Une petite soeur de Foucauld dans le dialogue avec les musulmans

[Roque]

Je reçois ce mail d'une petite sœur de Foucauld que j'ai connue au Niger, il y très longtemps, et qui reste très engagée après son retour en France dans le dialogue avec les musulmans. Elle était venue nous visiter - ma femme et moi -

A mes petites soeurs et à mes amis j’ai envie de partager la très émouvante rencontre que nous avons eue le dimanche 15 à Paris.

Tous les ans est organisée à Paris par le groupe islamo chrétien une marche pour la paix : d’une église à la grande mosquée.

(L’année dernière comme Mgr Tessier y participait, le départ était à Notre Dame.)

Cette année elle était programmée le dimanche 15 novembre, le surlendemain de ce massacre horrible vécu à Paris.

Bien sûr la marche n’a pu avoir lieu mais la rencontre après hésitations a été maintenue comme une urgence , un devoir de marquer combien chrétiens et musulmans, nous devions encore d'avantage marquer notre solidarité.

Il a été décidé que le temps que nous devions consacrer à la marche serait consacré à la prière.

Une grosse bougie a été allumée sur la table. Et après la récitation du notre Père et de la Fatiha,

Sr Catherine, Xavière, a lu les béatitudes selon St Mathieu

Lecture suivie d’un long temps de silence .

Khaled a lu des versets du coran de fraternité et de paix dans la sourate 2

Lecture suivie d’un long temps de silence.

Frère Séraphin, capucin de 78 ans a ensuite pris la parole:

“ François d’Assise dans mon itinéraire spirituel et mon engagement citoyen. ”

Frère Séraphin a impressionné tout notre groupe par sa simplicité, son humilité.

40 ans cuisinier de sa communauté, plusieurs années au service de ses frères malades et âgés. Vrai fils de saint François dont le visage rayonnait la paix.

Après un repas fraternel: - tiré du sac -, nous avons écouté Fouzia Oukazi :

(Elle est professeur d’histoire et de géographie.)

Le sujet était:

“ L’émir Abdel kader dans mon itinéraire spirituel et mon engagement citoyen ”

Après des années d'indifférence, grâce à la rencontre de Rachid Bentounes, elle a découvert les soufis dont actuellement elle fait partie.

Le soir des évènements, sa fille était sortie: “J’ai prié...il ne faut pas haïr.”

Elle a supplié Dieu de la protéger, puis sa prière s’est transformée:

“Des mamans doivent pleurer cette nuit, si ma fille fait partie des victimes, je suis avec tous ces parents qui pleurent”... et elle a senti une grande paix et un total abandon à Dieu.

Sa fille est rentrée. C’est en larme, et bouleversée par tant de souffrance et d’horreur qu’elle nous a dit cela.

Puis elle a continué à nous parler de cette si belle figure de l’Emiir Abdel Kader soufi ,

non violent.

Elle a parcouru sa vie d’algérien résistant à la colonisation 1832, 1847 ;

de prisonnier etc….De cet homme qui passait des nuits de prière, même sur son cheval !

“L’amour est ma religion et ma foi”

“Quand on est en prière, Dieu devient l'ouïe, le pied…”

Il y a eu des questions dont une lui demandant comment sa foi la guidait dans sa façon de mener sa classe ?

Elle nous a répondu qu’elle se mettait à l’entrée de sa classe et saluait chacun par son nom en le regardant dans les yeux. Que chaque élève doit se sentir considéré Qu’a des moments de tentions elle imposait un temps de silence….

Puis la réunion s’est terminée par un deuxième long temps de prière;

Catherine a choisi des passage de St Paul sur l’espérance, et Khaled des versets du coran;

chaque lecture suivie d’un long moment de silence.

Pour conclure la prière il y a eu la récitation du notre Père

Ensuite Sulleiman nous a lu un très beau texte sur Marie; et nous a fait longuement psalmodier le nom de Dieu en arabe, en changeant de note. c’était très émouvant.

Il a terminé par la Fatiha psalmodiée.

Après la réunion nous nous sommes retrouvés, un petit groupe d’amis et Khaled a dit à Sulleiman: “ Ta Fatiha du soir n’était pas la même que celle du matin ! le matin tu récitais une prière, mais le soir tu la vivais.” et Sulleiman, les larmes aux yeux a approuvé.

Voilà : J’ai eu avec petite sr Marlène et tous ceux qui participaient à cette rencontre le privilège de vivre ce moment très fort d’humanité implorante ensemble profondément unis en Dieu.

Pour ceux ou celles qui ne le connaissent pas, voici le texte de la Fatiha (ouverture de la prière musulman):

“Au nom de Dieu, celui qui fait miséricorde, le miséricordieux

Louange à Dieu Seigneur des mondes: celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux

Le Roi du jour du jugement

C’est toi que nous adorons, c’est toi dont nous implorons le secours

Dirige nous dans le chemin droit: le chemin de ceux que tu as comblé de bienfaits; non pas le chemin de ceux qui encourent ta colère, ni celui des égarés”

Très unie à chacun et chacune de vous pour construire ensemble un monde plus humain.

petite sr Danièle Catherine

[-Ren-]

Merci pour ce partage ; j'avais fait la première marche "Abdelkader/St François" à Amboise il y a quelques années, je savais qu'ils avaient maintenu l'événement de dimanche en l'aménageant, mais je n'avais pas pu m'y rendre

[Roque]

Elle est venue nous visiter justement ce vendredi 13 novembre et nous avait quitté vers 18 heures. Elle a antérieurement connu plusieurs épisodes assez violents contre la mission catholique à Zinder, puis les évènements sanglants de Niamey. Antérieurement, elles sont vécu près de Nguigmi comme éleveuses de chèvres dans un campement nomade parmi les Toubous. Elles parlent plusieurs langues dont celle là. C'est là que je les ai connues en 1978. A cette époque, beaucoup d'oiseaux et l'eau du Lac arrivant à 7km de Nguigmi (je m'y suis baigné, si c'est vrai !). Maintenant tout à reculé d'au moins 150 Km vers la pointe du Cameroun aux confins du Nigéria et les Boko Haram transitent dans cette région.

Elles ont été contraintes par l'Etat de revenir à Niamey. Mais elle - étant maintenant âgée - est revenue dans le sud de la France. Une personne d'une extraordinaire liberté, d'un contact très chaleureux. Elle me donne une impression de " légèreté ", elle a encore bougé plusieurs fois depuis sa venue en France. Je me demande si elle n'est pas restée " nomade ".

[Contenu sponsorisé]