Prisons et aumôniers...
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brutus
-Ren-
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Prisons et aumôniers...
J'ouvre ce sujet suite à la lecture de ce témoignage :
http://blogs.rue89.com/religion/2012/10/15/aumonier-musulman-en-prison-je-ne-suis-pas-un-controleur-de-conscience-228669Samia Ben Achouba est secrétaire de l’aumônerie nationale musulmane des prisons et aumônier régional du Nord (...)
Rue89 : Quel regard portez-vous sur les récentes déclarations de politiques, comme celle de Manuel Valls, insistant sur la formation des aumôniers pour endiguer le radicalisme islamiste dans les prisons ?
(...) Quand les politiques disent "nous mettons des aumôniers en prison pour encadrer le radicalisme islamiste" cela revient à nous installer en contrôleurs de conscience. Nous nous ne pouvons plus accompagner, ni jouer notre rôle d’apaisement. C’est comme si on enlevait le dernier espace de liberté qui subsiste aux prisonniers, à savoir celui de penser par eux-mêmes. Or, notre rôle est complètement inverse. Moi, je ne vais pas rencontrer des détenus pour édicter des règles, pour asséner des vérités, mais pour accompagner des individus dans une reconstruction et pour garantir un droit fondamental à la liberté de culte (...)
La première fois que je suis allée dans une prison, c’était parce qu’une aumônier catholique avait dit à mon mari, déjà aumônier : “Il faut que ta femme vienne ici. Les filles veulent apprendre à prier pour leurs parents décédés, je ne peux pas le faire avec elles”. J’y suis donc allée, avec cette simple idée “d’aider à prier”. Mais c’est tout autre chose que j’ai découvert. J’ai rencontré des personnes en souffrance, qui avaient besoin de nous parler, de trouver un sens à leur solitude et cherchaient de l’aide à travers l’islam (...)
Je rends visite aux femmes et aux mineurs. La détention est un moment où chacun fait un état des lieux de sa vie et se retrouve dans une immense solitude. Parmi les détenus qui nous sollicitent, certaines personnes sont déjà pratiquantes, et veulent passer ce cap douloureux avec la prière, mais d’autres ne connaissent presque rien à l’islam. De culture musulmane, elles se tournent vers la religion de leurs parents, une fois en prison, parce qu’elles se rappellent qu’on leur a dit “accroche-toi à Dieu”. Certaines ont honte de ne pas connaître les prières et me le disent seulement au bout de quelques visites, quand nous sommes seules. Mon rôle n’est donc pas seulement de les aider à prier, mais de les écouter, avec l’islam comme un outil pour avancer. Pouvoir parler à Dieu dans leur cœur, même en étant seule dans leur cellule, savoir qu’il est toujours là pour eux, c’est parfois une immense libération, cela leur ouvre un chemin (...)
Le ministère de la Justice alloue chaque année un budget à l’ensemble des aumôniers de toutes confessions, réparti ensuite par la direction nationale des prisons. Il ne s’agit pas d’une rémunération à proprement parler, avec assurance maladie et couverture sociale, mais une enveloppe destinée à couvrir les frais (déplacement, etc) des aumôniers (...) Nous avons tout juste les moyens de rembourser nos frais de déplacement. J’interviens dans plusieurs centres pénitentiaires situés jusqu’à 110 kilomètres de chez moi. La plupart des aumôniers ont une famille, une activité professionnelle à assurer, et sont souvent déjà engagés dans des associations. Ce n’est pas toujours facile de trouver du temps (...)
On ne devient pas aumônier juste parce qu’on en a envie. Parmi les critères que nous prenons en compte on trouve :
•la maîtrise du français, pour pouvoir dialoguer avec les détenus et l’administration ;
•une excellente connaissance de la religion. Face à quelques imams radicaux autoproclamés, il faut impérativement savoir de quoi l’on parle, sinon c’est prendre le risque de renforcer leur aura auprès des détenus. C’est le même principe qu’à l’école : si un élève est meilleur que le prof, tout le monde l’adule ;
•la connaissance du fonctionnement en milieu carcéral ;
•la capacité de patience et de tempérance, pour ne jamais sortir de son rôle. Il arrive que des conflits éclatent, avec certains surveillants par exemple. Parfois, on nous met des bâtons dans les roues. Par exemple, certains directeurs d’établissements se livrent à une guéguerre et n’acceptent pas que nous ramenions des tapis de prière aux détenus, alors que nous avons le droit de le faire. Nous devons toujours veiller à ne pas attiser les conflits (...)
L’extrémisme peut se développer en prison. Car l’univers carcéral est un nid pour les expressions extrêmes. Mais cela n’est pas valable uniquement pour la religion ! Et je pense qu’il faut aller un peu plus loin dans la réflexion. Au quotidien, avec les mineurs, je me rends compte que beaucoup de ces gamins sont paumés, pleins de colère (...) Dans les prisons, la télé est allumée 24h/24, elle est le seul contact avec l’extérieur. Quand on vous montre un Merah en boucle toute la journée, vous pouvez en quelque sorte devenir cette image qu’on vous renvoie et renforcer votre colère. Rappelons-nous que celui qui est en colère cherche à décharger sa haine en utilisant les peurs de celui contre qui il se sent révolté (...)
Il faut toujours apporter l’apaisement. Ce que j’essaie de faire avec eux, c’est les aider à être sincères dans leur rapport à Dieu, à ne pas suivre le groupe sans réfléchir. Ça passe par des petits détails. Prenons “Salam alikoum”. Dans notre religion, dès que vous croisez quelqu’un, vous le saluez ainsi. Alors je leur dis : “Vous n’arrêtez pas de dire à ceux que vous rencontrez : ‘La paix soit sur toi.’ Comment peut-on être violent alors que notre religion est celle de la paix ?”
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Re: Prisons et aumôniers...
Un communiqué commun :
http://www.eglise.catholique.fr/actualites-et-evenements/actualites/les-aumoniers-facteurs-de-paix-en-prison-15050.htmlLes aumôniers nationaux des prisons catholiques, protestants et musulmans tiennent à exprimer ensemble leur inquiétude profonde à propos d'articles parus dans plusieurs journaux, comparant le nombre d'aumôniers représentant chaque religion en prison, et le nombre supposé de pratiquants.
Ils s'alarment des risques de mise en concurrence des religions, d'incompréhensions et de tensions inutiles, qui peuvent résulter d'une présentation aussi simpliste, y compris à l'intérieur des établissements pénitentiaires.
Les aumôniers, de quelque religion qu'ils soient, sont des facteurs de paix à l'intérieur des prisons. Il faut en augmenter le nombre sans songer à un calcul arithmétique qui n'a pas grand-chose à voir avec l'humain.
Les aumôniers de prison partagent, quel que soit leur culte, le projet commun de construire une amitié et une reconnaissance entre eux, entre les membres de leurs religions et avec tous en prison, pour être ensemble acteurs de paix et de fraternité.
Nous affirmons qu'il n'y a pas besoin, dans cet univers de privation de liberté, de détresse et de promiscuité où la violence est latente, d'instrumentaliser des événements qui se passent à l'extérieur.
Brice Deymié, Aumônier national protestant
Moulay El Hassan El Alaoui Talibi, Aumônier national musulman
Vincent Leclair, Aumônier national catholique
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Re: Prisons et aumôniers...
http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/France/Farhad-Khosrokhavar-Les-aumoniers-musulmans-sont-souvent-dans-l-incapacite-de-comprendre-les-jeunes-_NG_-2012-10-18-866031Ce qui frappe dans le parcours des jeunes qui appartiennent au groupe d’islamistes radicaux récemment démantelé, c’est qu’ils ont, pour certains, fait de la prison. La prison est-elle un creuset de l’islamisme radical ?
Farhad Khosrokhavar : Si, au tout début des années 1980, les prisons françaises ont été un lieu de radicalisation et de recrutement de djihadistes, la situation a changé. Une surveillance spéciale a été mise en place, qui permet de repérer ceux qui donnent des signes de radicalisation évidents ou qui veulent endoctriner d’autres détenus.
Des changements de comportement, une barbe devenue trop longue, des détenus qui ne veulent plus serrer la main des surveillants : tous les signes qui traduisent le passage d’un degré supplémentaire dans le fondamentalisme sont observés, répercutés.
Contrairement à ce qui a été dit, les livres sur l’islam sont eux aussi passés au peigne fin, à l’inverse de ce dont j’ai été le témoin dans des prisons britanniques, où les livres de Sayyid Qutb, idéologue des Frères musulmans (exécuté en 1966) et maître à penser de l’islam radical, circulent librement.
Aujourd’hui, les réseaux qui, à l’intérieur des prisons, œuvrent à la radicalisation sont identifiés, même si, par inertie me semble-t-il, la société française continue d’entretenir un fantasme hors de proportion avec la réalité quotidienne de la prison
Pourtant, certains de ces jeunes ont bel et bien été endoctrinés en prison…
Ce ne sont plus des réseaux, mais cela se joue au niveau individuel. Il y a aujourd’hui en prison des jeunes radicalisés qui, à l’inverse du modèle précédent, se rasent la barbe, ne participent pas aux prières sauvages, ne vont pas voir l’imam, ne se présentent pas à la prière collective du vendredi, ne font pas ouvertement de prosélytisme.
Cette introversion a un but stratégique : ne pas se faire remarquer. Ils peuvent ainsi mettre le grappin sur des jeunes plus fragiles et construire à l’intérieur de leur cellule un microgroupe sur lequel ils s’appuient pour poursuivre leur djihad individuel. Pour ces jeunes ainsi endoctrinés, le passage à l’islam radical donne ce qu’ils perçoivent comme une « dignité » qu’ils n’ont pas autrement, une « supériorité morale » sur ceux qui les jugent d’en haut.
Parmi les jeunes arrêtés récemment, certains étaient des convertis récents. Quel est, selon vous, le processus qui les a menés à l’islam radical ?
À partir des années 1990, l’islam s’est mis à attirer des jeunes qui auparavant se seraient peut-être retrouvés dans la mouvance de l’extrême gauche anti-impérialiste. Ces jeunes d’origine chrétienne, mais sans culture chrétienne, vivent souvent dans des quartiers où ils ne rencontrent quasiment plus de chrétiens.
Ils y côtoient de jeunes musulmans dont ils partagent l’anti-institution, l’anti-impérialisme, et l'antisionisme par solidarité avec les Palestiniens, oubliant au passage que tous les juifs ne sont pas du côté du gouvernement israélien. Ils adoptent peu à peu un certain nombre de leurs postures : refus de manger du porc, faire le jeûne du Ramadan…
Après cette socialisation préalable, le passage à l’islam se fait de manière assez naturelle. Ces jeunes convertis ont le sentiment d’entrer dans une fraternité universelle, même si, dans la réalité, cela est bien plus compliqué. Mais ils ne le savent pas. Ils considèrent l’islam comme la religion des opprimés. En l’absence de toute autre socialisation, ces jeunes convertis peuvent basculer dans un islam radical, via des rencontres, des sites djihadistes.
Comment les aumôniers de prison musulmans peuvent-ils aider à lutter contre ces dérives ?
D’abord, il en faudrait trois à quatre fois plus ! Ils sont aujourd’hui 150, alors que près de la moitié des détenus sont de confession musulmane. Mais il faudrait aussi qu’une nouvelle génération d’imams et d’aumôniers se forment, pour être opérationnels dans une dizaine d’années.
Les aumôniers musulmans, qui, en principe, devraient faire en sorte que les jeunes qui pourraient être endoctrinés échappent à l’emprise d’un autre détenu, ont, aujourd’hui, pour l’immense majorité d’entre eux, un univers mental peu ajusté à la réalité. Ils sont dans l’incapacité de comprendre les jeunes détenus musulmans et d’entendre le sens de leurs questions, de leur besoin de religiosité : comment faire mes prières ? qu’est-ce qui est permis ? qu’est-ce qui est interdit ?
Ils voient en eux de mauvais musulmans et se contentent de leur donner des lignes directrices globales, un service rudimentaire, sans vraiment les écouter. Ils ne cherchent pas à rencontrer vraiment le jeune qu’ils ont en face d’eux.
C’est pour cette raison qu’un certain nombre de détenus musulmans s’adressent à des aumôniers catholiques, dont ils savent qu’ils les écouteront sans les condamner d’emblée, qu’ils les regarderont comme des personnes dignes d’attention, de charité, de compassion. Les aumôniers musulmans n’ont pas cette longue expérience.
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avis
Ou sont les musulmans sur cette question?
Que font les musulmans face au Imams autoproclamés dans les prisons bien souvent détenu eux même?
Pourquoi les musulmans sous leur coupe rendent-ils invivable la vie en Prison face à ceux qui ne sont pas musulmans?
Pourquoi 80% des détenues dans les prisons française sont-ils africains du nord ou du centre voir du sud ?
Pourquoi on entre en prison saint d'esprit , tolérant, raisonnable et on en sort raciste envers les musulmans surtout les arabes?
Que font les musulmans face au Imams autoproclamés dans les prisons bien souvent détenu eux même?
Pourquoi les musulmans sous leur coupe rendent-ils invivable la vie en Prison face à ceux qui ne sont pas musulmans?
Pourquoi 80% des détenues dans les prisons française sont-ils africains du nord ou du centre voir du sud ?
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brutus- Messages : 464
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Re: Prisons et aumôniers...
Ils interviennent en prison, cf ci-dessus. Inutile donc de nous ressortir ici la fausse rengaine de la non-dénonciation des problèmes de l'Islam radical.brutus a écrit:Ou sont les musulmans sur cette question?
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Re: Prisons et aumôniers...
http://www.news.va/fr/news/les-aumoniers-francais-en-congres-il-y-a-des-besoiAller à la rencontre de celles et ceux bannis de la société pour un temps. Les aumôniers de prison assument cette mission auprès des détenus. En France, ils tenaient leur congrès national. En tout, 655 aumôniers catholiques se sont retrouvés à Lourdes les 19, 20 et 21 octobre pour partager leurs expériences et réfléchir aux nouveaux aspects de leur mission à l’aune de l’évolution de l’univers carcéral.
Présence singulière au sein des prisons, ces aumôniers, -très majoritairement catholiques et protestants-, rendent visite aux détenus, leur apportent une aide spirituelle, les aident en vue de leur réinsertion et les écoutent tout simplement (...)
«Nous venons voir [les détenus] pour leur présence elle-même, pour leur identité, explique-t-il. Nous venons parce que nous pensons que cette femme, que cet homme, a un devenir». Le père Becheras reconnaît qu’il y a «de vrais besoins spirituels en prison». Souvent les détenus sont surpris que quelqu’un comme les aumôniers vienne les voir et veuille leur parler, ce qui suscite chez eux de la curiosité et peut déboucher sur un questionnement intérieur.
Or, précise l’aumônier de Lyon, les prisonniers «sont aimés pour ce qu’ils sont». «Nous ne leur demandons pas pourquoi ils sont en prison», tient-il à souligner avant de rappeler ce que Jean-Paul II avait déclaré dans un message lu aux détenus lors des Journées Mondiales de la Jeunesse de 1997 à Paris : «Rien ne vous enlève votre dignité d’enfants de Dieu»
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Re: Prisons et aumôniers...
Une personne incarcérée sur cinq est touchée par la maladie psychique. A l’occasion de la sortie d’Etre là, documentaire sur le sujet, l’aumônier de l’Unité Psychiatrique Hospitalière d’une maison d’arrêt témoigne :
http://www.och.fr/actu/actu-ombres-et-lumiere/etre-la.html(...) L’UPH est un quartier à part dans la maison d’arrêt. Des personnes détenues, atteintes de troubles psychiatriques, ou devenues dépressives du fait de l’enfermement, y viennent pour des périodes de trois-quatre jours à six mois. Mon rôle en tant qu’aumônier est de rencontrer les personnes qui en font la demande (...)
Avec les patients du rez-de-chaussée, très peu de conversation est possible (...) Au premier étage, ce sont des personnes qui prennent du repos hors de l'enfer du Grand Quartier (...) Enfin, je rencontre au deuxième étage des personnes stigmatisées comme étant "délinquants sexuels". Ils participent à une démarche reconstructive et sont confrontés à un questionnement perturbateur. Il arrive souvent que ces personnes veuillent rencontrer un prêtre, soit parce qu'elles se découvrent soudainement coupables ou du moins très bouleversées par ce qui s’est passé dans leur enfance. Je les rejoins dans leur humanité, et quand elles touchent le fond et pleurent, je sais que ces larmes sont des perles précieuses, salutaires (...)
On peut devenir malade mental à cause de la prison. Je pense à un Pakistanais rencontré il y a quelques années. A son arrivée à l’UPH, nous pouvions tenir une conversation avec quelques mots de français et d’anglais. Il avait besoin de présence humaine. Et puis, un jour, il a "pété les plombs", on l’a renvoyé au rez-de-chaussée où on lui a donné un traitement pour l’endormir, des draps et un pyjama en papier pour qu’il ne se suicide pas. Au bout d’un moment, il est reparti au Grand Quartier où il a été violé. Sa santé mentale s’est dégradée. Revenu à l’UPH, il hurlait comme un loup et délirait (...)
Le milieu pénitentiaire et soignant reste méfiant à l’égard des représentants du culte : l’aumônier est un grand naïf et la religion n’est qu’un succédané obscurantiste. Or, certaines personnes très croyantes bénéficieraient de plus de concertation entre les soignants et l’aumônier (...)
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Re: Prisons et aumôniers...
Moi tous les weekends je me rend à la prison la plus proche pour sensibiliser les détenus musulmans et vous, vous allez parlé aux détenus catholiques?Ou sont les musulmans sur cette question?
Ma réponse est censé être aussi drôle que votre question.
Pareil, chaque semaine j'y vais et je les disputes! Soit dit en passant "les" musulmans ça veut rien dire; et aux dernières nouvelles c'est l'Etat qui s'occupe des prisons non? Nous on paye des impôts, taxes, etc et l'Etat s'occupe de faire ce qu'il a à faire avec.Que font les musulmans face au Imams autoproclamés dans les prisons bien souvent détenu eux même?
Vous sortez de prison pour savoir ça?Pourquoi les musulmans sous leur coupe rendent-ils invivable la vie en Prison face à ceux qui ne sont pas musulmans?
Admettons que ce soit le cas, ce qui n'est pas improbable; vous devriez allez leur demandé parce que j'ai quelques doutes quand au fait qu'il y aurait des ex-détenus musulmans ici.
80% me paraît beaucoup mais admettons. La réponse est clair, la population "issue de l'immigration" ou les immigrés de plus ou moins récents sont plus "enclins" à allez en prison pourquoi?Pourquoi 80% des détenues dans les prisons française sont-ils africains du nord ou du centre voir du sud ?
Je remarque qu'il n'y a pas que des musulmans dans le lot et aussi de nombreux musulmans hors de prison sans compter le fait que ce qui les y amène ne doit pas être très "islamique".
D'après les causes sont d'ordre sociales, quand on vit en banlieue, qu'on est pauvre, qu'on a pas et qu'on risque pas d'avoir de travail parce qu'on a arrêté l'école tôt (ou pas) pour x ou y raisons; je crois qu'on est plus enclins à faire des "trucs" qui amènent en taule.
Vous voulez nous raconter votre expérience sur le sujet?Pourquoi on entre en prison saint d'esprit , tolérant, raisonnable et on en sort raciste envers les musulmans surtout les arabes?
Parfois on en sort musulman aussi .
Walid- Messages : 85
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Date d'inscription : 30/10/2012
Age : 30
Re: Prisons et aumôniers...
A propos de la prison des Baumettes, les photos présentées par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté : http://www.cglpl.fr/wp-content/uploads/2012/12/Recommandations-Marseille_photos_20121112.pdf
http://www.lemonde.fr/societe/video/2012/12/06/le-controleur-des-prisons-denonce-l-etat-deplorable-des-baumettes_1800521_3224.htmlAprès une visite de 15 jours à la mi-octobre dans la prison des Baumettes à Marseille, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, aidé de ses équipes, vient de publier au "Journal officiel" un avis accablant sur l'établissement. Surpopulation, violence, vétusté... La situation est alarmante
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Re: Prisons et aumôniers...
Au Canada :
http://www.radio-canada.ca/regions/colombie-britannique/2012/10/05/001-ottawa-fin-embauche-aumoniers-non-chretiens-prisons.shtmlLe gouvernement fédéral défend sa décision d'annuler les contrats de tous ses aumôniers à temps partiel, affirmant qu'il entend utiliser le système interconfessionnel en vigueur au sein des Forces canadiennes (...)
Candace Bergen, la secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique, a déclaré pendant la période des questions que les aumôniers à temps plein seraient responsables d'offrir des services interconfessionnels à tous les détenus. «En plus de servir les membres de leur groupe confessionnel, ces aumôniers offrent également leurs services spirituels sur demande à tous les détenus» (...) «Si cela est suffisant pour nos forces armées, alors c'est suffisant pour les détenus des centres correctionnels fédéraux»
La députée conservatrice a noté que la décision d'éliminer les aumôniers à temps partiel avait pour but d'assurer que l'argent des contribuables soit utilisé avec sagesse et de façon appropriée (...)
Le porte-parole du Parti libéral en matière de justice et des droits de la personne, Irwin Cotler, a rétorqué que de «demander aux détenus des autres confessions de faire appel aux aumôniers chrétiens pour des conseils d'ordre spirituel était clairement discriminatoire» (...)
David Koschitzky, le président du Centre consultatif des relations juives et israéliennes a déclaré que l'accès à des conseils spirituels appropriés en prison était une des clefs du succès pour la réadaptation de beaucoup de détenus. «Sans exagérer, nous pouvons dire que les aumôniers jouent un rôle important dans le processus de réhabilitation et travaillent au quotidien avec les détenus pour s'assurer qu'ils ont les outils nécessaires pour éviter de récidiver», dit David Koschitzky.
Les annulations sont vues comme une forme de discrimination par l'aumônier sikh Harkirat Singh, qui oeuvre en Colombie-Britannique. «Comment un aumônier chrétien peut-il offrir des conseils spirituels sur la foi sikhe, il n'a pas cette expertise», se demande M. Singh.
Un imam de Surrey, Aasim Rashid, doute aussi d'une expertise polyvalente. «Je ne crois pas que cela n'a été fait nulle part, d'avoir une personne d'une confession X qui s'occupe des besoins spirituel ou religieux de toutes les autres confessions»
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Re: Prisons et aumôniers...
Hommage aux religieuses qui quittent le Dépôt du palais de justice de Paris après 150 ans de mission :
la suite sur http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2013/05/13/au-revoir-les-soeurs-du-depot-du-palais-de-justice-de-paris/Au Palais de Justice de Paris, on les appelait les Sœurs du Dépôt. J’allais parfois leur rendre visite. On discutait dans leur petit jardin, seul espace vert du Palais, qui conservera sans doute longtemps la trace de celles qui, dans un désintéressement total et avec un engagement constant, guidées par leur foi, ont œuvré avec tant d’humanité au service des êtres et de leur âme et au service de la justice. En ce début de printemps, elles quittent le Palais. Pas tout à fait définitivement, car elles reviendront ponctuellement en journée. Mais elles n’y habiteront plus et n’assureront plus ce service exceptionnel qu’elles nous offraient. En cause, la moyenne d’âge, élevée, et surtout l’absence de « recrues » depuis onze ans au sein de la Congrégation de Marie Joseph et de la Miséricorde, qui a toujours eu pour objectif principal, depuis sa fondation au 19e siècle, l’accompagnement des prisonniers (...)
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Re: Prisons et aumôniers...
Les aumoniers sont subventionnés, ce n'est pas laic.
La preuve :
"Le ministère de la Justice alloue chaque année un budget à l’ensemble des aumôniers de toutes confessions,"
Encore une dérive parmi plein d'autres...
"L'État ne reconnait ni ne subventionne aucune religion"
La preuve :
"Le ministère de la Justice alloue chaque année un budget à l’ensemble des aumôniers de toutes confessions,"
Encore une dérive parmi plein d'autres...
"L'État ne reconnait ni ne subventionne aucune religion"
Re: Prisons et aumôniers...
Coeur de Loi a écrit:Les aumoniers sont subventionnés, ce n'est pas laic
...enfin, je dis ça comme ça...
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Re: Prisons et aumôniers...
http://www.rue89.com/2013/10/06/pierre-cure-baumettes-prison-tellement-choses-sordides-246316Pierre Richaud, 71 ans, est prêtre à Marseille depuis 1968. D’emblée, il met à l’aise et parle franchement. Rencontré à une réunion d’une association locale, il disait : «La prison, ça rend con !» (...)
Avant de devenir aumônier des Baumettes, il officiait dans les églises des quartiers Nord de Marseille : «Ça a été des très belles années. Prêtre, c’est un état, pas un métier. J’ai toujours vécu ma vie de prêtre en remplissant plusieurs fonctions. Depuis 68, j’ai été curé, chauffeur-livreur et surtout ouvrier dans des boîtes d’espace vert. Je cherchais à travailler dans un milieu d’immigrés, et là, c’était intéressant pour ça»
En prison presque tous les jours, il rencontre des détenus au hasard d’un couloir ou dans leur cellule : «Les aumôniers des différentes confessions ont quartier libre dans la prison. Nous sommes les seuls à avoir accès aux cellules librement. On a même un passe-partout ! C’est une possibilité qu’il faut cultiver. Même les médecins et les infirmiers n’ont pas accès seuls aux cellules» (...)
«Souvent, la personne qui arrive aux Baumettes est massacrée, enfoncée. Elle découvre un monde qu’elle ne connaît pas, est dépossédée de tout. Certains ont un délit sur le dos à porter. Souvent, au début, les conditions pénitentiaires sont telles que le délit s’éloigne du détenu et sa situation personnelle devient trop lourde pour lui. Il y a beaucoup de jeunes hommes et femmes d’Afrique et qui sont là pour avoir transporté de la cocaïne. Ce sont eux les vraies victimes de la société»
Il est exaspéré par la «bêtise» qu’il voit en prison, par les aberrations d’un système pénal qui ne permet ni la réparation des victimes, ni la réinsertion des détenus : «Je vois que la prison est pernicieuse car elle ne permet pas un chemin de réparation mais et engendre une volonté de vengeance ou de récidive pure et simple. Prenez un petit dealer. Aller en prison ne va rien lui apprendre car il continuera à dealer en prison. En sortant, il aura un carnet d’adresses bien plus fourni et on lui aura appris comment ne pas se faire avoir la prochaine fois. On dit qu’il y a plus de drogue en prison qu’à l’extérieur. S’il sort, il devient un champion dans sa cité, au lieu d’être quelqu’un qui doit réparer, reconstruire quelque chose» (...)
Quand Pierre fait la messe (deux fois le dimanche), le local est rempli d’une centaine de détenus. Une surpopulation à la messe comme dans les cellules (1 800 détenus pour 1 200 places)… «Les peines plancher instaurées par Rachida Dati sous le gouvernement Sarkozy, que le juge doit appliquer en cas de récidive, ont rempli les prisons. En plus, au lieu d’améliorer la situation par rapport à la récidive, cela l’a empirée. Toutes les statistiques le prouvent : un détenu qui sort en liberté conditionnelle ou qui est condamné à des travaux d’intérêt général récidive moins que celui qui fait une sortie sèche [il sort le dernier jour de sa peine, ndlr]. Celui-là se dit qu’il n’est plus redevable de rien à personne en sortant»
Il y a quelques années, il a écrit à l’ancienne garde des Sceaux pour lui proposer des solutions et mettre davantage de détenus au travail d’intérêt général à Marseille. «J’ai obtenu comme réponse : “On le fait déjà.” Les Eaux et forêts engageaient quinze personnes… Avouez que c’est très peu. Je sais que ça coûterait plus cher à la société dans un premier temps, mais à grande échelle, ce serait plus économique et viderait les prisons» (...)
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Re: Prisons et aumôniers...
http://www.lepoint.fr/societe/prison-le-denuement-des-aumoniers-musulmans-pas-suffisamment-nombreux-13-01-2015-1896075_23.php#xtor=CS1-31"On n'est pas suffisamment nombreux et armés pour faire notre travail en prison" : l'aumônier musulman Mohamed Loueslati déplore le "dénuement total" de sa profession qui joue pourtant, d'après lui, un rôle important pour contrer la radicalisation de certains détenus. Les aumôniers de prison musulmans, au nombre de 150 en France, "ont un rôle important", car, grâce à leur formation notamment, ils "mettent les radicalisés au pied du mur et ils protègent les autres", explique Mohamed Loueslati. "Le référent, c'est l'aumônier. Dans la prison où il n'y a pas d'aumônier, le référent, c'est l'autoproclamé, celui qui ne sait rien de l'islam et qui prêche la guerre, qui prêche la violence, qui radicalise les autres" (...)
"C'est comme quand on est malade et qu'on est alité ou en fin de vie. Il y a des moments dans la vie où il y a une demande spirituelle (...), et pour les détenus, entre quatre murs, il y a un retour à la religion. Ne serait-ce que pour dire : on tourne la page, je veux être quelqu'un de bien" (...) "S'il n'y a pas quelqu'un pour accompagner les détenus, c'est un autoproclamé qui va faire ce travail, qui va répondre à cette quête" (...)
Face au nombre insuffisant d'aumôniers, "l'État ne fait pas suffisamment d'efforts", estime Mohamed Loueslati. "Et les blocages ne sont pas budgétaires -ce n'est rien de créer 30 ou 50 postes- ce sont des blocages historiques, idéologiques, des peurs", poursuit-il, en regrettant aussi les conditions de travail difficiles qui découragent les vocations, et réclamant un véritable statut professionnel. Frais de déplacement non défrayés, "pas de retraite", travail à temps plein pour un salaire inférieur "à ce qu'on donne à une femme de ménage" : "Voilà notre statut, un dénuement total, absolu, un manque de considération et de respect" (...)
Après les attentats de la semaine dernière, le Premier ministre Manuel Valls a déclaré vouloir généraliser l'isolement en prison des détenus islamistes radicaux. "Ça ne résout pas" entièrement le problème, répond Mohamed Loueslati, "parce que les autres aussi, par l'actualité, la télévision, prennent connaissance de tout cela, ils se radicalisent aussi tout seuls". Pour lui, la prison doit surtout mieux préparer à la réinsertion. "J'ai demandé à des détenus ce qu'ils allaient faire à leur sortie pour travailler, gagner leur vie, s'ils avaient un diplôme. Ils me disent : Non, mais on se débrouille. Alors je leur demande : Concrètement, c'est quoi ? Et là, ils rigolent, disent : On n'a pas grand-chose, on a le trafic de drogue ou la Syrie" (...)
Pour un éventuel départ en Syrie, "la motivation est financière, on leur propose un salaire. C'est la grande découverte que j'ai faite : la motivation n'est pas religieuse, elle est plutôt sociale, financière", poursuit l'aumônier qui souligne aussi que smartphones et Internet "donnent des ailes" aux plus radicalisés et "renforcent leur dangerosité". La police dit que "pour surveiller un seul radicalisé, il faut 20 policiers", affirme Mohamed Loueslati. "Au centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet (près de Rennes), j'ai 800 ou 900 personnes, à majorité musulmane. Qu'est-ce-que je peux faire avec les moyens qui sont les miens ?"
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Re: Prisons et aumôniers...
Pour un éventuel départ en Syrie, "la motivation est financière, on leur propose un salaire. C'est la grande découverte que j'ai faite : la motivation n'est pas religieuse, elle est plutôt sociale, financière"
C'est hors sujet , mais je confirme.J'ai lu un article sur des mercenaires de Daesh qui envoient de l'argent à leur famille au Maroc!
Idriss- Messages : 6608
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Re: Prisons et aumôniers...
Idriss a écrit:Pour un éventuel départ en Syrie, "la motivation est financière, on leur propose un salaire. C'est la grande découverte que j'ai faite : la motivation n'est pas religieuse, elle est plutôt sociale, financière"
C'est hors sujet , mais je confirme.J'ai lu un article sur des mercenaires de Daesh qui envoient de l'argent à leur famille au Maroc!
Peut-être que je me trompe mais l'argent ne doit pas être la motivation principale de ceux qui partent ...... mourir .
(oui car ils ne me semblent pas partir pour vaincre quoi que ce soit , survivre le plus longtemps possible etc... mais bien pour tuer et être tué ... << Je te tue , tu me tues, et puis hein ...Allah se chargera de la "victoire" ... au revoir vie de m**** >>
Pommé dans la vie, ( un peu dépressif pour certain ? ) pas trouver de but , ils en trouvent un dans la mort , je peux les comprendre d'une certaine manière , cette envie d'action et de plus subir la vie, ,même si j'approuve pas du tout leur choix de rejoindre ces organisations dont je déteste les valeurs .
Après effectivement savoir qu'on va gagner de l'argent peu aider au départ (rien que pour envoyer de l'argent à ses proches comme la dit Idriss )
Nicolas- Messages : 1701
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Re: Prisons et aumôniers...
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/23/surveillants-et-aumoniers-musulmans-demunis-face-a-la-radicalisation-en-prison_4561589_3224.html(...) Du 7 au 9 janvier, la maison centrale hypersécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne) a vécu au rythme des cris de gloire de certains prisonniers, exaltés par les attaques terroristes en région parisienne, qu'ils suivaient en direct à la télévision et à la radio.
Mais pour Emmanuel Guimaraes, surveillant pénitentiaire (FO) depuis deux ans dans cet établissement, « le rejet de l'autorité et des valeurs de la République » par des détenus qui se disent musulmans est loin d'être nouveau. Ce type d'incident a souvent lieu en fonction de l'actualité. La dernière fois, c'était lors du regain de tension dans le conflit israélo-palestinien, à la mi-2014, explique-t-il d'une voie posée.
Le reste du temps, ce sont des tensions devenues banales entre détenus, pour la plupart dans les lieux de vie collectifs. De Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, à Ensisheim, en Alsace, les surveillants énumèrent les mêmes anecdotes. Les brimades infligées à ceux qui fument ou qui écoutent de la musique, des appels à la prière, de vives incitations à lire le Coran, le prosélytisme auprès des détenus les plus isolés. Et le personnel a peu de marge de manœuvre pour agir face à ces comportements inadaptés —qu'il a appris à repérer en formation— si ce n'est les signaler au bureau du renseignement pénitentiaire (...)
A force de voir conversions et radicalisations en milieu carcéral, Emmanuel Guimaraes parle de l'islam en détention comme d'une « sorte de mode ». « Certains nous disent “Allah va te punir” alors qu'ils ne sont pas musulmans. Quelques-uns sont juste en colère, d'autres veulent avoir des avantages, comme pour le ramadan par exemple », poursuit-il. Si environ un détenu sur quatre observe le jeûne traditionnel dans les prisons françaises, nombre d'entre eux le font pour bénéficier du dîner plus copieux. « Mais la plupart se convertissent pour avoir la paix » (...)
Libéré il y a un an, Franck Steiger a passé au total six années en détention, dans huit prisons différentes. Sans confession religieuse, il dit avoir vécu ses années d'incarcération en tant que « minorité ». « Les musulmans ont le monopole. Alors, pour ne pas avoir de problèmes et être protégés, beaucoup se convertissent, pour faire partie de la bande », assène-t-il. Il a aussi été « approché » mais s'est dirigé vers d'autres groupes. Selon lui, les conditions de détention sont déterminantes dans ce processus. « Le manque de respect, les violences, les mesures de rétorsion, tout ça, ça provoque la haine » et l'envie de se tourner vers la religion, dit-il, en colère.
« On voit des détenus changer, se raser la tête, se laisser pousser la barbe, changer de fréquentations, raconte Richard Payet, surveillant (FO) à la maison centrale d'Ensisheim. Ils se créent une nouvelle famille ». La religion devient alors pour beaucoup le moyen de se recentrer dans un univers carcéral où les détenus n'ont pas ou peu de repères. « Ils sont dans un état de faiblesse et de précarité, ont besoin d'écoute et d'encadrement pour ne pas dériver », prévient Missoum Chaoui, aumônier pénitentiaire en Ile-de-France.
Pour lui comme pour les surveillants, le « danger », c'est l'absence ou le manque de référent musulman dans un établissement, qui laisse le champ libre aux « imams autoproclamés ». Alors, plus personne n'est là pour « éviter la contamination » d'idées qui n'ont rien à voir avec ce culte auprès de « jeunes perdus en quête d'identité », insiste M. Chaoui. S'il reconnaît que les valeurs républicaines sont de plus en plus prises pour cibles par des détenus se revendiquant de l'islam, il regrette cependant « une exagération médiatique ». « Certains relèvent plus de la psychiatrie que de l'islamisme. Les radicaux sont très peu » et ne représentent pas les musulmans de France (...)
En quatre ans d'exercice, Abdelhafid Laribi, aumônier permanent à la maison d'arrêt de Nanterre (Hauts-de-Seine), dit n'avoir été confronté qu'à un seul d'entre eux. « C'était un converti qui n'avait aucune notion de base de l'islam. J'ai essayé de discuter avec lui, il n'a rien voulu entendre. Il n'est jamais revenu. Dans ces cas-là, on ne peut rien faire, on peut seulement éviter que d'autres tombent dans ce radicalisme », soupire-t-il, assis dans la bibliothèque de la Grande Mosquée de Paris. Quant à ceux qui pourraient « basculer », « il s'agit de démêler le vrai du faux, de semer le doute dans les esprits, d'évoquer d'autres points de vue, avec patience et pédagogie, pour les convaincre », explique-t-il l'air grave.
Cette capacité, il l'a acquise à l'institut de théologie El Ghazali, de la Grande mosquée de Paris. Des aumôniers y sont formés en deux ans et apprennent notamment ce qu'ils nomment « le contre-discours », ou savoir comment répondre point par point, versets du Coran à l'appui, aux incertitudes, aux arguments complotistes ou radicaux. Un rôle essentiel selon eux, qui regrettent à l'unisson de ne pas être plus nombreux (...)
Dépassés face à l'ampleur de la tâche, certains aumôniers sont prêts à abandonner. « Je suis découragé », souffle l'un d'entre eux, permanent d'une grande prison de la région parisienne, qui souhaite garder l'anonymat. Comme la plupart de ses confrères, il ne peut accueillir tout le monde au prêche du vendredi. Après avoir fait une demande pour pratiquer leur culte, seules quatre-vingt-dix personnes sont autorisées à entrer dans la salle, pour des questions de sécurité. Sur la liste d'attente, « ils sont environ sept cents. On est obligés de faire un choix », explique-t-il, dépité.
Les autres sont obligés de prier dans leur cellule. « Il n'y a pas forcément la place, et ils peuvent être dérangés pendant leur prière par un codétenu ou un surveillant. Il est clair que les musulmans ont plus de difficultés à exercer leur culte en prison que les détenus des autres grandes confessions, dénonce Sarah Dindo, responsable des publications à l'Observatoire internationale des prisons. Tout cela crée chez eux un sentiment d'injustice, de mépris face à leur religion. »
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Re: Prisons et aumôniers...
http://www.lemonde.fr/religions/article/2015/02/04/il-faut-au-minimum-un-aumonier-musulman-par-prison-pour-proteger-les-detenus-des-plus-radicaux_4569501_1653130.htmlHabib S. Kaaniche, diplômé de sciences humaines, anime l’équipe de douze aumôniers musulmans qui intervient dans les dix-sept établissements pénitentiaires de Marseille et sa région. Cet ancien responsable d’Amnesty International insiste sur l’urgence de créer un statut pour les aumôniers de prison, seul moyen, à ses yeux, de recruter des intervenants de bon niveau.
Manuel Valls a évoqué la création de quartiers « spécifiques » pour les djihadistes. Qu'en pensez-vous ?
Je suis favorable à l’isolement des radicaux en prison, je suis contre le regroupement des prisonniers (...)
Quelle serait la solution, alors ?
Isoler les détenus les plus radicaux comme on place les malades les plus contagieux en quarantaine. Il faut aussi construire des prisons, comme dans les pays du nord de l’Europe, et enfin donner aux surveillants cette instruction civique et républicaine qui leur manque parfois.
Depuis vingt ans que vous fréquentez les centres de détention, avez-vous noté un phénomène de radicalisation ?
Je ne suis pas plus inquiet pour la prison que pour la société. Je n’ai pas l’impression qu’il y en ait davantage qu’ailleurs. A la veille des événements de Charlie, des jeunes d’un quartier de Marseille m’avaient invité à parler de cette religion musulmane que certains veulent salir. Ces jeunes en ont marre des barbus. En revanche, c’est vrai qu’en prison, il y a plus de personnes faibles, donc manipulables.
Christiane Taubira a annoncé l'arrivée de soixante aumôniers musulmans pour les prisons françaises.
Il faudrait au minimum un plein temps dans chaque établissement pour que le détenu puisse lui poser des questions quand il en a envie, et se sente protégé des plus radicaux. Mais il faut surtout donner un statut à ces aumôniers. Aujourd’hui, un aumônier de prison, qu’il soit musulman, catholique, juif ou protestant, ne jouit d’aucune retraite ni sécurité sociale. Comment voulez-vous qu’ils consacrent plus de temps à la prison avec une indemnité de 400 ou 500 euros par mois ?
Comment ces aumôniers sont-ils formés ? Qui les nomme ?
Les aumôniers locaux sont formés par leurs supérieurs. C’est l’aumônier régional qui propose un nom, puis le transmet au national. L’administration pénitentiaire demande ensuite l’agrément à la préfecture. Mais dans les faits, il n’y a pas beaucoup de candidats. C’est pour cela qu’il faut les salarier. Sinon, vous vous retrouvez avec un imam de quartier reconnu par trois personnes, ce n’est pas sérieux. Même problème pour les imams : sur 2500, 500 seulement sortent des institutions. Les 2000 autres sont auto-proclamés.
Comment avez-vous réagi après les attentats de Paris ?
Moi, je suis Charlie. Je porte d’ailleurs un autocollant noir sur mon cache-col. Quand il s’agit de la sécurité nationale, il n’y a plus ni religion, ni doctrine. Toucher à l’un des droits les plus fondamentaux, celui de la liberté d’expression, c’est toucher aux fondements de la démocratie française.
Et les détenus ?
Certains étaient Charlie, et ont été très émus. D’autres ont demandé pourquoi on faisait une minute de silence pour les dix-sept morts et rien pour les enfants palestiniens... « Parce qu’on est en France », j’ai répondu. J’ai aussi expliqué que la France accueillait les étudiants palestiniens. Un seul a refusé de la faire, un garçon de 17 ans (...)
Est-ce un rejet de la France ?
Une semaine après Charlie, un autre jeune a commencé à dire en réunion « Les Français... ». Je leur ai rappelé que plus de deux millions de musulmans sont morts pour la France depuis 1870. Les musulmans ont participé à toutes les guerres y compris celles menées contre l’empire ottoman. Nous sommes les descendants de ces personnes. En cassant le propos « Il y a les Français et nous », j’ai voulu expliquer qu’il n’y avait pas de peuple musulman. Je crois qu’ils ont compris. Seul le petit n’a pas accepté.
Comment expliquez-vous cette crise d’identité ?
Lorsque sous Valéry Giscard d’Estaing a été obtenu le regroupement familial, à la fin des années 1970, on n’a pas préparé les conditions d’accueil de ces personnes ni réfléchi à la manière de leur transmettre la civilisation française (...)
Lors d’une journée de formation des aumôniers qui s’est tenue mi-janvier à la mosquée de Paris, certains élèves ont fait état de thèses complotistes parce qu’ils n’avaient pas vu les corps. Qu’auriez-vous répondu ? Est-ce lié au fait qu’on ne montre pas les corps dans l’islam ?
« On les montre à qui ? Vous les avez-vu ces corps ? Mais allez les voir ! », voilà, ce que je leur aurais répondu. On ne montre les cadavres de personne à la télévision française, à part dans les films. S’ils veulent aller voir, qu’ils aillent sur les tombes, qu’ils appellent les imams qui les ont lavés.
Quelles sont les revendications des prisonniers ?
Je les reçois en groupe pendant une heure et demie. Si l’un d’eux a une demande personnelle, je le prends à part, à la fin. Je tiens aussi à organiser des rencontres communes avec les aumôniers des autres religions. Les prisonniers nous voient ensemble, c’est un bon modèle à leur donner. Ils me posent aussi beaucoup de questions sur la prière, la vie d’un musulman dans un pays non-musulman, l’éducation des enfants, la place de la femme. Mais la principale concerne le hallal. Je cite alors le verset 5 de la sourate 5 : « Il vous est licite de manger la nourriture des gens du livre. Votre nourriture leur est licite. » En clair, en dehors du porc et de la nourriture préparée à base de sang, j’explique qu’ils peuvent manger de tout. Il y a des aumôniers qui prônent le tout-hallal. Mais, l’islam dit que dans une situation exceptionnelle – et la prison en est une –, tu fais avec les possibilités que tu as.
Tous les représentants musulmans ne sont pas d’accord avec vous…
Avant 1993, ce sujet n’en était pas un. Le hallal, c’est Charles Pasqua qui le popularise dans l’idée d’aider au financement des instances musulmanes. La mosquée de Paris avait le monopole de l’agrément pour le hallal. Celles de Lyon et d’Evry l’ont obtenu avec le décret Debré. Personne n’a intérêt à le dire, mais le hallal finance la religion...
A quels détails distinguez-vous la majorité des prisonniers musulmans des « radicaux »?
Il y a ce tout-hallal. Les prisonniers n’aiment pas non plus que j’explique que nous appartenons tous à la même lignée. Il y aussi ceux qui s’adressent à vous directement en arabe et qui n’aiment pas que je réponde en français. Du coup, ils boudent les trois rencontres suivantes et font courir la rumeur que l’aumônier n’est pas un bon imam. Mais ils reviennent à la quatrième... C’est la constance de l’aumônier qui vainct la rumeur.
Y a t-il un contrôle des livres religieux qui entrent en prison ?
A l’exception du Coran et des calendriers, je contrôle tous les écrits qui concernent la religion. Les détenus lisent les notes que j’ai moi-même rédigées. Je ne veux pas soutenir les petites maisons d’édition ou les libraires qui diffusent des idées que je désapprouve.
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