oublie pas qu’il est vivant on le traite comme un vivant.

Pensez-y Pauline, qu'est l'autre pour vous?  Une image 3D, parfois tactile, odorante ou sonore.

L’autre est ce qui me permet d’être moi. C’est parce qu’un jour l’enfant réalise que sa mère est autre qu’il entame la création de son moi.

C'est par la raison ou par l'empathie qu'on pense que c'est un sujet, un lieu de sensations, émotions et éventuellement pensées.

Peut-on penser que l’autre n’est pas un sujet ?

Certes, on peut le traiter comme un objet, c'est assumer un déni.
C’est précisément pour exorciser la blessure narcissique fondamentale : Au moment où j’ai appris que j’étais probablement un sujet c’est exactement au moment où j’ai su que, probablement, je ne suis pas le seul vrai sujet.

Très cordialement
Votre sœur
pauline

[Invité]

La preuve que l'autre est un objet pour l'un, je la vois lorsque l'un caresse ou prend la dépouille d'un être aimé dans ses bras.

Je ne comprends pas bien. De qui parlez vous quand vous dites "l'un" ?
Par dépouille vous entendez le corps mort ?
C'est une dénonciation de quelque chose de néfaste à vos yeux ?

Je crois pouvoir avancer un certain nombre de réflexions (qui vaudrons ce qu'elles vaudrons) mais je veux être sûre de bien comprendre.

Merci

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