Pourquoi avons nous peur de la mort?

[indian]

https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/la-nature-selon-boucar/segments/entrevue/123393/mort-rites-funeraires-deuil-luce-des-aulniers-anthropologue

Fascinant interview voir l'audio-fil

«Dans notre société occidentale, la définition de la vie équivaut à l’existence, alors que pour d’autres sociétés, il y a 100 ans, il y a 1000 ans, la vie existait avant la naissance et après la mort. Si tu racornis la vie sur le petit trait d’union entre les deux fameuses dates, […] ça donne des conduites boulimiques de consommation, donc de destruction. Et à mon sens, c’est une des raisons qui ont fait qu’on a détruit la planète.»
— Luce Des Aulniers

[indian]

https://www.fcfq.coop/chroniques/luce-des-aulniers-questions-vie-mort-52/

Les connaissances permettent donc d’avoir certains repères, mais n’y a-t-il pas des pièges aussi à éviter ?

L’effet pervers, quand on a un savoir théorique, c’est de vouloir démontrer que l’on maîtrise le sujet en faisant l’étalage de ses connaissances, de vouloir comprendre trop vite ou encore d’imposer son savoir-faire ou ses schémas. Quand quelqu’un rencontre la mort dans sa vie, il a besoin d’être écouté dans sa singularité et non pas de se faire dire « c’est normal » ou « je comprends ». Trop souvent, on veut rassurer beaucoup trop vite.

-Luce DesAulniers

[Invité]

Parce que nous nous trompons sur la nature réelle de la mort.
Parce que nous pensons que la mort existe.
Et que c'est nécessairement quelque chose à craindre.

[Invité]

Bonjour Indian,

Pardonnez mon scepticisme.
Le segment vs la droite infinie...

Si tu racornis la vie sur le petit trait d’union entre les deux fameuses dates, […] ça donne des conduites boulimiques de consommation, donc de destruction. Et à mon sens, c’est une des raisons qui ont fait qu’on a détruit la planète.»

J'ai l'impression que cette boulimie de consommation est récente et qu'elle est alimentée par un incroyable lavage de cerveau.

Il y a cette idée basique : "Mangeons et buvons car demain nous mourrons" (Esaïe XXII:13) est-ce que si j'étais immortelle cela changerait quelque chose ? Si je renonce au plaisir d'aujourd'hui l'aurais-je demain ?
Pourquoi procrastiner le plaisir ?
Connaissez-vous un affamé qui dédaigne la pâtisserie qu'on lui offre et qu'il adore au motif que dans une prochaine vie il en aura de meilleures ?
Si je suis immortelle pourquoi me priver ?

En quoi l'espérance d'une éternité d'existences indépendantes les unes des autres peut suggérer la sobriété ?
.... À moins d'inventer ex nihilo un aiguillon du genre mécanisme de sanction/récompense trans-existentiel.
Aaaahhh, la peur d'un retour de bâton, c'est motivant.

Peut-être que la société moderne a réussi à déculpabiliser tout ce qui ressemble à de la consommation.

Alors que...
Savoir que tout est périssable, fugitif et provisoire peut et devrait inspirer le respect, la responsabilité, l'amour... vis à vis du moindre élément du cosmos qui a tant besoin de notre fraternité pour ne pas voir écourtée son éphémère existence.

Très cordialement
votre sœur
pauline

[indian]

J'ai l'impression que cette boulimie de consommation est récente et qu'elle est alimentée par un incroyable lavage de cerveau.

Très cordialement
votre sœur
pauline

#metoo

mais n'oublions pas les conquêtes et colonisations pour la main mise sur les ressources, par les riches. encore.

[Invité]

Bonjour Indian,

mais n'oublions pas les conquêtes et colonisations pour la main mise sur les ressources, par les riches. encore.

Permettez-moi d'étendre votre propos à toute exploitation de la nature.

Il me semble que dès que l'humanité a banalisé l'échange marchand le ver était dans le fruit.

Quand nous achetons au prix demandé par le vendeur nous nous figurons que nous sommes quitte.
Sous le prétexte que nous avons payé notre dette au vendeur nous négligeons notre dette à la nature.
Au motif que nous ne devons rien à l'immense communauté des acteurs économiques nous pensons ne rien devoir à l'humanité toute entière qui s'est peut-être appauvrie de notre consommation .

Pour revenir au sujet, la peur de la mort est-elle anthropologique ou culturelle ?

Il y a évidemment la peur de l'inconnu.
La peur que ce passage soit douloureux, dramatique, la peur que ce soit le moment où l'insupportable nous submerge.

Et puis, c'est toujours une fin même si l'on peut espérer une suite.
Dès lors, on pourrait s'attendre à ce que le trépas soit une délivrance pour le pauvre ou le malheureux et qu'il soit une catastrophe pour le nanti ou le bienheureux, quelle que soit la perspective de l'après-trépas.
D'où l'importance de l'héritage... ce qui nous ramène à la surconsommation, si je n'ai pas tout dévoré pendant ma vie la boulimie sera transmise à mes héritiers...
Néanmoins, il y a des sociétés où la transmission héréditaire des richesses est normale et d'autres où elle est fort limitée.

Par ailleurs, il semble que certaines variantes du Protestantisme anglo-saxon ont encouragé l'idée que la réussite économique allait de pair avec une sorte de bénédiction divine. Le Testament Premier encourage parfois cette idée en suggérant que notre malheur est signe du péché d'un membre de notre lignée.

La curiosité à mes yeux est que notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ insiste tout particulièrement sur l'injustice de la richesse personnelle mais que rares sont les Églises qui ont vraiment prôné le partage radical et plus rares encore celles qui l'ont mis en œuvre.

Très cordialement
votre sœur
pauline

[indian]

et merci

[indian]

Parce que nous nous trompons sur la nature réelle de la mort.
Parce que nous pensons que la mort existe.
Et que c'est nécessairement quelque chose à craindre.

Quelle est la nature réelle de la mort?
La mort existe, ma mère est morte.
Non, car je ne crains pas.

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