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Le livre de l'Amour - Abû Hamid Al Ghazâlî

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Message  Invité Jeu 27 Juin - 14:04

Le livre de l'Amour - Abû Hamid Al Ghazâlî Bism

Bismillâh ar-Rahmân ar-Rahîm
Au nom d'Allâh le Tout-Miséricordieux le Très-Miséricordieux


Le livre de l'Amour
Abû Hamid Al Ghazâlî


Nature de l’amour, motifs et portée de l’amour du serviteur pour Allâh

4ème Principe : Sens du Beau et du Bien

           Quand on est confiné dans les limites étroites de son imagination et de ses sensations, on est facilement tenté de penser qu’il n’y a pas d’autre sens à donner au Beau et au Bien que celui de la finesse des traits, de l’harmonie des formes, de la beauté des couleurs, de la blancheur écarlate, de la taille élancée, et d’autres qualités que l’on mentionne généralement lorsque l’on veut parler de la beauté de quelqu’un. Sachant que la beauté qui l’emporte dans ce cas est celle qui a trait au regard.

           (Qui donc est confiné dans les limites étroites de l’imagination et des sensations) sera surtout attiré par l’extérieur des personnes, Il pensera à tort que tout ce qui n’est pas visible ou imaginable ou n’a ni forme ni couleur, n’a pas d’existence propre, et partant, il est impossible d’en saisir la beauté. Or, si l’on ne peut en concevoir la beauté, on ne peut en ressentir, en conséquence, du plaisir, et il ne peut, en aucune façon, devenir objet d’amour. Grossière erreur ! Impossible de ramener la beauté aux perceptions sensibles, à l’harmonie des traits ou au délicat dosage entre rougeur et blancheur.

           Nous disons bien : « Cette écriture est belle, cette voix est belle, ce cheval est beau, et aussi ce bel habit, et ce beau vase ! » Quel sens aurait donc la beauté de la voix, de l’écriture, si la beauté tout entière et simplement dans la forme extérieure ?

           Or, on sait que l’œil trouve plaisir à contempler une belle écriture, et l’oreille à entendre les harmonies belle et douces. Tout ce qui est perceptible peut être soit beau (hasan) soit laid (qabîh). Quel sens a ce beau qui est le dénominateur commun de tous ces objets ? Il y aurait lieu d’engager une réflexion plus vaste. Mais cela risque de nous entraîner trop loin. Il ne sied pas que, dans la science des « mu‘amala » (l’éthique de sociabilité), on parle longuement de cela. Il nous suffit d’affirmer cette vérité Beauté et Bonté d’une chose consistent en ce qu’elle atteigne autant qu’il est possible la perfection (kamâl) qui lui convient. Si elle jouit de toutes les qualités possibles, elle aura alors atteint son plus haut degrés de perfection. Si elle ne jouit que d’une partie relative de ces qualités, elle n’aura proportionnellement, qu’une beauté et une bonté toutes relatives.

           La beauté du cheval dépend de sa forme extérieure : apparence, couleur, joli trot, agilité des mouvements… Bref, chaque chose possède une beauté qui lui convient, et qui pourrait tout aussi bien disconvenir à une autre chose.        

           Ainsi la beauté d’une chose réside dans la perfection qui lui convient. Ce qui convient à l’homme ne convient pas au cheval. Ce qui est bon pour l’écriture ne l’est pas pour la voix .

Ce qui convient aux vases ne convient pas aux vêtements, etc.

Objection : Si l’on prétend que toutes ces choses, même lorsque la vue ne les perçoit pas, comme c’est le cas pour la voix, la saveur des mets dont on se nourrit, ne vont pas cependant sans être perçue par les sens, elles sont donc sensibles, et qu’il n’est pas question de nier aux choses sensibles leur qualité de beau et de bien, ni non plus le plaisir que procure la perception de leur beauté, mais seulement de nier la beauté à ce qui échappe au pouvoir des sens.

           Je dirai que Beauté et Bonté existent bel et bien dans les êtres non sensibles. C’est ainsi qu’on parlera de beau visage, de science belle, de bonne conduite ou de belles vertus. Or, dans « belles vertus » sont inclus : le savoir (‘ilm), l’intellect (‘aql), la tempérance (‘iffa), le courage (shajâ‘a), la piété (taqwâ), la générosité (karam) ; l’intrépidité (murû’a), et d’autres qualités excellentes qui sont du domaine du Bien.

           Aucune de ces qualités n’est perceptible par les sens. Elles ne sont perceptibles qu’à la lumière du regard intérieur (basîra). Or, on aime toutes ces belles qualités. On aime tout naturellement celui qui en jouit, dès lors qu’on le connaît. La preuve qu’il en est ainsi, c’est que l’on a une disposition naturelle à l’amour des Prophètes  et des Compagnons sans les avoir pourtant jamais vus.

           De  même, on aimera instinctivement les chefs des madhâhib (écoles juridiques), comme ash-Shâfi‘î , Abû Hanîfa , Mâlik  et d’autres encore…[8]. Le disciple ira même jusqu’à risquer sa vie pour son imâm et guide et jusqu’à combattre quiconque porterai atteinte à son renom.

           Que de sang n’a-t-on pas versé pour la défense des fondateurs des madhâhib ? Par Allâh ! quel est ce disciple d’ash-Shäfi‘î  qui en viendrait à ne plus aimer son maître, sous prétexte qu’il ne le voit pas ? Il se peut très bien d’ailleurs, que s’il le voyait, il ne le trouverait pas bien beau. Si donc on l’a trouvé aimable, si on a été jusqu’à l’aimer d’un amour extrême, c’est bien en vertu de l’image intérieure qu’on s’en était fait et non pas en raison de son apparence extérieure ! La forme extérieure ? Elle est devenue poussière dans la poussière ! Si on aime ash-Shâfi‘î  c’est bien pour ses vertus intérieures, pour sa religiosité, sa piété, son savoir fécond, sa compétence en tout ce qui a trait à la religion, son engagement en faveur de l’instruction de la science de la Religion et de sa diffusion dans le monde. Autant de choses dont on ne peut connaître la beauté que grâce à la lumière du regard intérieur (basîra).

           Quant aux sens, ils sont parfaitement incapables de saisir toutes ces beautés ! On en dira pour celui qui aime Abû Bakr  le véridique et qui le préférera à tout autre, ou pour celui qui aime ‘Alî  et dont la préférence ira jusqu’à l’acharnement !

           On les aime parce qu’on a trouvé belle leur image intrieure pétrie de science de religion, de piété, de hardiesse, de générosité.

           Il est évident que celui qui aimera Abû Bakr  le véridique, ne l’aimera pas pour ses os, ni pour sa chair ou sa peau, ni pour ses membres ou son apparence extérieure ! Tout cela n’existe plus ! Tout s’est transformé et est devenu néant ! Ce qui demeure, c’est sa qualité de véridique et de juste, ce sont ses vertus remarquables qui ont été à l’origine d’un si beau comportement (sîra). L’amour pour Abû Bakr  est passé dans la postérité, car ses vertus morales ont subsisté dans les mémoires, tandis que la forme extérieure a complètement disparu.

           Toutes ces qualités se ramènent dans leur ensemble au savoir (‘ilm) et au pouvoir (qudra) : à la connaissance (‘ilm) de la profondeur des choses, et au pouvoir (qudra) de s’engager à vaincre ses passions. Tout ce qui se rattache au bien se module suivant ces deux qualités : savoir et pouvoir, deux qualités imperceptibles aux sens, qui font partie intégrante de l’homme, et qui constituent un tout. Et c’est ce que l’on aime. Un tout qui n’a ni apparence, ni forme, ni couleur qui serait perceptible par les yeux, et qui justifierait l’amour qu’on a pour lui !

           Ainsi la beauté existe dans le comportement (sîra). Si ce comportement s’origine en dehors du savoir (‘ilm) et du regard intérieur (basîra), il ne contraindrait pas à l’amour. Ce que l’on aime, c’est ce qui est à l’origine des bons comportements qui sont constitués par les nobles vertus, et toutes les qualités qui se ramènent dans leur ensemble à la plénitude du savoir et du pouvoir. On aime naturellement ces qualités, et pourtant ce n’est pas avec les sens qu’on les perçoit.

           Voyez l’enfant qui n’a pas atteint l’âge de raison. Dès lors que l’on cherche à lui faire aimer un être, qu’il soit absent ou présent, mort ou vivant, il n’y a pas d’autre moyen de le faire que de recourir au courage de cet être, sa générosité, son savoir et ses autres qualités remarquables. Quelles que soit l’idée qu’il s’en fera, l’enfant ne pourra pas ne pas l’aimer.

           L’attrait qu’on a pour les Compagnons, la répulsions à l’endroit d’Abû Jahl, l’aversion que l’on éprouve pour Iblis [9] – qu’Allâh le maudisse –, en quoi tout cela s’origine-t-il si ce n’est au fait que l’on ne tarit pas sur les attraits des uns et les laideurs des autres autant de choses imperceptibles aux sens.

           A force de faire des louanges de Hâtim [10] pour sa générosité, de Khâlid [11] pour son courage, on en arrive infailliblement à les aimer. Or, cela ne provient pas d’une image sensible qu’on a d’eux, cela n’est pas dû à quelque profit qu’on en escompte.

           A supposer que, dans quelque partie du monde, on en vienne à parler de certains rois, de leur bon comportement vis-à-vis des hommes, de leur justice, leur bienfaisance, leur générosité, cela n’ira pas sans influencer les cœurs. On ne pourra que regretter infiniment que leurs bienfaits ne puissent atteindre ceux qui les aiment, à cause de la grande distance qui sépare le lieu où l’on habite de ces lieux bénis qui sont les leurs !

           Ainsi donc, notre amour n’est pas confiné dans les limites de celui qui fait quelque bien. On aime le bienfaiteur, même si l’on n’a pas bénéficié de ses largesses !

           Le Beau, le Bien, on les aime toujours. Le Beau, le Bien englobent à la fois les formes extérieure et intérieure. Le regard sensible (basar) en perçoit la forme extérieure ; le regard intérieur (basîra), la forme intérieure. A défaut de ce regard intérieur, on ne pourra pas connaître la forme intérieure, ni s’en réjouir, ni l’aimer, ni s’y porter ! Celui dont le regard intérieur l’emporte sur les sens extérieurs, aimera les valeurs intérieures plus que les valeurs extérieures. Il n’y a aucune commune mesure entre celui qui aime une forme ciselé sur le mur pour la beauté des formes extérieures, et celui qui aime le Prophète pour la beauté de son image intérieure !

[8] Madhâhîb : les qatres écoles de droit sunnites sont celles auxquelles ont donné leur nom, Abû Hanîfa  (699-767), ash-Shâfi‘î  (767-820), Ibn Hanbal  (780-855) et Mâlik  (715-795)

[9] Un des noms du diable.

[10] Hâtim at-Tâ’î : Poète qui vécut dans la 2ème moitié du 6ème S. La Tradition en a fait le type de la générosité et de l’hospitalité, ainsi que de l’intrépidité.

[11] Khâlid ibn al-Walîd : Général musulman des débuts de la période des conquêtes. Se convertit à l’islam en 627 ou 629. Conquit l’Irak et la Syrie.

Texte complet : http://www.soufisme-fr.com/al-ghazz%E2li/9101-nature-de-l%92amour-motifs-et-port%E9e-de-l%92amour-du-serviteur-pour-all%E2h.html

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Message  Invité Jeu 27 Juin - 14:36


           Que de sang n’a-t-on pas versé pour la défense des fondateurs des madhâhib ? Par Allâh ! quel est ce disciple d’ash-Shäfi‘î  qui en viendrait à ne plus aimer son maître, sous prétexte qu’il ne le voit pas ? Il se peut très bien d’ailleurs, que s’il le voyait, il ne le trouverait pas bien beau. Si donc on l’a trouvé aimable, si on a été jusqu’à l’aimer d’un amour extrême, c’est bien en vertu de l’image intérieure qu’on s’en était fait et non pas en raison de son apparence extérieure ! La forme extérieure ? Elle est devenue poussière dans la poussière ! Si on aime ash-Shâfi‘î  c’est bien pour ses vertus intérieures, pour sa religiosité, sa piété, son savoir fécond, sa compétence en tout ce qui a trait à la religion, son engagement en faveur de l’instruction de la science de la Religion et de sa diffusion dans le monde. Autant de choses dont on ne peut connaître la beauté que grâce à la lumière du regard intérieur (basîra).

Je trouve ce passage que j'ai mis en bleu très intéressant. Si j'essaie de le résumer, l'argument consisterait en ceci : ce sont toujours les qualités intérieures qui font la beauté de l'être humain, et non les qualités physiques ou l'apparence. Ça paraît banal jusque là, mais ça ne l'est pas tant que ça en réalité. Par exemple, le cœur éprouve naturellement des sentiments de répulsion voire d'aversion pour une personne à la beauté physique exceptionnelle mais aux qualités morales médiocres. A l'inverse, il est très attiré par une personne aux qualités morales très élevées, même si le physique est peu avantageux voire "ingrat". Par contre, si les deux personnes sont moralement équivalentes entres elles, mais physiquement dissemblables (physique avantageux et physique ingrat respectivement, mais qualités morales équivalentes ou semblables), dans ce cas précis, le cœur les aime pareillement : il n'y a pas ce coup-ci de discrimination sur critère physique. On en revient donc au point de départ : ce sont toujours les qualités intérieures qui comptent. Qu'en pensez-vous ?

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Message  titou2 Jeu 27 Juin - 17:13

Cebrâîl a écrit:

           Que de sang n’a-t-on pas versé pour la défense des fondateurs des madhâhib ? Par Allâh ! quel est ce disciple d’ash-Shäfi‘î  qui en viendrait à ne plus aimer son maître, sous prétexte qu’il ne le voit pas ? Il se peut très bien d’ailleurs, que s’il le voyait, il ne le trouverait pas bien beau. Si donc on l’a trouvé aimable, si on a été jusqu’à l’aimer d’un amour extrême, c’est bien en vertu de l’image intérieure qu’on s’en était fait et non pas en raison de son apparence extérieure ! La forme extérieure ? Elle est devenue poussière dans la poussière ! Si on aime ash-Shâfi‘î  c’est bien pour ses vertus intérieures, pour sa religiosité, sa piété, son savoir fécond, sa compétence en tout ce qui a trait à la religion, son engagement en faveur de l’instruction de la science de la Religion et de sa diffusion dans le monde. Autant de choses dont on ne peut connaître la beauté que grâce à la lumière du regard intérieur (basîra).

Je trouve ce passage que j'ai mis en bleu très intéressant. Si j'essaie de le résumer, l'argument consisterait en ceci : ce sont toujours les qualités intérieures qui font la beauté de l'être humain, et non les qualités physiques ou l'apparence. Ça paraît banal jusque là, mais ça ne l'est pas tant que ça en réalité. Par exemple, le cœur éprouve naturellement des sentiments de répulsion voire d'aversion pour une personne à la beauté physique exceptionnelle mais aux qualités morales médiocres. A l'inverse, il est très attiré par une personne aux qualités morales très élevées, même si le physique est peu avantageux voire "ingrat". Par contre, si les deux personnes sont moralement équivalentes entres elles, mais physiquement dissemblables (physique avantageux et physique ingrat respectivement, mais qualités morales équivalentes ou semblables), dans ce cas précis, le cœur les aime pareillement : il n'y a pas ce coup-ci de discrimination sur critère physique. On en revient donc au point de départ : ce sont toujours les qualités intérieures qui comptent. Qu'en pensez-vous ?

salam alaykum Cebrail,

On est pas pareil intérieurement. Chacun sa personnalité. Il me semble qu'Ibn Arabi l'a exprimé ainsi que René Guénon. A vérifier insh'Allah

Plusieurs beautés peuvent manifester une même caractéristique : la joie

regarde  --> :pff:    :cheers::yes: :D  :lol:

mais elles se distinguent les unes des autres. La joie peut être souriante, libératrice, dansante, etc.

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Message  titou2 Ven 28 Juin - 15:23

salam alaykum,


Je cite : " il ne peut exister nulle part deux êtres identiques, c’est-à-dire semblables entre eux sous tous les rapports ; c’est là, comme nous l’avons montré ailleurs, une conséquence immédiate de l’illimitation de la possibilité universelle qui entraîne l’absence de toute répétition dans les possibilités particulières ; et l’on peut dire encore que deux êtres supposés identiques ne seraient pas vraiment deux mais que, coïncidant en tout, ils ne seraient en réalité qu’un seul et même être ; mais précisément, pour que les êtres ne soient pas identiques ou indiscernables, il faut qu’il y ait toujours entre eux quelque différence qualitative, donc que leurs déterminations ne soient jamais purement quantitatives. "

Ibn Arabi (paix à son âme) évoque également cette question via les spécificités des Prophètes.

Je pense que l'amour général (fraternité, amitié, etc) est fonction du "degré" plus ou moins accentué de la qualité universelle (on aime davantage le Prophète saws parce que sa pureté est d'un rang élevé), tandis que l'amour entre une femme et un homme est l'attraction d'une "particularité" d'une qualité universelle (voir cas de la joie).


Cebrail a écrit:ce sont toujours les qualités intérieures qui comptent. Qu'en pensez-vous ?

Pour moi, oui.

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Message  Invité Ven 28 Juin - 16:00

titou2 a écrit:tandis que l'amour entre une femme et un homme est l'attraction d'une "particularité" d'une qualité universelle (voir cas de la joie).

Qu'en penses tu ?

Je me suis déjà exprimé là-dessus sur le fil en question ("que tous soient un") en disant que l'amour passionnel constitue une exception et que si tu mettais de côté l'aspect proprement visuel dans le processus d'attraction, eh bien tu aurais affaire à de l'amitié ou de la fraternité, mais certainement pas à de l'amour passionnel. Ça paraît logique, puisque ça fait partie des lois de la vie : on n'aime pas son compagnon ou sa compagne comme on aime ses amis. Tu ne peux pas faire totalement abstraction de cela. En clair, j'assimile l'amour entre un homme et une femme à de l'amour passionnel, bien que l'amitié homme-femme puisse évidemment exister.

Je remets ici mon message :

Ce que tu dis là est vrai, mais il y a une exception : l'attirance et l'amour passionnel. Dans ce cas, la loi d'attraction n'a rien de spirituelle, c'est purement biologique et ça existe aussi largement dans le règne animal. Dans ce cas seulement, tomber amoureux l'un de l'autre, ce n'est pas aimer en l'autre des qualités que Dieu a mises en lui/elle, mais c'est être attiré par l'enveloppe physique, le visuel. Si tu fais abstraction de ce côté visuel, comme c'est le cas dans la véritable amitié et la fraternité, là on pourra dire que ce sont les qualités que Dieu a mises en eux que tu aimes, et donc finalement que c'est Dieu que tu aimes.

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Message  titou2 Ven 28 Juin - 16:55

Cebrâîl a écrit:
Je me suis déjà exprimé là-dessus sur le fil en question ("que tous soient un") en disant que l'amour passionnel constitue une exception et que si tu mettais de côté l'aspect proprement visuel dans le processus d'attraction, eh bien tu aurais affaire à de l'amitié ou de la fraternité, mais certainement pas à de l'amour passionnel. Ça paraît logique, puisque ça fait partie des lois de la vie : on n'aime pas son compagnon ou sa compagne comme on aime ses amis. Tu ne peux pas faire totalement abstraction de cela. En clair, j'assimile l'amour entre un homme et une femme à de l'amour passionnel, bien que l'amitié homme-femme puisse évidemment exister.

Je remets ici mon message :

Ce que tu dis là est vrai, mais il y a une exception : l'attirance et l'amour passionnel. Dans ce cas, la loi d'attraction n'a rien de spirituelle, c'est purement biologique et ça existe aussi largement dans le règne animal. Dans ce cas seulement, tomber amoureux l'un de l'autre, ce n'est pas aimer en l'autre des qualités que Dieu a mises en lui/elle, mais c'est être attiré par l'enveloppe physique, le visuel. Si tu fais abstraction de ce côté visuel, comme c'est le cas dans la véritable amitié et la fraternité, là on pourra dire que ce sont les qualités que Dieu a mises en eux que tu aimes, et donc finalement que c'est Dieu que tu aimes.

Mais personne n'a dit qu'on aimait son compagnon (ou compagne) comme ses amis. Particularité d'une qualité et degré d'une qualité ont été distinguées.

Cela dit, je respecte ton opinion Cebrail. Et j'ai hâte de connaitre l'opinion de nos frères et soeurs : chercheront ils un sens spirituel à l'amour ou lui donneront ils un sens biologique et animal ?

Nous verrons bien insh'Allah ...

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Message  Invité Ven 28 Juin - 17:25

titou2 a écrit:Mais personne n'a dit qu'on aimait son compagnon (ou compagne) comme ses amis. Particularité d'une qualité et degré d'une qualité ont été distinguées.

Cela dit, je respecte ton opinion Cebrail. Et j'ai hâte de connaitre l'opinion de nos frères et soeurs : chercheront ils un sens spirituel à l'amour ou lui donneront ils un sens biologique et animal ?

Nous verrons bien insh'Allah ...

Si j'ai bien compris, tu défends l'idée selon laquelle dans l'amour entre un homme et une femme, c'est surtout la particularité d'une qualité (pour reprendre ton expression) qui joue le rôle d'attracteur, abstraction faite de la biologie. Mais justement, c'est très difficile à savoir, car à partir du moment où la biologie entre en ligne de compte, le spirituel n'y a pas toujours sa place. J'avais lu quelque part des histoires de saints ascètes qui disaient avoir régressé spirituellement en compagnie d'une femme.

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Message  Yahia Ven 28 Juin - 23:07

Effectivement , l'on parle de choses différentes lorsque l'on parle de l'affection entre les hommes en général et de la passion amoureuse en particulier.

Dans le premier cas c'est bien, à mes yeux, la beauté de la personnalité qui importe réellement. Et s'il est vrai que les apparences physiques, peuvent être défavorables, voire trompeuses ( je me suis déjà mépris sur des gens en raison de leur apparence), ce sont bien les qualité morales qui l'emportent définitivement.

En ce qui concerne la passion amoureuse, certes l'aspect physique a le premier mot. Mais elle ne dure pas et devient feu de paille si rien de spirituel ne vient l'enrichir. Les unions qui durent sont celles ou ces autres aspects moraux ont la part la plus constante. Et, parmi elles, les belles relations amoureuses sont celle où se trouve également l'union des esprits. Egalement.
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Message  DenisLouis Sam 29 Juin - 10:29

Dans l'islam certains prophètes sont réputés pour leur beauté extérieure autant qu'intérieure, le Prophète de l'islam lui-même, et Joseph par exemple. Les représentations du Christ montrent aussi la beauté du visage, la représentation du Bouddha obéit à une codification précise qui concerne l'harmonie des formes extérieures.
On trouve des cas opposés, Socrate était laid extérieurement parait-il.
Mais chez un être réalisé la dualité entre l'extérieur et l'intérieur n'existe plus, on voit simultanément une beauté intérieure qui est souvent  décrite  sous forme de lumière, et une beauté extérieure qui s'exprime certes par l'harmonie des proportions du visage et du corps, mais aussi dans tout le langage du corps : les postures, la grâce des mouvements, le timbre et les inflexions de la voix, les  regards...On parle dans le vocabulaire amoureux des "oeillades", en Inde le guru transmet sa grâce par les "katakshas" qui sont des mouvements des yeux, le regard peut aussi véhiculer des aspects plus sombres liés à la colère divine, ou révéler la laideur intérieure d'un individu.
Le corps lui même est un reflet des deux aspects : le visage est un reflet de l'intériorité (mais il la dévoile par ses expressions), et le reste du corps.
On entend d'ailleurs vulgairement des remarques qui détaillent le corps de la femme en comparant/dissociant sa beauté corporelle et la beauté de son visage (il n'y a pas toujours un accord parfait entre les deux, on peut trouver des corps harmonieux avec des visages grossiers ou inversement).

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Message  Idriss Sam 29 Juin - 12:25

Quelqu'un m'a demandé mon âge, après avoir vu la vieillesse grisonner sur mes tempes et les boucles de mon front.
Je lui ai répondu : une heure. Car en vérité je ne compte pour rien le temps que j'ai par ailleurs vécu.
Il m'a dit : « Que dites-vous là ? Expliquez-vous. Voilà bien la chose la plus émouvante. »
Je dis alors :
« Un jour, par surprise, j'ai donné un baiser, un baiser furtif, à celle qui tient mon cœur. Si nombreux que doivent être mes jours, je ne compterai que ce court instant, car il a été vraiment toute ma vie. »
lbn Hazm écrivain andalou (Xè et XIè s.)
Le Collier de la colombe


titou2 a écrit:
Mais personne n'a dit qu'on aimait son compagnon (ou compagne) comme ses amis. Particularité d'une qualité et degré d'une qualité ont été distinguées.

Cela dit, je respecte ton opinion Cebrail. Et j'ai hâte de connaitre l'opinion de nos frères et soeurs : chercheront ils un sens spirituel à l'amour ou lui donneront ils un sens biologique et animal?

On ne saurait jamais contempler Dieu directement  en l'absence de tout support tangible (sensible ou spirituel), car Dieu en soi est indépendant des mondes...
La Contenplation de Dieu dans les femmes  est la plus intense et la plus parfaite;  et l'Union la plus intense encore  (dans l'ordre sensible qui sert de support à cette contemplation) est l'acte d'amour.
Ibn' Arabi



Une tradition rapporte: « J'étais un trésor (caché) et Je n'étais pas connu. Or, J'ai aimé être connu. Je créai donc les créatures afin que Je me fasse connaître à elles. Alors elles me connurent. »

Que Ibn 'arabi commente ainsi:
""N'eût été l'amour, déclare Ibn Arabî, aucune chose ne serait désirée et rien [par conséquent] n'existerait: tel est le secret contenu dans [Sa parole] "J'ai aimé à être connu" . L'amour est générateur d'existence parce qu'il veut absolument combler une absence ou, plus exactement, il veut rendre présent l'objet aimé et qui est nécessairement absent (ghâ'ib) ou manquant (ma'dûm)"

Voir par exemple : http://yasmine.gharbi.over-blog.com/article-le-tresor-cache-ibn-arabi-72642481.html


Spoiler:
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Message  Invité Sam 29 Juin - 14:20

DenisLouis a écrit:on voit simultanément une beauté intérieure qui est souvent  décrite  sous forme de lumière, et une beauté extérieure qui s'exprime certes par l'harmonie des proportions du visage et du corps,

Un contre-exemple :


Julaybib


Julaybib, nom peu commun et réducteur n’est autre que la forme diminutive de "Jalbab" et signifie "petit homme". On comprend par là que Julaybib était petit et trapu, voire nain. Il était, en outre, décrit comme étant "damîm" c’est-à-dire repoussant ou laid.

Fait plus gênant que sa difformité, Julaybib ne connaissait ni sa mère ni son père, ni même sa tribu d’appartenance. On comprend la gravité de cet handicap quand on sait que la société arabe était régie par les liens familiaux et tribaux. Julaybib ne pouvait par conséquent espérer ni compassion, ni secours, ni protection. En somme, Julaybib savait simplement qu’il était arabe et qu’au sein de la récente communauté musulmane, il faisait partie des Ansars. Cependant, on ne sait pas s’il appartenait à l’une des tribus des environs de Médine qui avaient migré par la suite vers la ville, ou s’il était un Ansar de la ville même.

Ses handicaps étaient d’autant plus difficiles à vivre qu’il était constamment mis à l’écart, humilié ou raillé. Un certain Abû Barzah de la tribu des Aslam lui avait même interdit l’entrée de sa maison. Il dit un jour à son épouse : " Ne laisse jamais Julaybib entrer chez nous, sinon je serais sans pitié envers lui. "

En effet, à force d’être l’objet de moqueries de la part des hommes, Julaybib avait l’habitude de se réfugier en la compagnie des femmes.

Julaybib pouvait-il espérer le respect et la considération ? Allait-il pouvoir satisfaire ses besoins émotionnels élémentaires en tant qu’homme et individu ? Etait-il impossible qu’il entretienne des relations humaines normales ? Dans le cadre de la nouvelle société islamique, allait-il encore être écarté des affaires de l’Etat et des questions courantes ?

Malgré les problèmes qui le préoccupaient, le Prophète de la Miséricorde — paix et bénédictions sur lui — sut également écouter les besoins et la sensibilité du plus humble de ses compagnons. Pensant à Julaybib, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — alla trouver un Ansar pour lui demander la main de sa fille.

" Quelle merveille et quelle bénédiction, ô Messager de Dieu ! Quel plaisir ce serait à mes yeux, répondit l’Ansârite débordant de joie et de bonheur.
- Je ne la veux pas pour moi, ajouta le Prophète.
- Pour qui alors, ô Messager de Dieu ?, demanda l’homme quelque peu déçu.
- Pour Julaybib, répondit le Prophète. "

Trop déstabilisé pour réagir, l’Ansârite se contenta de dire qu’il allait consulter son épouse. Il raconta à son épouse : " Le Messager de Dieu, puisse Dieu lui accorder paix et miséricorde, est venu demander la main de notre fille. " Elle fut transportée de joie. " Quelle merveilleuse idée et quel plaisir ce serait ! " Quand son mari ajouta : " Il ne la veut pas pour lui mais pour Julaybib. ", ahurie, elle protesta :
" Pour Julaybib ? Non jamais de la vie ! Non par Dieu, nous ne la marierons pas à Julaybib. "

La jeune fille entendit les protestations de sa mère tandis que son père était sur le point d’informer le Prophète — paix et bénédictions sur lui — de la décision de son épouse. Elle s’enquit du nom du prétendant. Sa mère lui fit part de la demande du Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Lorsqu’elle apprit que la requête venait du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et que sa mère était complètement opposée à cette idée, la jeune fille en fut très perturbée.

" Refuses-tu la requête du Messager de Dieu ? J’accepte car il ne peut m’égarer." N’est-ce pas là la réponse d’une grande femme consciente des exigences de l’islam ? Existe-t-il satisfaction plus grande que d’obéir aux commandements du Messager de Dieu ? Ce compagnon du Prophète — paix et bénédictions sur lui — dont nous ne connaissons même pas le véritable nom avait certainement eu connaissance de ce verset du Coran :

" Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah et Son messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager, s’est égaré certes, d’un égarement évident. " (Le Coran, sourate Al-Ahzab 33, verset 36)

Ce verset avait été révélé suite au mariage de Zaynab Bint Jahsh et de Zayd Ibn Hârithah arrangé par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — dans le but de promouvoir l’esprit égalitaire de l’islam. Zaynab, offensée à l’idée d’épouser Zayd, un esclave affranchi, avait refusé cette union. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — eut le dessus et le mariage fut célébré. Il se termina néanmoins en divorce et Zaynab finit par épouser le Prophète — paix et bénédictions sur lui — lui-même. La jeune fille Ansârî aurait cité ce verset à ses parents et dit : " Je suis heureuse et me soumets à tout ce que le Messager de Dieu juge bon pour moi. "

Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — eut vent de sa réaction et pria pour elle : " Ô Seigneur, accorde-lui le bien en abondance et écarte de sa vie les souffrances et les ennuis. "

Parmi les Ansars, on disait qu’il n’y avait pas épouse plus accomplie qu’elle. Elle fut mariée à Julaybib par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et ils vécurent ensemble jusqu’à sa mort.

Il fut tué lors d’une expédition avec le Prophète — paix et bénédictions sur lui — qui les opposa à des mushrikins. À la fin de la bataille, le Prophète — paix et bénédictions sur lui — interrogea ses compagnons sur leurs pertes. Chacun de citer les noms de ses parents ou amis proches tombés pendant le combat. Le Prophète de s’écrier : " Mais j’ai perdu Julaybib. Partez à sa recherche. "

Julaybib fut trouvé près de sept polythéistes qu’il avait tués avant de tomber. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — se rendit à l’endroit où gisait Julaybib, son petit compagnon difforme et dit : " Il a tué sept hommes avant de mourir. " Il répéta alors plusieurs fois : " Cet homme est de moi et je suis de lui ".

Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — le prit alors dans ses bras. Il lui creusa une tombe et l’y plaça, sans le laver car les martyrs ne reçoivent pas le bain rituel avant l’enterrement.

Julaybib et son épouse ne font habituellement pas partie des compagnons du Prophète — paix et bénédictions sur lui — dont on chante les actes et dont on admire les exploits. Néanmoins le peu que l’on sait d’eux et qui a été repris ici montre que le Prophète — paix et bénédictions sur lui — a su mettre un terme au désespoir et à l’humiliation d’êtres humbles et leur apporter joie et dignité.

La réponse positive de la jeune ansârite dénote une profonde compréhension de l’islam. Son attitude reflète l’effacement de ses désirs et préférences personnels alors qu’elle aurait pu compter sur le soutien de ses parents. Elle ne fit aucun cas des pressions sociales et s’en remit totalement à la sagesse et à l’autorité bienfaisante du Prophète — paix et bénédictions sur lui —. Elle était du nombre des vrais croyants.

À cause de son apparence, Julaybib avait été mis en marge de la société. En lui prêtant secours, le Prophète lui redonna sa confiance. Ainsi soutenu et encouragé, Julaybib fut capable d’actes de courage. Son suprême sacrifice lui valut d’être loué par le Prophète — paix et bénédictions sur lui — : " Il est de moi et je suis de lui. "

Source : Traduit de "Companions of The Prophet", volume 1, de Abdul Wâhid Hâmid.

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Message  Invité Sam 29 Juin - 15:48

DenisLouis a écrit:Mais chez un être réalisé la dualité entre l'extérieur et l'intérieur n'existe plus, on voit simultanément une beauté intérieure qui est souvent  décrite  sous forme de lumière, et une beauté extérieure qui s'exprime certes par l'harmonie des proportions du visage et du corps,

Le cas de Julaybib (homme "repoussant" ou "laid") est donc une exception dans le sens où contrairement à ce que tu sembles croire, la beauté intérieure ne va pas forcément de pair avec la beauté extérieure. Il reçut l'éloge du prophète (صلَّى الله عليه وسلم) pour son courage et ses grandes qualités. Et dans le cas de son mariage, comme dit un peu plus haut par notre ami Yahia, il s'agit exceptionnellement d'union spirituelle ou union des esprits, au sens noble du terme (comme c'est le cas avec les saints et les prophètes), beaucoup plus que d'amour passionnel/physique.

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Message  titou2 Sam 29 Juin - 17:13

DenisLouis a écrit:
Le corps lui même est un reflet des deux aspects : le visage est un reflet de l'intériorité (mais il la dévoile par ses expressions), et le reste du corps.

 salam alaykum,

Merci Denis. C'est précisément ce que je me disais.

C'est la "manière d'être" qui est attractive. On n'est pas charmé par la beauté figée d'un robot, par exemple.

L'observation d'un visage suffit effectivement à dévoiler l'intériorité. Un enfant s'est blessé avant hier et j'ai orienté mon regard vers sa mère. Elle n'a pas dit un mot mais son visage a exprimé la douleur. Notre corps nous trahi donc et curieusement ça me rappelle ce verset coranique dans lequel il est dit que nos membres nous trahirons dans l'au-delà en témoignant contre nous. Tout mouvement semble donc être la manifestation "sensible" de l'intériorité.

Une mère qui observe son enfant avec tendresse est certes attractive mais si cela s'arrête à son enfant, c'est qu'elle n'est pas pleinement tendre, ni pleinement belle.

On ne peut  donc pas se fier aux particularités d'une qualité (ce qui fait qu'un homme s'émerveille un instant de la beauté d'une femme) mais à son degré et plus précisément à sa plénitude en l'homme. ça rejoint ce que disait Yahia : avec la fréquentation et la connaissance de l'autre, on est sensé continuer à s'émerveiller de l'autre.

Idriss a écrit:On ne saurait jamais contempler Dieu directement  en l'absence de tout support tangible (sensible ou spirituel), car Dieu en soi est indépendant des mondes...
La Contenplation de Dieu dans les femmes  est la plus intense et la plus parfaite

Merci idriss

Y a plus intense encore :

Je cite : Le rayonnement spirituel du Prophète était si fort qu'un de ses Compagnons disait : « Un seul regard sur le Messager d'Allah vaut mieux que quarante années d'adoration. »


Dernière édition par titou2 le Dim 30 Juin - 2:14, édité 2 fois (Raison : ajout d'info)

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Message  DenisLouis Mer 3 Juil - 9:10

Cebrâîl a écrit:
DenisLouis a écrit:Mais chez un être réalisé la dualité entre l'extérieur et l'intérieur n'existe plus, on voit simultanément une beauté intérieure qui est souvent  décrite  sous forme de lumière, et une beauté extérieure qui s'exprime certes par l'harmonie des proportions du visage et du corps,

Le cas de Julaybib (homme "repoussant" ou "laid") est donc une exception dans le sens où contrairement à ce que tu sembles croire, la beauté intérieure ne va pas forcément de pair avec la beauté extérieure. Il reçut l'éloge du prophète (صلَّى الله عليه وسلم) pour son courage et ses grandes qualités. Et dans le cas de son mariage, comme dit un peu plus haut par notre ami Yahia, il s'agit exceptionnellement d'union spirituelle ou union des esprits, au sens noble du terme (comme c'est le cas avec les saints et les prophètes), beaucoup plus que d'amour passionnel/physique.

Je ne crois pas qu'il y a forcément dans tous les cas un accord de la beauté extérieure et de la beauté intérieure, c'est pour cela que je citais Socrate.
Je voulais  dire que l'islam parle à la fois de l'intérieur et de l'extérieur, qu'il y a de multiples possibilités dans les rapports entre les deux, avec des cas extrêmes, que la beauté pouvait être un signe parmi d'autres,  que la beauté n'était pas uniquement dans la plastique, mais devait s'apprécier par l'ensemble de l'être, le maintien, les mouvements, la voix etc
Et que chez les êtres réalisés, qu'ils soient plus ou moins beaux selon les canons esthétiques, lesquels peuvent être variables selon les peuples et appréciés de différentes manières selon les êtres, leur extérieur était illuminé par leur lumière intérieure.

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Message  DenisLouis Jeu 4 Juil - 8:59

Même dans le domaine profane et mondain, la beauté  peut très bien être perçue comme un tout englobant le caractère, et dont l'apparence physique n'est qu'un aspect. Voici quelques extraits des mémoires de la comtesse de Boigne où elle évoque Mme Récamier.

« C‘était le caractère définitif de cette beauté, qu’on peut appeler fameuse, de le paraître toujours d’avantage chaque fois que l’on la voyait…
On  a fait bien des portraits de madame  Récamier sans qu’aucun, selon moi, ait rendu les véritables traits de son caractère ; cela est d’autant plus excusable qu’elle est très mobile. Madame Récamier est le véritable type de la femme telle qu’elle est sortie de la main du Créateur pour le bonheur de l’homme. Elle en a tous les charmes, toutes les vertus, toutes les inconséquences, toutes les faiblesses. Si elle avait été épouse ou mère, sa destinée aurait été complète, le monde aurait moins aurait moins parlé d’elle et elle aurait été plus heureuse. Ayant manqué cette vocation de la nature, il lui a fallu rechercher des compensations dans la société. Mme Récamier est la coquetterie personnifiée ; elle la pousse jusqu’au génie, et se trouve l’admirable chef d’une détestable école. Toutes les femmes qui ont voulu l’imiter sont tombées dans l’intrigue et dans le désordre, tandis qu’elle est toujours sortie pure de de la fournaise où elle s’amusait à se précipiter. Cela ne tient pas à la froideur de son cœur ; sa coquetterie est fille de la bienveillance et non de la vanité. Elle a bien plus le désir d’être aimée que d’être admirée…
Tout le monde a fait des hymnes sur son incomparable beauté, son active bienfaisance, sa douce urbanité ; beaucoup de gens l’ont vantée comme très spirituelle. Mais peu de personnes ont su découvrir, à travers la facilité de son commerce habituel, la hauteur de son cœur, l’indépendance de son caractère, l’impartialité de son jugement, la justesse de son esprit. Quelquefois je l’ai vue dominée, je ne l’ai jamais connue influencée…
Dans sa première jeunesse…madame Récamier avait pris de la société où elle vivait une façon de minauderie affectée, qui nuisait à sa beauté, mais surtout à son esprit. Elle y renonça bien vite…

Je n'ai jamais connu personne qui sût, autant que madame Récamier, compatir à tous les maux et tenir compte de ceux qui naissent des faiblesses humaines sans en éprouver de l'irritation. Elle ne sait pas plus mauvais gré à un homme vaniteux de se laisser aller à un acte inconséquent, pas plus à un homme peureux de faire une lacheté qu'à un goutteux d'avoir la goutte, ou à un boiteux de ne pouvoir marcher droit. Les infirmités morales lui inspirent autant et peut-être plus de pitié que les infirmités physiques. Elle les soigne d'une main légère et habile...On la ressent d'autant plus vivement que son âme, aussi pure qu'élevée, ne puise cette indulgence que par la source abondante de compassion placée par le ciel dans ce sein si noblement féminin."



La photographie, et le cinéma ont sans doute contribué à véhiculer une vision de la femme centrée sur son apparence visuelle, plus ou moins parcellaire, trompeuse et embellie par les artifices de la technique.

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Message  Invité Ven 5 Juil - 15:00

DenisLouis a écrit:Je ne crois pas qu'il y a forcément dans tous les cas un accord de la beauté extérieure et de la beauté intérieure, c'est pour cela que je citais Socrate.

J'avais bien compris le propos, mais ce que je voulais souligner, c'est le fait que de façon inconsciente, la beauté extérieure est souvent associée à la beauté intérieure. Certains travaux de psychologie ont pu le montrer (mais il faut lire ces travaux de façon prudente et critique, car les résultats ne sont pas absolus, y compris en sciences).

En voici un extrait significatif :

Un beau visage traduit-il un caractère équilibré ?

En voyant une personne au visage lisse et harmonieux, on se dit : « Voilà un caractère apaisé, serein et équilibré. » L’impression est-elle fondée ? Elle repose sur l’idée sous-jacente que la régularité des traits ne pourrait logiquement aller de pair avec des sautes d’humeur, des hauts et des bas affectifs, un monde intérieur torturé. La question est de savoir s’il s’agit d’un raccourci trompeur ou si notre perception instinctive nous indique le bon chemin. Des expériences permettent d’en juger.


Scholz et Cisinski ont montré à 12 juges impartiaux les photos de 8 000 étudiant(e)s américain(e)s, en leur demandant de noter leur beauté sur une échelle de 1 à 11, au fil d’une vingtaine de sessions. Les photos étaient obtenues grâce à une base de données des étudiants dans environ 400 établissements, base de données qui comportait aussi des questionnaires de personnalité remplis par les étudiants. Il leur a ainsi été possible de comparer la beauté des étudiants avec leurs différents facteurs de personnalité.

L’un des facteurs de personnalité les plus importants pour définir le caractère d’un individu, la stabilité émotionnelle, est apparu lié à la beauté. Plus les étudiants étaient attirants physiquement, plus ils étaient globalement stables émotionnellement. La stabilité émotionnelle désigne une bonne capacité de résistance au stress, la faculté de ne pas se laisser gagner par des émotions négatives comme la colère, la tristesse ou l’angoisse. Les personnes ayant une bonne stabilité émotionnelle comprennent leurs propres émotions, peuvent les équilibrer, savent attendre pour obtenir une gratification, et sont moins timides que les autres. Ainsi, la beauté d’une personne révèle aux autres son niveau de stabilité émotionnelle.


:arrow: http://www.dunod.com/document/9782100557462/Feuilletage.pdf

La critique que l'on pourrait faire ici, c'est de s'interroger sur le niveau de fiabilité des tests de personnalité, et l'exactitude (ou non) des réponses données....


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Message  DenisLouis Dim 21 Juil - 19:13

Toujours dans les Mémoires de la même comtesse, description d’une beauté superficielle, qui cache la laideur intérieure.
Il s’agit de lady Hamilton.
« Cette créature, belle comme un ange et qui n’avait jamais pu apprendre à lire et à écrire avait pourtant l’instinct des arts. »
Sa spécialité: « les attitudes ». Elle composait des sortes de tableaux vivants.
« C’est ainsi qu’elle s’inspirait des statues antiques et que, sans les recopier servilement, elle les rappelait aux imaginations poétiques des Italiens par une espèce d’improvisation en action. D’autres ont cherché à imiter le talent de lady Hamilton ; je ne crois pas qu’on y ait réussi. C’est une des choses où  il n’y a qu’un pas du sublime au ridicule. D’ailleurs, pour égaler son succès, il faut commencer par être belle de la tête aux pieds, et les sujets sont rares à trouver ».

Mais :

« Hors cet instinct pour les arts, rien n’était plus vulgaire et commun que Lady Hamilton. Lorsqu’elle quittait la tunique antique pour porter le costume ordinaire, elle perdait toute distinction. Sa conversation était dépourvue d’intérêt, même d’intelligence.  Cependant il fallut bien qu’elle eût une sorte de finesse à ajouter à la séduction de son incomparable beauté, car elle a exercé une entière domination sur les personnes qu’elle a eut intérêt à gouverner ».
Elle a en effet ridiculisé son vieux mari, déshonoré la Reine de Naples, et lord Nelson (l’amiral) a « souillé sa gloire sous l’empire de cette femme, devenue monstrueusement grasse et ayant perdu sa beauté ».
« Elle a fini par mourir dans la détresse et l’humiliation aussi bien que dans le désordre. C’était, à tout prendre, une mauvaise femme et une âme basse dans une enveloppe superbe ».
Elle est morte alcoolique d’une maladie du foie.

DenisLouis

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Message  Invité Dim 21 Juil - 19:51

Mais cela va tout de même à l'encontre de l'automatisme inconscient selon lequel ce qui est beau est bon. Les gens ayant une belle apparence attirent tout naturellement la sympathie. C'est du factuel, de l'empirique. Les psychologues et les psychiatres ont pu le vérifier par une batterie de tests plus ou moins efficace. Le pourquoi de la chose reste énigmatique.

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