Saadiah (ben Yossef) Gaon dit le Rassag (882-942)
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Saadiah (ben Yossef) Gaon dit le Rassag (882-942)
Considéré par beaucoup comme le plus éminent penseur et scientifique de l'époque des Geonim, il est un dirigeant du judaïsme babylonien et l'un des plus ardents adversaires du karaïsme. Il est le premier rabbin à approfondir les sciences profanes sans pour autant abandonner l'étude religieuse.
Peu d'éléments biographiques sur les premières années de sa vie, on le croit issu d'une famille modeste de haute Égypte, fils d'un père artisan. Toutefois, on le dit précoce dans les sciences religieuses et profanes, dans les activités littéraires et communautaires. Lorsqu'il va en Israël (autour de 905), il a déjà une réputation d'érudit (nous ne connaissons pas les raisons de son départ d'Égypte).
À partir de 921, on le retrouve comme l'un des acteurs principaux dans le conflit qui oppose l'académie de Jérusalem aux communautés de Babylone pour l'établissement du calendrier juif. Les Palestiniens avaient perdu depuis un certain temps déjà la prérogative de fixer les dates religieuses et le gaon palestinien souhaitait la rétablir. Ce qui n'est pas anodin. La modification des jours d'occurrence des fêtes et des nouvelles lunes qui déterminent l'occurrence des mois est considérable. Un conflit qui fut schismatique au point que les Juifs palestiniens célébraient Roch ha-chanah le mardi et ceux de Babylone, le jeudi. La virulence de cet affrontement illustrait l'enjeu sous-jacent qui était la suprématie de Babylone sur la Palestine. Saadiah a un rôle premier dans la victoire des communautés de Babylone et sera nommé dirigeant à l'académie de Poumbedita puis gaon de Soura en 928.
Très vite, une dispute entre Saadiah et l'exilarque qui le nomma (David Ben Zakkaï) dont le résultat fut la déposition réciproque ! Ce fut sept années de conflit entre le spirituel et le séculier qui ébranla le pouvoir babylonien.
Abandonnant le gaonat, Saadiah en profita pour rédiger son ouvrage philosophique « Livre des croyances et des opinions ». La plupart de ses écrits halakhiques demeurent encore en manuscrits et commencent seulement à émerger des travaux scientifiques.
Une oeuvre abondante et novatrice
Saadiah fut l’un des précurseurs de la littérature rabbinique, et sans doute le pionnier dans la rédaction de monographies consacrées à des thèmes précis de la loi juive. Il en rédigea dix, dont un ouvrage sur les présents et un autre sur les transactions commerciales, chacun réparti en ce qui deviendra le modèle classique des sections et sous-divisions. Chaque sujet y est abordé par une brève définition de la discussion, suivie des détails et énoncés talmudiques qui s’y réfèrent. Il fut également le premier à rédiger des écrits législatifs en remplaçant par l’arabe l’araméen qui n’était plus la langue d’usage chez les Juifs de Babylone.
Saadiah s’intéressa de près à la linguistique : il est l’auteur d’un dictionnaire hébraïque dans lequel il expose les principes de la grammaire qu’il approfondira dans une œuvre aujourd’hui fragmentaire. On lui doit également un travail sur les mots utilisés une seule fois dans la Bible les commentant avec le Midrash, afin de contrer les Karaïtes. Toutefois ces travaux restent secondaires par rapport à la stature de sa traduction et de son commentaire partiel de la Bible en langue et caractères arabes, classique des arabisants juifs, comme les Yéménites.
Kitāb al-Amānāt wal-lʿtiḳādāt
En dépit de la valeur de ces œuvres, c’est par son ouvrage philosophique Emounot ve-déot/Kitāb al-Amānāt wal-lʿtiḳādāt (Livre sur les Articles de Foi et les Doctrines du Dogme), que le Rassag acquit la plus grande notoriété en tant que précurseur de la philosophie juive médiévale.
Profondément influencé par l’école islamique des mutazilites, l’aristotélisme, le platonisme et le stoïcisme, il propose une analyse rationnelle des principes fondamentaux du judaïsme. À côté de l’Écriture et de la tradition, il reconnaît celle de la raison et affirme le droit et le devoir d’examiner la croyance religieuse. Selon lui, la raison enseigne les mêmes vérités que la Révélation. Ses thèses portent sur l’unité de D.ieu, Ses Attributs, la Création, la révélation de la Loi, la nature de l’âme humaine… S’il admet des croyances telles que celle de la résurrection des morts, en exposant que la raison ne semble pas s’y opposer, il en rejette catégoriquement d’autres, populaires parmi les Juifs de son époque, comme la métempsycose, ou même celle au Satan. Dans la première partie, l’auteur évoque des problèmes relevant de l’eschatologie comme la Résurrection, l’avènement du Messie et la Rédemption. Il conclut par des considérations sur la manière dont l’homme doit se comporter en ce monde afin de s’accomplir dans le vrai bonheur.
En filigrane de l’ouvrage, on peut noter qu’il s’oppose aux idées répandues par les karaïtes, les dualistes, les trinitaires et l’islam.
Influence
On lui doit également une compilitation systématique en arabe du livre des prières annuelles, le Siddour accompagné de piyyoutim (poèmes liturgiques) de sa composition. Il exerça une influence sans précèdent sur les générations à venir, représentant pour Abraham ibn Ezra, le gaon par excellence et faisant dire à Maïmonide, qui ne partageait pas ses opinions philosophiques : « Peu s’en fallut que ne fût détruite la Torah divine, s’il n’avait été là » (Épitre au Yémen). Ses travaux influencèrent le Rambam, l’Espagne et les tossafistes de France et d’Allemagne
Source: Dictionnaire encyclopédique du judaïsme
Fiche akadem: http://www.akadem.org//medias/documents/Doc4_SaadiaGaon.pdf
Page wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Saadia_Gaon#Ex.C3.A9g.C3.A8se
Peu d'éléments biographiques sur les premières années de sa vie, on le croit issu d'une famille modeste de haute Égypte, fils d'un père artisan. Toutefois, on le dit précoce dans les sciences religieuses et profanes, dans les activités littéraires et communautaires. Lorsqu'il va en Israël (autour de 905), il a déjà une réputation d'érudit (nous ne connaissons pas les raisons de son départ d'Égypte).
À partir de 921, on le retrouve comme l'un des acteurs principaux dans le conflit qui oppose l'académie de Jérusalem aux communautés de Babylone pour l'établissement du calendrier juif. Les Palestiniens avaient perdu depuis un certain temps déjà la prérogative de fixer les dates religieuses et le gaon palestinien souhaitait la rétablir. Ce qui n'est pas anodin. La modification des jours d'occurrence des fêtes et des nouvelles lunes qui déterminent l'occurrence des mois est considérable. Un conflit qui fut schismatique au point que les Juifs palestiniens célébraient Roch ha-chanah le mardi et ceux de Babylone, le jeudi. La virulence de cet affrontement illustrait l'enjeu sous-jacent qui était la suprématie de Babylone sur la Palestine. Saadiah a un rôle premier dans la victoire des communautés de Babylone et sera nommé dirigeant à l'académie de Poumbedita puis gaon de Soura en 928.
Très vite, une dispute entre Saadiah et l'exilarque qui le nomma (David Ben Zakkaï) dont le résultat fut la déposition réciproque ! Ce fut sept années de conflit entre le spirituel et le séculier qui ébranla le pouvoir babylonien.
Abandonnant le gaonat, Saadiah en profita pour rédiger son ouvrage philosophique « Livre des croyances et des opinions ». La plupart de ses écrits halakhiques demeurent encore en manuscrits et commencent seulement à émerger des travaux scientifiques.
Une oeuvre abondante et novatrice
Saadiah fut l’un des précurseurs de la littérature rabbinique, et sans doute le pionnier dans la rédaction de monographies consacrées à des thèmes précis de la loi juive. Il en rédigea dix, dont un ouvrage sur les présents et un autre sur les transactions commerciales, chacun réparti en ce qui deviendra le modèle classique des sections et sous-divisions. Chaque sujet y est abordé par une brève définition de la discussion, suivie des détails et énoncés talmudiques qui s’y réfèrent. Il fut également le premier à rédiger des écrits législatifs en remplaçant par l’arabe l’araméen qui n’était plus la langue d’usage chez les Juifs de Babylone.
Saadiah s’intéressa de près à la linguistique : il est l’auteur d’un dictionnaire hébraïque dans lequel il expose les principes de la grammaire qu’il approfondira dans une œuvre aujourd’hui fragmentaire. On lui doit également un travail sur les mots utilisés une seule fois dans la Bible les commentant avec le Midrash, afin de contrer les Karaïtes. Toutefois ces travaux restent secondaires par rapport à la stature de sa traduction et de son commentaire partiel de la Bible en langue et caractères arabes, classique des arabisants juifs, comme les Yéménites.
Kitāb al-Amānāt wal-lʿtiḳādāt
En dépit de la valeur de ces œuvres, c’est par son ouvrage philosophique Emounot ve-déot/Kitāb al-Amānāt wal-lʿtiḳādāt (Livre sur les Articles de Foi et les Doctrines du Dogme), que le Rassag acquit la plus grande notoriété en tant que précurseur de la philosophie juive médiévale.
Profondément influencé par l’école islamique des mutazilites, l’aristotélisme, le platonisme et le stoïcisme, il propose une analyse rationnelle des principes fondamentaux du judaïsme. À côté de l’Écriture et de la tradition, il reconnaît celle de la raison et affirme le droit et le devoir d’examiner la croyance religieuse. Selon lui, la raison enseigne les mêmes vérités que la Révélation. Ses thèses portent sur l’unité de D.ieu, Ses Attributs, la Création, la révélation de la Loi, la nature de l’âme humaine… S’il admet des croyances telles que celle de la résurrection des morts, en exposant que la raison ne semble pas s’y opposer, il en rejette catégoriquement d’autres, populaires parmi les Juifs de son époque, comme la métempsycose, ou même celle au Satan. Dans la première partie, l’auteur évoque des problèmes relevant de l’eschatologie comme la Résurrection, l’avènement du Messie et la Rédemption. Il conclut par des considérations sur la manière dont l’homme doit se comporter en ce monde afin de s’accomplir dans le vrai bonheur.
En filigrane de l’ouvrage, on peut noter qu’il s’oppose aux idées répandues par les karaïtes, les dualistes, les trinitaires et l’islam.
Influence
On lui doit également une compilitation systématique en arabe du livre des prières annuelles, le Siddour accompagné de piyyoutim (poèmes liturgiques) de sa composition. Il exerça une influence sans précèdent sur les générations à venir, représentant pour Abraham ibn Ezra, le gaon par excellence et faisant dire à Maïmonide, qui ne partageait pas ses opinions philosophiques : « Peu s’en fallut que ne fût détruite la Torah divine, s’il n’avait été là » (Épitre au Yémen). Ses travaux influencèrent le Rambam, l’Espagne et les tossafistes de France et d’Allemagne
Source: Dictionnaire encyclopédique du judaïsme
Fiche akadem: http://www.akadem.org//medias/documents/Doc4_SaadiaGaon.pdf
Page wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Saadia_Gaon#Ex.C3.A9g.C3.A8se
Doute-Pieux- Messages : 243
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Date d'inscription : 26/04/2012
Re: Saadiah (ben Yossef) Gaon dit le Rassag (882-942)
Quelques aphorismes de Saadiah Gaon:
"Plus un objectif a de valeur, plus il est difficile à atteindre"
"Il est évident de par la raison que si D. n'a besoin de rien, tout chose en revanche, a besoin de D."
"La mort est une transition avant la vie future, qui est le but ultime de l'existence temporelle."
"Si dans ce monde, les méchants prospèrent, alors que les justes souffrent, il y a certainement un autre monde où chacun sera récompensé selon ses mérites."
"Toute interprétation conforme à la raison ne peut être que juste."
"Le désespoir n'est pas une raison pour trahir."
"En plus de la Bible, le judaïsme repose sur deux piliers: le premier qui la précède est la fontaine de la raison; le second, qui la suit, est la source de la tradition."
"Plus un objectif a de valeur, plus il est difficile à atteindre"
"Il est évident de par la raison que si D. n'a besoin de rien, tout chose en revanche, a besoin de D."
"La mort est une transition avant la vie future, qui est le but ultime de l'existence temporelle."
"Si dans ce monde, les méchants prospèrent, alors que les justes souffrent, il y a certainement un autre monde où chacun sera récompensé selon ses mérites."
"Toute interprétation conforme à la raison ne peut être que juste."
"Le désespoir n'est pas une raison pour trahir."
"En plus de la Bible, le judaïsme repose sur deux piliers: le premier qui la précède est la fontaine de la raison; le second, qui la suit, est la source de la tradition."
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